Alors que le bilan établi par le ministère de la Santé assure que le nombre des martyrs est monté à 38.295 martyrs et 88.241 blessés en presque dix mois de guerre, l’aviation de l’occupation larguait mercredi 10 juillet des tracts sur Gaza-ville ordonnant à tous les habitants d’évacuer immédiatement. Selon les tracts, des corridors auraient été mis en place invitant la population à rejoindre des abris dans le centre de l’enclave. « À toutes les personnes présentes dans la ville de Gaza, des corridors de sécurité vous permettent de vous rendre rapidement et sans inspection de la ville de Gaza vers des abris à Deir el-Balah et Al Zawiya », indique ce tract. « La ville de Gaza reste une zone de combats dangereuse », prévient encore le texte. La majorité des gazaouis n’entendent pas quitter les abris de fortune qui leur restent faute de mieux. Surtout qu’il ne s’agit pas là du premier appel du genre, et qu’aucune garantie ne leur est accordée au regard des massacres opérés par l’occupant. Le Croissant-Rouge palestinien dit avoir déjà reçu des dizaines d’appels désespérés d’habitants de la ville de Gaza. Face à l’intensité des bombardements, les équipes de secours ne peuvent pas leur venir en aide. « Ce que je sais, c’est qu’il n’y a aucun endroit sûr à Gaza, aucune route d’évacuation est hors de danger, affirme Juliette Touma, de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui peine à obtenir des informations sur place. Nous l’avons vu durant toute cette guerre, même ces routes décrites comme sûres, ou ces zones qualifiées comme hors de danger par les autorités israéliennes, finalement ne l’étaient pas. »
La résistance palestinienne n’entend nullement faciliter la tâche à l’occupant dont la barbarie est désormais légendaire. Les Brigades Al-Qassam assurent avoir repéré l’atterrissage de plusieurs hélicoptères pour évacuer les morts et blessés après l’embuscade réussie tendue aux soldats sionistes à Tal al-Hawa. Dans la même zone, les Brigades Al-Qods assurent avoir réussi à faire sauter 3 véhicules militaires sionistes avec des engins piégés. Des médias israéliens ont assuré qu’un événement inhabituel contre les forces israéliennes a eu lieu dans la bande de Gaza, assurant qu’un hélicoptère militaire a atterri à l’hôpital Beilinson transportant plusieurs blessés. Le site israélien Hadashut Bazman révèle, lui, que 4 soldats israéliens ont été blessés lorsqu’un engin a explosé dans un véhicule militaire dans la ville de Gaza. L’armée sioniste a reconnu, elle, la perte d’un soldat de l’unité Magellan… Mais les combats en se limitent pas aux zones périphériques de Gaza-ville. Les positions des soldats sionistes sont constamment soumises aux obus, mortiers et missiles de courte portée tout le long du passage de Netzarim. Le check-point de Rafah, conduisant à l’Egypte, et le corridor de Philadelphie, là où se concentrent les troupes sionistes, n’échappent pas, non plus, aux bombardements de la résistance palestinienne toutes fractions confondues.
L’armée d’occupation a entamé sa nouvelle offensive renforcée dans la ville de Gaza le 27 juin, en appelant les habitants du quartier est de Choujaïya à quitter les lieux. Israël a ensuite étendu en début de semaine ses appels à plusieurs quartiers du centre-ville, poussant des dizaine de milliers de personnes à fuir, d’après l’ONU. Elle avait pourtant annoncé début janvier se concentrer désormais sur « le centre et le sud » de la bande de Gaza, après avoir « achevé le démantèlement de la structure militaire » du Hamas dans le Nord. Mardi 9 juillet, le bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est dit « consterné » par les nouveaux appels israéliens qui encouragent « à fuir vers des secteurs où les opérations militaires de l’armée sont en cours et où des civils continuent d’être tués et blessés ».
Cette demande d’évacuation intervient un jour après le massacre dans une école à l’est de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, où de nombreux civils avaient trouvé refuge. En effet, dans la nuit, des tentes de déplacés dressées devant une école ont été touchées par une frappe aérienne israélienne.
En l’espace de quatre jours, c’est la 4ème école à subir un raid meurtrier, comme l’a rappelé Philippe Lazzarini, directeur de l’Unrwa. Trois autres écoles abritant des déplacés ont été touchées depuis samedi 6 juillet par des bombardements israéliens qui ont fait au moins 20 morts, selon des sources palestiniennes. Dans ces trois cas, l’armée a dit avoir visé des « terroristes », après avoir accusé le Hamas de « se servir des habitants comme des boucliers humains ». En tout, deux tiers des écoles de l’agence ont été prises pour cible. « Le mépris du droit international ne doit pas devenir la norme », signale-t-il sur X. S’ajoute à cela que la situation humanitaire à Gaza ne fait qu’empirer. La plupart des blessés de la frappe sur l’école ont été transférés à l’hôpital Nasser de Khan Younès, privés de moyens. Pas assez d’espace, très peu de matériel médical et une pénurie de médicaments…
Le Hamas a accusé Israël de ce nouveau massacre dont « la plupart des enfants et des femmes » ont été tués et/ou blessés. « Ce massacre est la continuation du crime de génocide que l’armée d’occupation a lancé contre notre peuple pour le dixième mois consécutif », a affirmé le bureau de presse du mouvement islamiste. Accusant Israël d’une frappe « délibérée », Izzat al-Rishq, membre du bureau politique du Hamas, a appelé à « descendre dans la rue et sur les places pour des marches de la colère dénonçant les massacres et la guerre d’extermination ».
La résistance palestinienne constate que les combats « les plus intenses depuis des mois » se déroulent, depuis le 27 juin, dans le centre de l’enclave palestinienne, lorsque l’armée sioniste a lancé une opération terrestre à Choujaiya, à l’est de Gaza-ville, avant de l’étendre lundi aux quartiers du centre, où « des dizaines de milliers de personnes », selon l’ONU, ont été appelées à évacuer par l’armée.
« Nous avons à nouveau environ 350 000 personnes sur les routes. Et depuis le début de la guerre, presque tous les habitants de Gaza ont été déplacés une fois, deux fois, trois fois, quatre fois ou cinq fois, ce qui montre qu’il n’y a absolument aucun endroit sûr » dans le territoire, a relevé P. Lazzarini. A ces déplacements, s’ajoute une « campagne de famine » à Gaza qui, selon dix experts indépendants de l’ONU à Genève, entraîne la mort d’enfants. « La campagne de famine intentionnelle et ciblée d’Israël contre le peuple palestinien est une forme de violence génocidaire et a entraîné une famine dans toute la bande de Gaza », assurent ces experts de l’ONU. Des accusations balayées par la mission israélienne auprès de l’ONU à Genève. Une responsable de l’ONG norvégienne a alerté sur la détérioration de la situation humanitaire dans la bande de Gaza. Les civils sont forcés de rejoindre la localité de Deir el-Balah, ville déjà surpeuplée. Le bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est dit ce 9 juillet «consterné» en raison du déplacement forcé d’une partie de la population gazaouie vers les localités ouest et sud de l’enclave. Maysa Saleh, responsable de l’ONG Norwegian Refugee Council (NRC), qui s’est rendue sur place, a déploré le 8 juillet la détérioration de la situation humanitaire. « La première question qui se pose chaque matin est la même : « Qu’allons-nous manger aujourd’hui ? » Pendant mon séjour à Deir el-Balah, je n’ai rien vu qui ressemble à de l’aide. Elle est presque inexistante », a-t-elle souligné à son retour, citée par l’AFP. L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a accusé Israël d’étendre sa guerre et d’utiliser les civils comme outil de pression à la lumière des discussions sur la reprise des négociations.
C’est dans ce climat lourd de sang des civils palestiniens que les négociations se déroulent à Doha, là où les chefs de la CIA et du Mossad, outre de hauts responsables sécuritaires égyptiens, sont attendus mercredi pour tenter d’avancer vers un cessez-le-feu associé à une libération des otages retenus à Gaza. Le Hamas doit participer aux prochaines négociations, a dit un responsable du groupe. Israël et le mouvement palestinien ont continué de faire état de divergences après que le mouvement palestinien a affirmé, selon un responsable, ne plus réclamer un cessez-le-feu permanent avant toute négociation concernant une libération d’otages.
Le Premier ministre israélien a fait part de nouvelles exigences sur l’enclave gazaouie le 7 juillet. « Tout accord permettra à Israël de reprendre le combat jusqu’à ce que ses objectifs de guerre soient atteints », a-t-il ainsi souligné. En clair : l’élimination des capacités militaires du Hamas. Il a également exigé la fin de la contrebande d’armes entre l’Égypte et la bande de Gaza qui permet, selon lui, au mouvement palestinien de se réarmer, l’impossibilité d’un retour des combattants du Hamas qui ont fui et enfin la libération d’un maximum d’otages « sans porter atteinte aux autres objectifs de la guerre ».
A signaler que Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense a revendiqué que plus de 60% des combattants du Hamas avaient été tués ou blessés depuis le 7 octobre. « La plupart de ses bataillons ont été démantelés », a-t-il assuré. Il a également indiqué que plus de 14 000 combattants du Hamas avaient été tués depuis le 7 octobre 2023. « Je le dis le plus clairement possible : tout l’appareil de sécurité est déterminé à faire respecter la loi à quiconque a agi contre les citoyens israéliens, qu’il s’agisse d’un terroriste avéré ou d’un citoyen ayant participé à ces actes meurtriers odieux », a-t-il ajouté. Avant de marteler : « Nous les ferons tous répondre de leurs actes, soit par arrestation, soit par élimination. Il n’y a que deux possibilités pour ces personnes : la prison ou la tombe », selon des propos rapportés par I24.
Mais le bilan humain ne cesse de s’aggraver à Gaza, une revue britannique estimant qu’avec les causes indirectes liées aux maladies, le nombre de morts pourrait s’élever à 186 000. The Lancet estime que les décès « indirects » au conflit à Gaza pourraient s’élever à 186 000.
« Les conflits armés ont des implications sanitaires indirectes », souligne l’article, précisant qu’« il continuera d’y avoir de nombreuses morts indirectes dans les mois et années à venir, en raison de maladies reproductives, transmissibles ou non ». Le rapport ajoute que ce bilan « indirect » risque d’être élevé en raison de « l’intensité du conflit, qui a détruit les infrastructures médicales, des pénuries sévères de nourriture, d’eau et du manque d’abris, de l’incapacité de la population à fuir vers des endroits sûrs et de la suspension du financement de l’UNRWA, une des seules organisations humanitaires encore présentes » à Gaza.