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Explosion du port de Beyrouth : Un dossier sulfureux…

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Le procureur général libanais a annoncé le 25 janvier à l'AFP avoir décidé de poursuivre le magistrat chargé de l'enquête sur l'explosion meurtrière au port de Beyrouth en 2020, sur fond de bras de fer juridique entre les deux hommes.
Explosion du port de Beyrouth

Le juge Tarek Bitar, qui avait décidé le 23 janvier de reprendre son enquête suspendue pendant 13 mois en raison de pressions politiques, est poursuivi pour « rébellion contre la justice », et « usurpation de pouvoir », a précisé le procureur Ghassan Oueidate. Il est en outre frappé d’une interdiction de quitter le territoire libanais, a ajouté le procureur général près la Cour de cassation.

Tarek Bitar a assuré à l’AFP qu’il refusait de se dessaisir de l’investigation. « Je suis toujours chargé de l’enquête et je ne me dessaisirai pas de ce dossier. Le procureur n’a pas la prérogative de me poursuivre », a-t-il affirmé. il était appelé à comparaître dans la matinée de jeudi, selon un responsable judiciaire ayant requis l’anonymat. Le procureur a également ordonné la libération des 17 personnes détenues sans jugement depuis la gigantesque explosion du 4 août 2020 qui avait fait plus de 215 morts et dévasté des pans entiers de Beyrouth. Parmi ces 17 personnes figurent un ressortissant américain ainsi que les directeurs des douanes et du port. Ces trois personnes ne figuraient pas parmi les cinq détenus dont le magistrat Bitar avait ordonné la libération le 23 janvier, lorsqu’il avait décidé de reprendre l’enquête de son propre chef. Il avait alors décidé d’inculper plusieurs personnalités de haut rang, notamment le procureur général et deux hauts responsables de la sécurité.

L’explosion avait été provoquée par le stockage sans précaution de centaines de tonnes de nitrate d’ammonium dans un entrepôt au port. Elle a été imputée par une grande partie de la population à la corruption et la négligence de la classe dirigeante, accusée également par les familles de victimes et des ONG de torpiller l’enquête pour éviter des inculpations.

La résurgence de ce dossier clivant en cette période soulève nombre de questions. A commencer par la plus importante, celle qui vise à torpiller le système judiciaire libanais en cette période de crise politico-institutionnelle qui perdure.

Barbara Leaf, ajointe du secrétaire d’état américain, avait annoncé, en novembre 2022, devant le Congrès US, que le Liban est ouvert à tous les scénarios et que la situation allait exploser de nouveau, tôt ou tard. B. Leaf a évité de critiquer les élites financières et économiques libanaises, responsables de la crise libanaise, à  l’instar de Riad Salamé, directeur de la Banque du Liban, protégé des Américains, pour en imputer la responsabilité exclusivement à la classe politique.

Il est question dans les coulisses de l’administration US de pressions afin qu’elle « laisse le Liban s’effondrer pour le reconstruire à partir des cendres, libéré de la malédiction du Hezbollah », selon les termes de B. Leaf. Mais l’expert estime que l’administration américaine n’est pas dans cette perspective car elle pense que « l’effondrement du Liban va avoir de l’impact sur la sécurité israélienne et les réfugiés syriens, donc il est préférable de l’empêcher tout en voulant assurant qu’il n’y aura pas de sauvetage sans réformes (piégées par les demandes politiques) et que la pression sur le Hezbollah se poursuivra ». Elle a aussi précisé les objectifs à court terme de l’administration américaine consiste en un façonnement du pouvoir depuis la présidence jusqu’au gouvernement.

Hassan Mourad, autre expert libanais, du même centre d’études, fait référence, lui, aux propos de Robert Menendez, président de la Commission des Affaires étrangères au sein du Sénat américain, début octobre 2021. A cette époque, d’innombrables parties libanaises avaient critiqué le modus du juge Bitar, accusé de politiser l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth, en voulant inculper les personnes proches du camp du 8-mars ou du Courant patriotique libre et d’innocenter ceux du 14-mars. Le Hezbollah, le mouvement Amal et celui des Marada avaient alors demandé de le remplacer.

S’adressant aux Libanais, Menendez avait alors écrit pour le Foreign Relations Committee que le magistrat Bitar est un personnage honnête et qu’il faut le laisser faire. Andreas Kindl, ambassadeur d’Allemagne au Liban, a tenté de dissuader le président du Conseil supérieur de la magistrature, le juge Souheil Abboud, d’un tel remplacement, le menaçant de sanctions.

Bien entendu, nombreux sont les Libanais qui connaissent bien Bitar et devinent la portée de sa mise en scène. Dont l’ex-ministre libanais de la défense Yaacoub al-Sarraf qui a révélé qu’il avait fourni audit juge un dossier de 300 pages sur l’explosion du port de Beyrouth qui contient des données qui avaient été récoltées en septembre 2020, un mois après l’explosion, lorsqu’il était gouverneur de la ville de Beyrouth.

Dans une interview avec al-Manar, il l’a accusé d’avoir confisqué le dossier et d’avoir exfiltré les informations de l’enquête. Il lui reproche aussi d’avoir accueilli des juges étrangers en dehors du Palais de justice, en allusion aux deux juges français, et de leur avoir montré le dossier de l’enquête. Ce qui constitue aussi une violation de la loi.

Lors de l’explosion du port de Beyrouth, l’intérêt que les Occidentaux lui ont porté a semblé bien suspect. Sous le prétexte de vouloir aider le Liban, tous leurs services des renseignements étaient préparés pour atterrir dans la capitale libanaise. Leur mainmise via le juge suspendu Bitar sur le cours de l’enquête afin d’accuser le camp du 8-mars notamment, le Hezbollah rappelle l’enquête sur l’assassinat de l’ex-Premier ministre le martyr Rafic Hariri. C’est le même modus operandi qui est exécuté. Il avait pour but d’en finir avec le Hezbollah. Tout le monde connait la suite.

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