« Cinq Américains innocents qui étaient détenus en Iran rentrent enfin à la maison » et « vont bientôt retrouver leurs proches après des années d’angoisse, d’incertitude et de souffrance », s’est par ailleurs félicité le président américain. Joe Biden a remercié le Qatar, Oman, la Suisse et la Corée du Sud d’avoir « œuvré sans relâche » aux côtés des Américains en vue de cet accord avec l’Iran.
Le président américain a par ailleurs fait part de sa gratitude « particulière » à l’Émir du Qatar et au sultan d’Oman, « qui ont tous deux aidé à négocier cet accord ».
« Les détenteurs de passeports américains ne doivent pas aller » en Iran, a averti le démocrate. « Réunir avec leur famille les Américains illégalement détenus à l’étranger est une priorité de mon gouvernement depuis le premier jour », a encore écrit J. Biden, qui dit avoir rapatrié « des dizaines de compatriotes. » L’un des cas les plus récents, et les plus marquants, est celui de la basketteuse Brittney Griner, anciennement détenue en Russie et libérée en décembre 2022 dans le cadre d’un échange avec le marchand d’armes russe Viktor Bout.
Parmi les cinq prisonniers américains qui ont été libérés dans le cadre de l’accord d’échange entre l’Iran et les Etats-Unis figurent trois noms : Emad Shargi, Murad Tahbaz et Siamak Namazi. Les deux autres n’ont pas été publiquement identifiés. Dans les médias occidentaux, ils sont présentés comme des hommes d’affaires, des militants écologistes ou humanitaires qui ont été pris en otages pour des opérations d’échange. A aucun moment, ces médias n’évoquent les raisons véridiques pour lesquelles ils ont été arrêtés, condamnés et emprisonnés.
Le site francophone de la télévision iranienne Press Tv a révélé les accusations portées contre eux. L’un d’entre eux supposé être un homme d’affaires espionnait le secteur de l’industrie d’hélicoptères. Le second, un militant écologiste qui en principe s’intéressait aux guépards perses s’est avéré scruter les usines de roquettes. Le troisième, sous couverture d’une activité humanitaire enquêtait sur le secteur pharmaceutique. Dans les trois cas, leurs activités devaient servir à orienter les sanctions américaines contre l’Iran. Si ce n’est plus.
Selon Press Tv, Emad Edward Shargi, né en Iran et détenant la nationalité américaine, a été condamné à 10 ans de prison en janvier 2021 pour espionnage et collecte d’informations militaires. Il est entré en Iran en 2016 sous les traits d’un homme d’affaires, mais l’activité économique était en fait une couverture pour son espionnage dans le domaine militaire, notamment dans celui des transports et de l’industrie iranienne des hélicoptères, comme l’ont montré les documents retrouvés en sa possession.
Selon Press Tv, le but de ces actions visait à aider les décideurs américains à mettre en œuvre le régime de sanctions contre l’Iran pour frapper la chaîne d’approvisionnement internationale des pièces détachées d’hélicoptères destinées au pays.
E.E. Shargi a été arrêté pour la première fois en avril 2018. Il est resté en prison jusqu’en décembre de la même année avant d’être libéré sous caution. Mais avant la tenue de la cour d’appel, il a prévu de s’échapper d’Iran. Séjournant dans une maison privée, il a contacté le réseau d’espionnage américain et lui a demandé d’organiser son transfert secret à l’étranger. Le jour prévu de son évasion, il a rencontré un assistant espion, a retiré la carte SIM et éteint son téléphone portable pour empêcher le suivi. Après cela, ils se sont dirigés vers la gare routière de l’ouest de Téhéran où, sous une fausse identité, il a acheté un billet pour se rendre à la frontière occidentale de l’Iran. D’après Press Tv, les services iraniens ont délibérément laissé l’évasion se dérouler presque jusqu’au point prévu, dans le but de découvrir ses complices. Ils ont finalement tous été arrêtés et condamnés en vertu de la loi iranienne.
Quant à Mourad Tahbaz, né au Royaume-Uni et détenteur d’un passeport américain, il a été condamné à 10 ans de prison en novembre 2019 pour avoir été le chef d’un réseau d’espionnage qui opérait sous le couvert d’un militant pour l’environnement. M. Tahbaz a cofondé la Persian Wildlife Heritage Foundation, officiellement une organisation de conservation dont la principale préoccupation était le guépard asiatique en voie de disparition qui vit principalement dans le nord du désert de Dasht-e Kavir en Iran. La même zone géographique abrite également deux des plus grands sites de roquettes d’Iran, qui sont sous surveillance stricte. L’observation des activités de ces écologistes autoproclamés a révélé qu’ils étaient plus intéressés par ces installations. En outre, la surveillance des contacts de M. Tahbaz a révélé qu’il communiquait régulièrement avec les agences d’espionnage américaines, britanniques et israéliennes. L’enquête a montré que certaines personnes impliquées ont été induites en erreur sur la véritable intention du projet, qui a été faussement présenté dans les médias occidentaux comme une prétendue preuve de l’innocence collective.
Pour sa part, Siamak Namazi, iranien qui a déménagé aux États-Unis avec sa riche famille dans les premières années de la Révolution islamique, il a été condamné en octobre 2016 à 10 ans de prison pour espionnage et coopération avec le gouvernement US et les réseaux de renseignement étrangers A la fin des années 1990, il a tenté de devenir un intermédiaire dans la conclusion d’accords entre des entreprises américaines et iraniennes, en fondant la société de conseil « Atieh Bahar Consulting » à Téhéran. Cette dernière a conclu un accord gazier avec la société «Crescent Petroleum » basée aux Émirats arabes unis sur l’exportation de gaz vers Sharjah, mais le projet n’a entraîné des coûts que pour la partie iranienne et un procès émirati de 32 milliards de dollars.
De toute évidence, il s’agissait d’une fraude bien planifiée visant à nuire aux intérêts iraniens, pour laquelle S. Namazi a été récompensé par le poste de chef de la planification stratégique chez Crescent Petroleum. Venu en Iran sous couvert de travail humanitaire, S. Namazi a participé à la collecte d’informations sur le réseau pharmaceutique iranien, dont il a présenté l’étude approfondie au Wilson Center (WWICS) du gouvernement américain. Cette activité avait pour but de permettre aux faucons américains d’augmenter plus facilement les sanctions contre l’Iran, c’est-à-dire de leur montrer comment et où frapper l’industrie pharmaceutique iranienne. S. Namazi a finalement été arrêté en octobre 2015.
Son père, l’homme d’affaires irano-américain Baqer Namazi, qui avait été condamné en Iran pour espionnage, a été libéré et autorisé à quitter le pays en octobre dernier pour des raisons humanitaires. Âgé de 85 ans, il a été arrêté le 22 février 2016, lorsqu’il est venu en Iran sous prétexte de rendre visite à son fils emprisonné. Il a été condamné à 10 ans de prison pour « collusion avec un État ennemi ».