M. Baitas a réaffirmé que la guerre en Ukraine « n’aura aucun impact sur la disponibilité des produits dont a besoin notre pays, mais plutôt sur les prix qui vont augmenter» , détaillant ainsi les produits importés par le Maroc d’Ukraine et de Russie, mais aussi les alternatives en cas de besoin.
Concernant le blé tendre et l’orge, le responsable a précisé que la Russie et l’Ukraine, se placent respectivement deuxième et troisième fournisseurs de blé tendre pour le Maroc après la France, avec 25% pour la Russie et 11% pour l’Ukraine. « L’importation potentielle du blé tendre d’Ukraine a été définie à 25% soit 8,7 millions de quintaux. Le Maroc a déjà importé 5,6 millions de quintaux. Il en reste 3,1 millions qu’on peut facilement acheter auprès d’autres pays, notamment en UE ou autres» , a-t-il rassuré.
Pour ce qui est de la Russie, « les prévisions d’importation du blé tendre ont connu une grande baisse, vu la faiblesse de la production qu’a connu le pays » a-t-il souligné. Concernant les importations de l’orge d’Ukraine, « elles ont représenté 13% en moyenne durant les 5 dernières années, et 18 % pour la saison actuelle contre 3% pour la Russie» , a fait savoir le porte-parole du gouvernement.
La quantité d’orge que le Maroc prévoit d’importer de la Russie a été fixée à 0,6 million de quintaux, dont 0,5 million que le Maroc a déjà acheté et reçu en début d’année, a-t-il noté. « Le reste des besoins est identifié à 0,17 million de quintaux qu’on peut éventuellement importer de l’UE ou de France» , a indiqué M. Baitas avant de conclure que le Maroc n’importe pas le blé dur, ni d’Ukraine ni de Russie.
La plaie des intermédiaires
Au-delà des céréales, force est de souligner que l’envolée des prix des fruits et légumes, charriée par une très forte correction subie par la tomate (à 10 Dh le kilo son prix a été multiplié par 4), a aussi suscité l’intérêt du ministre. Si son homologue de l’Agriculture avait imputé cette surchauffe à une forte demande à l’export, le porte-parole du gouvernement a affirmé, lui, « qu’il n’y a aucun problème au niveau de la production de la tomate«. Ajoutant que « le programme planifié par le ministère de l’Agriculture a été exécuté. La culture de la tomate occupe quelque 5.800 hectares. Elle est passée à 5.760 voir un peu moins pour cette saison. Mais il y a eu un respect strict de la superficie accordée à la culture de la tomate» , a-t-il avancé, notant que « pendant cette période de l’année, connue par la chute des températures, les agriculteurs adoptent la culture sous serre situées dans la région de Chtouka Ait Baha dans le Souss» .
Dès lors, il a assuré que la tomate est disponible en quantité suffisante sur le marché marocain et qu’il n’était pas prévu que son prix augmente. « Mais cette hausse a eu lieu à cause de la forte demande internationale«, a-t-il soutenu. « La tomate aujourd’hui coûte 1,50 euro sur le marché international. Ce qui s’est passé, et qu’il y a eu une grande tendance à l’exportation en plus du marché interne qui est déraisonnable et qui connaît plusieurs déséquilibres à travers la multiplication des intermédiaires qui augmentent les prix« , a-t-il encore expliqué. « Si on prend l’exemple du marché d’Inezgane, spécialisé dans la tomate, et qui connaît l’afflux de 120 camions de tomates par jour, on trouve que la tomate entre au marché à un certain prix et en ressort avec un autre prix qui représente le double avant même d’arrivé à Casablanca, Rabat et autres régions« , a-t-il fait remarquer.
Pour remédier à cette situation, surtout à la veille du Ramadan qui connaît une forte demande pour la tomate, M. Baitas a fait savoir que » le gouvernement a discuté ce sujet, et est intervenu à travers les mécanismes disponibles« . Ajoutant que « durant les deux prochains jours, les prix vont revenir à la baisse et on espère parvenir à un accord avec les professionnels du transport, pour qu’il n’y ait pas d’autres répercussions qui auront un impact sur le système. Il ne faut pas oublier que tout est lié. Une chose impacte l’autre et ainsi de suite».
Si correction il y aura en la matière, elle ne sera que conjoncturelle, comme d’habitude. Alors que la meilleure approche qui soit serait de réorganiser les circuits de commercialisation des produits agricoles en serrant la vis au niveau des intermédiaires. Nul besoin de rappeler que ces derniers agissent comme de véritables parasites qui se nourrissent sur la bête. Car non seulement ils asphyxient les producteurs, mais ils étouffent aussi les consommateurs. Ils agissent comme la scie, résume l’adage populaire, en mordant le bois à chaque mouvement. Qui doit-on tenir pour responsable de cet état délétère ? De tout temps, on a jeté la pierre à l’Intérieur. L’actuel ministre qui a assuré que ses services veillent sur l’approvisionnement du marché devra assumer ses responsabilités. Et agir en conséquence…
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