#Libération_Palestine

Logo Perspectives med
Previous slide
Next slide

Rome ouvre un consulat à Tindouf : De l’eau dans le gaz entre le Maroc et l’Italie ?

Previous slide
Next slide
Etonnant ! Alors que les marines italienne et marocaine réalisaient des manœuvres conjointes au large de Tanger, confirmant par-là une concorde entre les deux pays, voilà qu’un grain de sable s’est glissé dans les rouages au risque de braquer Rabat contre Rome. En effet, si l’Italie a décidé d’ouvrir un consulat à Tindouf, sans faire de même ni à Laayoune ni à Dakhla, c’est pour rapprocher ses services des habitants de la région, les Sahraouis séquestrés dans les camps de Lahmada compris ! La diplomatie marocaine n’a pas encore réagi…
Rome ouvre un consulat à Tindouf

Des unités de la Marine militaire d’Italie ont pris part à un exercice conjoint naval d’entraînement avec la Marine royale du Maroc, au large de Tanger, au niveau du détroit de Gibraltar. Les armées des deux pays avaient déjà participé, en décembre 2021, à un exercice conjoint naval dénommé ITA-MOR 21, mobilisant le navire italien Marceglia et la frégate Mohammed VI. Plus, le Maroc et l’Italie prennent part aussi aux manœuvres organisées avec d’autres pays de l’OTAN. Les réunions des ministres de défense du Groupe 5+5 offrent aussi un autre cadre au Maroc et à l’Italie pour renforcer leur coopération militaire.

La presse italienne avait état, en 2021, de négociations engagées auprès du groupe italien industriel naval Fincantieri pour l’acquisition de deux Frégates multi-missions (FREMM). Depuis, les Forces armées royales (FAR) ont jeté leur dévolu sur un patrouilleur acquis auprès de la compagnie publique espagnole, Navantia.

Si les relations entre Rabat et Rome ont jusque-là été marquées par la concorde, il y a lieu de craindre pour cette entente cordiale après l’annonce faite par l’ambassade d’Italie à Alger de l’ouverture d’un centre consulaire à Tindouf, en partenariat avec VFS-Global. L’ambassadeur Giovanni Pugliese a inauguré la nouvelle structure, lors d’une cérémonie officielle marquée par la présence « des autorités algériennes et de la communauté sahraouie », a indiqué la représentation diplomatique. Rien que ça !

L’agence de presse officielle algérienne (APS) a rattrapé la balle au rebond en citant l’ambassadeur d’Italie qui a qualifié la décision d’« unique » et de « première en Algérie », pour « améliorer l’offre des services consulaires italiens, même dans les régions les plus reculées du pays à Tindouf ».

« Le centre n’est pas seulement destiné à la population algérienne locale et aux acteurs mauritaniens du monde des affaires sur place. Il est ouvert aussi aux réfugiés sahraouis », a indiqué le diplomate. Toujours cité par l’APS, il a abondé en assurant que l’initiative traduisait une forme de « solidarité de la part de l’Italie avec la cause sahraouie et les conditions des réfugiés dans les camps ».

A rappeler que Georgia Meloni s’est rendue en Algérie, en janvier dernier, où elle a été reçue par Abdelmadjid Tebboune, chef d’Etat algérien qui s’est alors félicité de « la position positive et équilibrée de l’Italie appelant à une solution juste à cette question, conformément aux résolutions des Nations unies, afin de permettre au peuple sahraoui de jouir de ses droits légitimes ». A. Tebboune a ajouté qu’« il a été convenu de soutenir l’envoyé de l’ONU De Mistura et la mission internationale pour le référendum au Sahara occidental.»

La normalisation des relations entre Rabat et Madrid a poussé les responsables du voisin de l’Est à chercher d’autres partenaires capables de gêner aux entournures les intérêts du Royaume, particulièrement dans le dossier saharien. D’’où une noria de visites à Rome de plusieurs responsables algérien porteurs d’offres de partenariat en tête desquels figure le gaz naturel, très convoité au regard des perturbations engendrées par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. En condamnant les vannes du GME, le gaz n’alimentant plus ni l’Espagne, ni le Maroc, Alger a ouvert en grand ses robinets vers le marché italien.

Ammar Belani, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères en Algérie, a indiqué que l’Italie « est un pays ami qui a toujours été présent dans les circonstances les plus difficiles ». « C’est avant tout un pays qui adhère constamment aux principes des questions régionales d’intérêt commun, contrairement à ce que nous venons de voir de la part d’autres partenaires », a-t-il ajouté, en allusion au rapprochement entre l’Espagne et le Maroc, rapportent des médias espagnols.

L’arrivée à la tête de l’exécutif italien de G.Meloni, connue pour ses accointances avec les séparatistes du Polisario auxquels elle a rendu visite à Tindouf, avait échaudé les responsables marocains. Dans un livre publié en mai 2021, elle n’a pas tari d’éloges envers le mouvement séparatiste, en soutenant la thèse du référendum d’autodétermination.

Certes, dans le sillage de l’accès au pouvoir de G. Meloni, Rome a cherché à rassurer le Maroc sur sa position officielle concernant le Sahara. Dans un entretien téléphonique avec Nasser Bourita, son homologue marocain, Antonio Tajani, ministre italien des Affaires étrangères et de la coopération, a même loué le « rôle de pivot que joue le Maroc dans la stabilisation de la région méditerranéenne, notamment dans le domaine de la lutte antiterroriste ».

Toutefois, le séjour officiel de Sergio Mattarella, président italien, en Algérie, en novembre 2021, avait laissé un arrière-goût des plus amers à Rabat lorsqu’il a déclaré que le règlement du différend régional devait se faire « en considération des droits du peuple sahraoui », tout en saluant « le rôle de l’Algérie et son attachement au cadre onusien pour le Sahara occidental ». Le Maroc a réagi en exigeant des éclaircissements de la part de Rome. Dans une déclaration conjointe à l’issue des entretiens entre N. Bourita et Luigi Di Maio, ex- ministre italien des Affaires étrangères, Rome a salué quelques jours plus tard « les efforts sérieux et crédibles déployés par le Maroc dans le cadre onusien » et a dit encourager « toutes les parties à poursuivre leur implication, dans un esprit de consensus afin de résoudre la question du Sahara ». A peine nommé à la tête de la diplomatie italienne, L. Di Maio avait réservé sa première visite extérieure officielle au Maroc. Mais il faut croire qu’à la lumière de ce qui vient de se dérouler à Tindouf, Rabat doit tirer les leçons qui s’imposent…

Recommandé pour vous