S. Sourovikine a passé trois mois à la tête du contingent russe engagé en Ukraine. Sa nomination avait été saluée par le duo Kadyrov-Prigojine remontés contre les généraux de l’armée, aux performances jugées « mauvaises » par les deux chefs, mais aussi des blogueurs militaires.
Nommé le jour de la frappe contre le pont de Kertch, le 8 octobre dernier, S. Sourovikine est celui qui a assumé le retrait de Kherson, mené la campagne de frappes intenses contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine, lancé la construction de fortifications et de tranchées dans les territoires conquis par la Russie. Difficile de savoir si son remplacement annonce une nouvelle phase dans le conflit, comme une offensive russe à la faveur du gel récent des sols, annoncent des observateurs occidentaux. Lesquels voient en la désignation de V Gerassimov l’arrivée d’un très proche de Sergueï Choïgou, ministre de la Défense russe. V. Guerassimov aura comme tâches « une coordination plus importante entre les types de forces sur le terrain ».
Ces nominations tombent le jour où des informations en provenance du front assurent que le contrôle de la ville de Soledar a changé de camp après la pression militaire de Wagner. A Moscou, on tempère. « Attendons, ne nous précipitons pas. Attendons les déclarations officielles. Il y a une tendance positive là-bas. Mais le succès de l’opération militaire spéciale ne sera atteint que lorsque nous aurons rempli les objectifs fixés par le Commandant en chef suprême. Bien que les succès tactiques soient certainement très importants, ils ont un prix assez élevé, le prix de l’héroïsme fantastique de nos combattants. C’est donc une raison de plus pour nous d’être fiers de nos gars, qui n’épargnent ni leur vie ni leur santé pour nous offrir ces succès tactiques », a tempéré Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlin.
Pour Alexander Kots, le très écouté correspondant militaire de la Komsomolskaya Pravda, nommé à la mi-novembre par décret de Vladimir Poutine au conseil des droits de l’homme, les éventuelles prises de Soledar et surtout de Bakhmout ne seraient de toute façon « pas un tournant » : « Il est important de sentir le goût de la victoire, lit-on dans son journal Komsomolskaya Pravda, mais la capture de Soledar [que le journal qualifie de « petite ville »], bien sûr, ne sera pas un tournant dans toute la campagne d’hiver de l’opération spéciale […] la principale offensive » se prépare pour « ailleurs ». Avec un sol gelé, on s’attend désormais à une relance des hostilités. Cette fois-ci, à l’initiative de l’armée russe.
