#Libération_Palestine

Logo Perspectives med
Previous slide
Next slide

Sentiment anti-français grandissant en Afrique : Paris tente d’éteindre le feu

Previous slide
Next slide
Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères, en visite officielle en Côte d'Ivoire, s'est rendue dans la commune de Yopougon à Abidjan pour échanger avec des personnalités issues de la société civile. La défiance vis-à-vis de la France en Afrique a été au centre des débats.
Sentiment anti-français grandissant en Afrique

L’écrivaine Véronique Tadjo, militante féministe Méganne Boho ou encore l’éditrice Laure Blédou, ont évoqué devant la ministre leurs réussites, leur combat mais aussi leurs difficultés. Mais c’est la voix du chanteur de Zouglou, Siro, qui a donné le plus d’écho à la bibliothèque 1949 de Yopougon. Le chanteur est revenu sur le sentiment anti-français qui enfle dans la région.   « Pourquoi aujourd’hui, un sentiment anti-européen et anti-français n’est pas tu en Afrique ? L’Europe n’a-t-elle pas les moyens de communiquer ? Parce que nous avons des oreilles et ce que nous entendons ici, tant qu’on n’a pas entendu le contraire, on reste sur ce qu’on entend. Le crapaud dans votre maison croît, ça vous gêne mais ça finit par vous endormir », -a-t-il soutenu.

« Vous changez, mais nous aussi on change », lui a répondu la patronne de la diplomatie française qui défend un « regard différent sur l’Afrique ». C. Colonna a insisté toutefois sur la désinformation et les fausses nouvelles dont seraient victimes les opinions africaines.  « Si tout cela se produit, c’est parce qu’il y a des forces à l’œuvre qui vous racontent des sornettes. Et nous, nous avons le devoir d’accompagner le développement du pays, et vous, vous avez également le devoir de ne pas vous faire prendre pour des imbéciles. »

Mamadou Touré, ministre ivoirien de la Promotion de la jeunesse, dénonce quant à lui la montée du « populisme ». « Nous ne sommes ni pro-France, ni pro-Russie. Nous sommes pro-Africains », a-t-il laissé entendre.

Au Mali également, ce sentiment anti-Français continue à gagner la population et même les autorités. La junte à Bamako a gouvernement malien a annoncé fin novembre l’interdiction « de toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali » financées ou soutenues par la France, « y compris dans le domaine humanitaire ». Elle entendait ainsi répliquer à la suspension de l’aide publique au développement (APD) décidée par Paris fin octobre.

Alors que ces décisions pourraient mettre en péril 7,5 millions de personnes bénéficiaires de l’aide humanitaire au Mali, selon des nombreuses ONG qui les ont dénoncées, la ministre française juge que les autorités maliennes sont « responsables de leurs actes ». C. Colonna a ajouté que pour Paris, «  et compte tenu de ce double coup d’État qui a frappé le Mali, il n’était pas question que quoi que ce soit dans l’aide au développement de la France, bénéficie à des individus liés à la junte ou bénéficie à la junte, qui, par des détournements, poursuivent des actions négatives. Donc nous avons pris en février la décision de suspendre l’aide au développement, sans suspendre l’aide humanitaire. Si la junte décide, comme il semble qu’elle l’ait fait, de suspendre l’aide humanitaire qu’apportent des ONG françaises ou maliennes ou internationales, c’est une grave responsabilité qu’elle prend, c’est un choix qui est le sien et qui n’est pas le nôtre et dont elle est responsable devant sa population. »

Les responsables français n’ignorent pas l’ampleur de la colère ressentie en Afrique vis-à-vis de l’ancienne puissance colonisatrice. Au Burkina Faso, mais aussi au Tchad, le sentiment anti-français se renforce. Paris perd pied sur le Continent noir. Processus irréversible ?

Recommandé pour vous