Toute cette semaine à New York, il a été question de la nécessaire réforme de l’ONU, du Conseil de sécurité en particulier, pour le rendre plus représentatif des pays en voie de développement notamment. Une réforme soutenue pour la première fois publiquement par un représentant russe. « Pour la Russie, il est évident qu’il n’y a pas d’autre voie, mais les États-Unis et les pays occidentaux qui leur sont subordonnés continuent d’engendrer des conflits qui divisent l’humanité en blocs hostiles, estime S.Lavrov. Ils font tout pour empêcher la formation d’un ordre mondial juste et véritablement multipolaire. Ils cherchent à forcer le monde à jouer selon leurs règles étroites et intéressées. »
Membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie est pourtant de ceux qui usent le plus du privilège du droit de veto. Volodymyr Zelensky, président ukrainien, l’a dénoncé mardi en présentant son plan de paix devant l’Assemblée générale. Un plan qui prévoit notamment le retrait des troupes russes… « Impensable », a dit S. lavrov devant la presse après son discours. « Une fois de plus, nous sommes guidés par la réalité. Zelensky et tous ceux qui le dirigent, à Washington, à Londres, à Bruxelles, d’une seule voix, disent fermement : “Il n’y a pas d’autre base pour la paix que la formule de Zelensky”. Vous pouvez l’appelez comme vous voulez, mais elle est absolument irréalisable », a-t-il estimé.
Lors d’une longue conférence de presse au siège de l’ONU à New York, le chef de la diplomatie russe, était interrogé sur l’implication des États-Unis dans le conflit en Ukraine. « Le fait qu’ils combattent de facto contre nous en se servant du corps des Ukrainiens, je pense que tous ceux ici qui s’intéressent à la situation en Ukraine savent très bien que les Américains, les Britanniques et d’autres se battent en fournissant tout d’abord de plus en plus d’armes », a asséné le chef de la diplomatie russe.
Évoquant l’aide militaire à Kiev, le ministre russe a accusé l’Occident de ne pas chercher à défendre l’Ukraine, mais à combattre directement la Russie. « Ils nous combattent directement », a dit Sergueï Lavrov, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. « Nous l’appelons guerre hybride, mais ça ne change pas la réalité », a-t-il ajouté, évoquant l’aide financière, les armements et des « mercenaires » venus de pays occidentaux.
Plus, S. Lavrov a appelé la communauté internationale à empêcher un glissement vers une « guerre majeure » et un « effondrement des mécanismes de coopération internationale », considérant qu’il s’agit d’un « intérêt commun ».
Dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York, Lavrov a déclaré que « l’humanité se trouve à la croisée des chemins et c’est à nous de déterminer comment l’histoire se développera ». Il a souligné « le regard méprisant avec lequel l’Occident considère le reste du monde au point de rompre ses promesses et ses engagements, y compris ceux écrits et juridiquement contraignants », rappelant la description de l’Occident par le président russe Vladimir Poutine comme étant « l’empire du mensonge ».
D’autre part, S. Lavrov a déclaré que le développement militaire de l’OTAN dans la région Asie-Pacifique, dirigé contre la Russie et la Chine, provoque « le risque d’un nouveau foyer explosif de tensions géopolitiques, en plus des fortes tensions européennes ». Cela s’ajoute à la création par Washington de mini-alliances militaro-politiques sous son contrôle, telles que l’ASEAN, la Tripartite entre les États-Unis, le Japon et la République de Corée, et le Quatuor entre Tokyo, Séoul, Canberra et Wellington.
Il a rappelé que « les États-Unis et certains pays de l’OTAN ont mené des exercices militaires, qui comprenaient l’utilisation d’armes nucléaires, soulignant que c’était « sans précédent depuis la fin de la guerre froide, et que l’objectif déclaré était d’infliger une défaite stratégique à la Russie. »
Lavrov a exprimé l’inquiétude de son pays face au renforcement de la militarisation des États-Unis et de leurs alliés en Asie dans la péninsule coréenne.
Quant à l’initiative du secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, d’organiser un Sommet du futur l’année prochaine, S. Lavrov a expliqué que le succès de cet effort nécessite « un juste équilibre des intérêts de tous les pays membres, tout en respectant le caractère intergouvernemental de notre organisation ». Et d’appeler à la « nécessité » d’envisager des « méthodes plus équitables » pour former le Secrétariat des Nations Unies, ainsi que de reconsidérer les fondements de l’ONU créée après la Seconde Guerre mondiale.
S. Lavrov a ensuite commenté les événements dans le Caucase du Sud, affirmant que Bruxelles impose ses « services de médiation » à l’Azerbaïdjan et à l’Arménie, ce qui conduit à « la déstabilisation du Caucase du Sud en coopération avec Washington », soulignant l’engagement de son pays en faveur de la médiation et à promouvoir « une vie paisible là-bas ». Il a estimé que les tentatives « égoïstes » de la minorité occidentale de mettre l’Ukraine à l’ordre du jour des discussions internationales relèguent au second plan un certain nombre de crises régionales non résolues depuis des années et des décennies.