José Luis Rodriguez Zapatero, ancien président du gouvernement espagnol (2004-2011), a affirmé que le soutien exprimé par Madrid à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara marocain « est dans l’intérêt de l’Espagne, de sa sécurité et de sa stabilité ». Dans un entretien au quotidien espagnol « El Pais », publié ce mercredi, Zapatero a estimé qu’ « il s’agit d’une position qui est dans l’intérêt de l’Espagne, de sa sécurité, de sa politique intérieure et de sa stabilité ».
« J’apprécie positivement cette position car elle est sincère et courageuse (…) et prise de manière libre », a relevé, dans ce contexte, l’ancien chef du gouvernement espagnol (2004-2011), faisant observer qu’elle s’inscrit dans le cadre d’une « cohérence politique ».
Pour l’ancien président de gouvernement, « ce que le gouvernement a fait, c’est de clarifier et de ratifier la position de l’Espagne qui est une position constructive et de soutien » au Maroc, rappelant que depuis la présentation par le Maroc de cette initiative en 2007, « le Conseil de sécurité des Nations unies l’a saluée, et la soutenir ne sort donc pas de ce cadre ».
J.L. Zapatero a rappelé en ce sens que la décision prise par le gouvernement de Pedro Sanchez est « la confirmation explicite de la politique de l’Espagne depuis 2008 », date à laquelle ce soutien avait déjà été exprimée. Et de conclure que « la résolution pacifique des conflits doit être fondée sur la logique et la recherche d’un accord, et le gouvernement espagnol a pris une décision courageuse et correcte ».
Felipe Gonzalez, autre ancien chef du gouvernement espagnol (1982-1996), a précisé de son côté que l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara est la «seule proposition qui offre une solution négociée au conflit dans le cadre des Nations unies».
Le responsable politique de gauche a réitéré, lors d’une déclaration à la presse rapportée mercredi par Radio Cope , que le plan marocain est «la seule proposition parvenue aux Nations Unies avec une solution viable». Une initiative que les résolutions du Conseil de sécurité qualifient, depuis sa présentation en 2007, de «sérieuse et crédible».
L’actuel chef du gouvernement n’avait pas réussi à convaincre les figures historiques du PSOE (José Bono, Miguel Angel Moratinos, Javier Solana et même Zapatero) du bien-fondé de l’accueil en avril 2021, du chef du Front Polisario Brahim Ghali, en catimini et sous une fausse identité.
Erreur historique ?
Plus à droite, José Maria Aznar, ancien président du gouvernement espagnol (1996 à 2004) et ex-président du Parti populaire, a critiqué la décision du gouvernement espagnol de soutenir la proposition d’autonomie du Sahara. Dans des déclarations relayées par l’agence Europa Press, il a ainsi qualifié la décision d’«erreur historique», ajoutant que P. Sanchez a envoyé un «message de faiblesse au Maroc».
«Nous en paierons le prix très clairement», a-t-il dit, en expliquant que la décision «affecte les responsabilités historiques de l’Espagne» par rapport au Sahara occidental. J.M. Aznar a pointé une décision prise «sans consensus et sans débat». Rappelant que la loi autorise P. Sanchez à prendre une telle décision, l’ancien chef du gouvernement espagnol a dénoncé une «insouciance très dangereuse» et une «erreur impardonnable», en adoptant la décision «sans consultation et sans discussion parlementaire préalable».
Pour lui, l’Espagne «a montré sa faiblesse face au Maroc». «La décision est une erreur aux conséquences historiques et nous paierons un lourd tribut», a-t-il averti, en alertant sur le fait que l’Algérie pourrait «punir» l’Espagne par le biais du gaz algérien. Évoquant la question de Sebta et Melilla, l’ancien président du PP a estimé que le moyen de protéger les deux villes reste «la politique, l’économie et le facteur militaire».