Si le dossier de la décolonisation des Présides, une question qui fâche toujours, a été évacué de la déclaration conjointe, il n’en reste pas moins qu’il continue à alimenter le débat de part et d’autre du Détroit. Ainsi, pour le chef du gouvernement espagnol, en visite à Rabat sur invitation du Souverain, pour clore la tension qui a marqué durant des mois les relations entre les deux pays voisins, «la souveraineté nationale du territoire de l’Espagne ne fait pas l’objet de doute, y compris Ceuta et Melilla». Le chef de l’exécutif a expliqué lors du point de presse qu’il ne s’agit pas d’un engagement de l’Etat espagnol et du gouvernement mais d’un principe inscrit dans la constitution de son pays. Même s’il a éludé la question d’un journaliste espagnol lui demandant s’il prévoyait de solliciter la protection de l’OTAN pour les deux Présides, autant dire que la position de Madrid n’a pas encore mûri pour solder le compte de son passif colonial. En tout cas, via ses réponses sans équivoque, P. Sanchez a tenté de rassurer les forces politiques dans les deux villes, et bien au-delà, une partie de l’opinion espagnole ne semblant guère disposée à s’affranchir des remugles du passé. D’où l’insistance du cabinet Sanchez, le 18 mars dernier, sur le fait que l’ouverture d’une «nouvelle étape» dans les relations entre Rabat et Madrid est à même de «garantir la stabilité, la souveraineté, l’intégrité territoriale et la prospérité des deux pays» , même si aucune mention n’a été faite des deux villes spoliées. D’où l’empressement du PSOE, qui conduit l’actuelle coalition gouvernementale, à souligner dans un document destiné à sa base que «des relations solides et stables avec un pays voisin et partenaire stratégique comme le Maroc, sont indispensables pour l’intégrité territoriale, y compris Ceuta et Melilla, et la souveraineté de l’Espagne».
La déclaration conjointe, publiée au terme des entretiens entre le roi Mohammed VI et Pedro Sanchez a fait l’impasse sur les Présides et insisté sur «la pleine normalisation de la circulation des personnes et des marchandises [qui] sera rétablie de façon ordonnée, y compris des dispositifs appropriés de contrôle douanier et des personnes au niveau terrestre et maritime».
Par ailleurs, concernant la délimitation des frontières maritimes, au niveau des deux façades, méditerranéenne comme atlantique, le patron de l’Exécutif espagnol, peu disert sur les points de friction, a laissé entendre que ce dossier est laissé à l’appréciation des experts des deux pays. Des réunions ad hoc seraient programmées dans les mois à venir…
Liaisons maritimes
A signaler que les liaisons maritimes entre le Maroc et l’Espagne seront rétablies immédiatement suite à un protocole sanitaire temporaire, publié par le ministère de la Santé et de la Protection sociale. Les deux pays voisins ont convenu la réouverture progressive et ordonnée des points de passage frontaliers de Sebta et Melilla et la normalisation complète du passage des biens et des marchandises.
Face aux médias, P. Sanchez, a apprécié ce rétablissement qui vise la normalité du passage des biens et des marchandises à Sebta et Melilla et la réouverture progressive des passages frontaliers pour les flux de personnes en toute sécurité et en respectant toutes les exigences sanitaires, mais sans fixer une date précise pour cela. Le ministère de la Santé a dévoilé les dispositions « temporaires » du protocole sanitaire pour les voyageurs par voie maritime. Ainsi, une fiche sanitaire du passager, à télécharger en ligne avant embarquement (mais aussi distribuée à bord des navires), doit être dûment renseignée.
De plus, il faudra prévoir un passeport vaccinal anti-Covid-19 valide selon les exigences du pays d’origine. Les résidents au Maroc (marocains ou étrangers) doivent avoir un passeport vaccinal selon le protocole national de vaccination ou le résultat négatif d’un test PCR de moins de 72 heures (délai entre prélèvement et enregistrement).