L’Algérie, membre non-permanent de l’instance exécutive de l’ONU, a saisi cette tribune pour défendre les positions du Polisario, selon les médias algériens. Dans son intervention, Lounès Magramane, secrétaire général au ministère des Affaires étrangères, a estimé que « la souffrance du peuple du Sahara occidental occupé, continue depuis plus de 50 ans ».
Pour rappel, le ministre algérien des Affaires étrangères avait appuyé la même revendication lors d’un débat organisé en avril au Conseil de sécurité par la république de Malte sur l’intégration des jeunes de la Méditerranée dans les actions favorisant la sécurité et la paix. Dans son allocution, Ahmed Attaf avait appelé à « mettre fin à l’occupation du Sahara occidental ».
Amar Benjamaa, représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, avait lui aussi usé jusqu’à la corde la même rhétorique déployée à l’occasion d’une réunion, tenue en juin à New York, sur les discours de haine et l’extrémisme. Il avait demandé d’ « accorder le droit à l’autodétermination à ceux qui sont sous le coup de la loi de l’oppression et des déplacés de force en Palestine et au Sahara occidental ».
Le Polisario et l’Algérie ont tenu une réunion, le 11 août à Alger, pour préparer ensemble les prochaines échéances au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale de l’ONU.
Rabat réagit
Omar Hilale, représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, n’a pas manqué de réagir en relevant dans une lettre l’intervention importune de L. Magramane sur une question ne figurant pas à l’ordre du jour du débat initié par la Sierra-Léone.
Etant donné que seuls les membres du Comité des dix Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité (C10) et les représentants des groupes d’intérêt aux négociations inter-gouvernementales et des groupes régionaux ont été invités à intervenir lors dudit débat, l’ambassadeur a affirmé que le Maroc voudrait apporter les éléments de réponse suivants à la déclaration du délégué algérien, tant sur sa forme que sur le fond.
O. Hilale a indiqué qu’au lieu de proposer des mesures tangibles et formuler des stratégies efficaces à même de réparer l’injustice de la non représentation de l’Afrique au Conseil de sécurité, le représentant algérien a choisi la voie des thèses trompeuses, les assertions erronées et les affirmations mensongères. « A l’évidence, son pays est plutôt obnubilé par sa maroco-phobie et son obsession maladive du Sahara marocain », a souligné l’ambassadeur. Il a fait observer que l’Algérie, dont la candidature au Conseil de sécurité a été endossée par le Sommet des Chefs d’Etat africains pour défendre les intérêts légitimes du continent, avec en premier lieu la représentativité africaine au sein du Conseil de sécurité, a, comme à l’accoutumé, privilégié son agenda national anti-marocain, au détriment de la cause de l’Afrique. « Le SG du ministère algérien a outrageusement manqué de respect à Son Excellence le Président de la Sierra Leone, qui a voulu, en sa qualité de Président du C10 de l’Union africaine, faire de la cause de la représentativité de l’Afrique l’événement signature phare de la présidence du Conseil par son pays », a indiqué le diplomate marocain tout en ajoutant que « regrettablement, c’était compter sans le dérapage du représentant algérien, qui s’est distingué en étant seul à aborder la question du Sahara marocain durant cette séance ».
Evoquant la prétendue question de décolonisation tel qu’avancée par le délégué algérien lors du débat, l’ambassadeur a soutenu que la question du Sahara marocain est une question d’intégrité territoriale et d’unité nationale du Royaume du Maroc, et nullement une prétendue question de décolonisation, notant que ni l’histoire, ni le droit international, ni les rapports du SG de l’ONU, ni l’avis consultatif de la Cour internationale de justice et encore moins les résolutions du Conseil de sécurité, ne désignent le Sahara marocain comme un soi-disant « territoire colonisé ». Il a, de même, rappelé que la décolonisation du Sahara marocain a été définitivement réglée grâce à la glorieuse Marche Verte, dont le Royaume célèbrera le cinquantenaire l’année prochaine, ajoutant que sa réintégration à la mère patrie est également scellée par l’ONU, et ce conformément à sa résolution 3458B du 10 décembre 1975, qui a pris acte de l’Accord de Madrid, signé le 14 novembre 1975. Cet accord est déposé depuis le 18 novembre 1975 auprès du Secrétaire général de l’ONU, a-t-il encore relevé. « Le Sahara marocain fait l’objet d’un processus politique visant à parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable, sous les auspices du Secrétaire général de l’ONU et de son Envoyé personnel, dans le cadre exclusif du chapitre VI relatif au règlement pacifique des différends », a tenu à préciser O. Hilale.
Réagissant à la question d’autodétermination évoquée par l’Algérie pour le cas du Sahara marocain « dans le seul but de contrarier sa récupération par le Maroc », l’ambassadeur a souligné que l’Algérie recourt à une interprétation insidieuse et sélective de ce principe, dans une vaine tentative d’induire en erreur la communauté internationale. « Le délégué algérien a sciemment omis de mentionner que la résolution 1514 établit clairement que le droit à l’autodétermination ne doit en aucun cas compromettre l’intégrité territoriale des Etats membres, ni s’appliquer à une partie d’un Etat souverain membre de l’ONU », a indiqué le diplomate marocain dans sa lettre de réponse. Et de signaler que le délégué algérien « feigne, également, d’ignorer la résolution 1541, qui décline les différentes options pour la mise en œuvre de la 1514 sur le principe d’autodétermination, dont la libre association ou l’intégration. Par la suite, l’Assemblée Générale a adopté sa résolution 2625 de 1970, qui est venue ajouter l’option de + tout autre statut politique librement décidé+ ».
Le diplomate marocain a encore expliqué que l’Initiative marocaine d’autonomie est une forme moderne, concrète et démocratique d’exercice du droit à l’autodétermination, notant que c’est pourquoi le Conseil de sécurité a réaffirmé, dans ses 20 résolutions successives depuis sa présentation en 2007, sa prééminence, son sérieux et sa crédibilité. « Bien plus, cette initiative jouit d’un soutien international large et grandissant en tant que seule et unique solution pour le règlement définitif de cette question, dont le récent soutien, ô combien symbolique de la France en tant que membre permanent du Conseil de sécurité », a poursuivi O. Hilale, notant que le Secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères s’arroge le droit de demander, hors contexte, le droit à l’autodétermination pour les populations des provinces sahariennes du Royaume du Maroc.
Incohérences algériennes
L’ambassadeur a fait remarquer à ce propos que le responsable algérien « dénie cependant ce droit au peuple Kabyle, qui vit sous occupation depuis des siècles. Que l’Algérie assume jusqu’au bout sa logique de soutien au principe d’autodétermination en faveur de tous les peuples du monde, et accepte de l’accorder au peuple de Kabylie ». Pourtant, « la région Kabyle est délaissée. Sa population de plus de 7 millions vit dans la marginalisation et la pauvreté; ses jeunes et ses femmes sont persécutés et leurs droits d’expression, de rassemblement, d’association, de libre circulation, de préservation de leur culture et identité Kabyles sont bafoués au quotidien », a déploré l’ambassadeur, ajoutant que « le vaillant peuple Kabyle mérite amplement que les Nations Unies se chargent de lui assurer son droit de décider librement de son avenir et d’exercer son droit à l’autodétermination, comme ce que demande l’Algérie pour d’autres populations dans le monde ».
Rejetant les allégations mensongères du délégué algérien sur la question des ressources naturelles au Sahara marocain, l’ambassadeur a précisé qu’aucun rapport du Secrétaire général ni aucune résolution du Conseil de sécurité n’ont crédibilisé ses assertions, soulignant que bien au contraire, c’est le Maroc qui a injecté 8 milliards de dollars pour le développement de ses provinces, élevant ainsi leur développement socio-économique à un niveau supérieur à celui de plusieurs wilayats en Algérie. « En effet, les nombreux projets d’envergure et grands chantiers d’infrastructures au Sahara, grâce au Nouveau modèle de développement des provinces du Sud, lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en 2015, ont métamorphosé la région, devenue une destination attrayante pour les investissements étrangers, lui permettant ainsi d’enregistrer les plus hauts indices de développement du Royaume, et d’être un hub régional entre le continent africain et le reste du monde », a fait valoir le diplomate dans sa lettre au Conseil de sécurité.
Et d’inviter le responsable algérien à lire les nombreux rapports au Conseil de sécurité, depuis 2016, y compris ceux de 2021, 2022 et 2023 du Secrétaire général de l’ONU, qui confirment les efforts du Maroc en termes d’investissements colossaux et de projets de développement structurants de ses provinces sahariennes. Ces rapports démontrent ainsi que l’essor considérable que connaît le Sahara marocain, sur tous les plans, n’est nullement compromis par l’hostilité de l’Algérie depuis un demi-siècle, ni pris en otage par l’attente du règlement politique de ce différend régional, a-t-il dit. « Ce qui n’est pas le cas en Algérie, qui, au lieu de consacrer les milliards de dollars de revenus de son pétrole et son gaz pour le développement de son propre pays, les utilise pour financer et armer son proxy le +polisario+, ainsi que d’autres groupes terroristes et séparatistes, qui sévissent dans son voisinage immédiat et déstabilisent dangereusement les pays voisins », a asséné M. Hilale.
Évoquant la position « manifestement contradictoire » de l’Algérie au sujet des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU concernant le Sahara marocain, le diplomate a noté que d’un côté, ce pays les rejette officiellement, et de l’autre il appelle avec insistance à leur mise en œuvre. « Le délégué algérien feint d’oublier que le blocage actuel du processus politique est entièrement imputable à son pays, qui persiste à refuser de revenir aux tables rondes, malgré les appels répétés du Conseil de sécurité, lequel considère l’Algérie comme une partie principale dans ce différend régional », a souligné O. Hilale, relevant que l’Algérie, en refusant de reprendre sa place aux tables rondes, sape gravement le processus politique initié par le Conseil de sécurité, dont elle est actuellement membre, et s’oppose à la légalité internationale, incarnée par les résolutions de ce même Conseil, dont son délégué a appelé ardemment à la mise en œuvre.
En conclusion, l’ambassadeur marocain a indiqué que le Royaume espère vivement que l’Algérie se consacre davantage, pour la période qui lui reste de son mandat au Conseil de sécurité, aux intérêts du continent africain, qu’elle représente, plutôt qu’à la promotion frénétique de son agenda national contre son voisin, le Maroc.
A signaler que la lettre adressée par O.Hilale au président et aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU sera publiée en tant que document officiel de l’instance onusienne.