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Stratégie russe d’attrition payante : Un autre village passe sous le contrôle de son armée

L'armée russe a complètement libéré le village de Berdytchi dans la République de Donetsk, a indiqué le ministère de la Défense vendredi. Des avancées sont aussi signalées à Tchassov Iar.
Stratégie russe d’attrition payante : Un autre village passe sous le contrôle de son armée

« À la suite d’actions actives, les unités du groupe de forces « Centre » ont complètement libéré le village de Berdytchi dans la République populaire de Donetsk », a annoncé l’armée russe. Plusieurs unités d’infanterie motorisées ukrainiennes ont été vaincues, ajoute le communiqué. Ce village est situé dans la région d’Avdeïevka, sur une route clé pour l’approvisionnement du groupe Donbass des forces armées ukrainiennes, dans laquelle l’armée est à l’offensive, avançant de cinq kilomètres depuis plusieurs semaines dans le saillant d’Ocheryno.

L’armée russe a ainsi annoncé la prise de Semionovka le 29 avril et de Novobakhmoutovka la veille. La logistique des troupes ukrainiennes est considérablement perturbée, a estimé RIA Novosti, ajoutant que cette nouvelle avancée ouvrait de nouvelles perspectives pour le troupes russes, notamment vers Novosselovka.
Le média russe Rybar a aussi rapporté des avancées des parachutistes russes dans la ville de Tchassov Iar, plus au nord dans la région d’Artiomovsk (Bakhmout), où se déroulent de violents combats depuis le début du mois d’avril. Sur le front sud, dans la région de Zaporojié, les combats se poursuivent à Rabotino.

Oleksandre Syrsky, commandant en chef de l’armée ukrainienne, a reconnu une nouvelle fois le 28 avril que la situation sur le front s’était « détériorée », les troupes russes remportant des « succès tactiques » dans plusieurs zones. Aussi a-t-il rapporté de « violents combats » au cours de la semaine écoulée, évoquant une situation « dynamique » avec certaines positions capturées par l’un puis l’autre camp plusieurs fois au cours d’une seule journée. Il a toutefois tenté de se faire rassurant, revendiquant des améliorations de «positions tactiques » dans certaines zones.

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin dans un entretien diffusé le 28 avril, a quant à lui estimé que la panique se faisait sentir sur le front du côté ukrainien.

En 2024, les pertes ukrainiennes s’élèvent à « plus de 111 000 hommes », a ajouté pour sa part Sergueï Choïgou, lors d’une réunion en téléconférence avec les dirigeants des forces armées russes. « 21 000 unités d’armes et d’équipements militaires » ont également été perdues par les forces ukrainiennes, a ajouté samedi le ministre russe. Celui-ci a accusé les dirigeants à Kiev de sacrifier leurs citoyens au nom de la poursuite de l’aide financière et militaire occidentale, renforçant la mobilisation en raison d’un taux d’attrition élevé. « Les États-Unis d’Amérique et leurs alliés exigent que l’Ukraine empêche l’effondrement de sa défense et contienne à tout prix l’offensive des troupes russes. En conséquence, les pertes quotidiennes de l’ennemi en avril se sont élevées à un millier de militaires », a relevé S. Choïgou. En outre, le ministre a évoqué les succès remportés par l’armée russe depuis le début de l’année. Ainsi, les gains territoriaux des forces russes s’élèvent à 547 kilomètres carrés. S. Choïgou a notamment évoqué la libération de Novobakhmoutovka, de Semenovka et de Berdytchi, en République populaire de Donetsk, au cours de la semaine écoulée.

Mise en garde contre Paris

Le porte-parole de la présidence russe a réagi samedi aux propos d’Emmanuel Macron concernant un éventuel envoi de troupes en Ukraine. « La France, en la personne du chef de l’État français, continue à évoquer en permanence la possibilité de son engagement direct sur le terrain dans le conflit autour de l’Ukraine. C’est une tendance très dangereuse », a déclaré à la presse Dmitri Peskov. Dans une interview accordée à The Economist, publiée la veille, le président français a maintenu ses propos quant au fait qu’il n’excluait pas la possibilité d’envoyer des troupes en Ukraine si la Russie venait à enfoncer la ligne de front et si Kiev formulait une telle demande. Selon E. Macron, « beaucoup de pays » auraient déclaré « comprendre » sa démarche. Cette éventualité avait été annoncée pour la première fois, le 26 février au sortir d’une conférence internationale sur le soutien à l’Ukraine. Le président français avait, au nom d’une doctrine d’« ambiguïté stratégique », déclaré qu’un envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait « être exclu », tout en reconnaissant qu’il n’existait à ce stade pas de « consensus » parmi les alliés de Kiev. Dans la foulée, l’écrasante majorité des chancelleries occidentales, y compris Washington, avait désavoué cette sortie d’E. Macron.

D. Peskov a également dénoncé l’« escalade verbale de la part des représentants officiels » occidentaux. En plus des déclarations d’E. Macron, le porte-parole du Kremlin a pointé du doigt les propos tenu le 2 mai par David Cameron, chef de la diplomatie britannique. En déplacement à Kiev où il a réitéré le soutien militaire de Londres qui fournirait « 3 milliards » de livres sterling à l’Ukraine, chaque année, « aussi longtemps qu’il faudra », celui-ci a déclaré son soutien à des frappes sur le sol russe que les forces ukrainiennes pourraient mener avec des armes britanniques. « En ce qui concerne ce que font les Ukrainiens, à notre avis, c’est leur décision de comment utiliser ces armes », a-t-il déclaré. « L’Ukraine a absolument le droit de riposter contre la Russie. L’Ukraine a ce droit », a-t-il insisté, suite à une demande de clarification du journaliste quant à des frappes à « l’intérieur de la Russie ». Une position en rupture avec celle notamment affichée par Washington ou encore Berlin. Plus gros fournisseurs de l’aide militaire occidentale à Kiev, jusqu’à présent ceux-ci déclarent demander à l’Ukraine de garantir que leurs armements ne soient employés que « sur le territoire souverain ukrainien ». Une définition qui, à leurs yeux, inclut la Crimée, les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk ainsi que les régions de Kherson et de Zaporijjia.

« Pour la première fois, directement ouvertement, les responsables politiques occidentaux révèlent ce qui est un secret de polichinelle : c’est-à-dire que c’est une guerre ouverte contre la Russie », a également réagi ce 3 mai Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, lors de son briefing hebdomadaire. Le 24 avril, dans une interview au Financial Times, l’amiral Tony Radakin, chef d’état-major britannique, s’était félicité que la fourniture d’armes à longue portée allait permettre aux forces ukrainiennes de « poursuivre des opérations en profondeur », ces dernières devenant « de plus en plus une caractéristique » du conflit. T. Radakin « n’a exprimé aucun scrupule apparent face aux attaques ukrainiennes et aux raids de sabotage en Russie », relatait le quotidien britannique. Le même jour, le New York Times (NYT) révélait, citant une source officielle américaine sous couvert d’anonymat, que le président Joe Biden avait, secrètement et à la mi-février, « approuvé la décision d’envoyer plus de 100 missiles à longue portée, ainsi que de plus grandes quantités d’armes à sous-munitions, dans le cadre d’une livraison d’armes de 300 millions de dollars ». Des armes longue portée qui, selon le Kremlin, « n’affecteront pas la réalisation des objectifs de la Russie », a réagi D. Peskov.

Sanctions contre Pékin

« Les États-Unis continuent d’exercer une pression non dissimulée sur ces pays », a commenté D.Peskov, au lendemain de nouvelles sanctions prises par le département du Trésor américain visant 300 entités et entreprises chinoises, mais aussi belges, slovaques, émiraties et turques, accusées d’avoir fourni des équipements au complexe militaro-industriel russe.

Selon Reuters, 80 entreprises seraient localisées en Chine et à Hong Kong et auraient entre autres exporté des pièces détachées utilisées pour la fabrication de drones. « Les entreprises et les sociétés en souffrent, mais cela ne peut pas perturber le développement de nos relations bilatérales avec ces pays », a poursuivi D. Peskov, avant d’ajouter que « les pays y sont intéressés, ils veulent conserver leur souveraineté. » « Nous espérons continuer à coopérer, de manière à minimiser progressivement les risques liés à de telles manifestations inamicales, ou plutôt hostiles », a-t-il encore déclaré à la presse.

« La Chine exhorte les États-Unis à cesser de dénigrer et de réprimer la Chine et à cesser de mettre en œuvre des sanctions illégales et unilatérales », a déclaré la diplomatie chinoise dans un message transmis à l’AFP. « La Chine prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre résolument les droits légaux et les intérêts des entreprises chinoises », a-t-elle ajouté. Selon Janet Yellen, secrétaire US au Trésor, son département a « constamment averti que les entreprises encourront des conséquences importantes si elles apportent un soutien matériel à la guerre menée par la Russie » et que ses « actions perturberont et dégraderont encore davantage les efforts de guerre de la Russie ».

Pékin a souligné qu’elle n’était « ni à l’origine ni partie prenante » à la crise en Ukraine, et a revendiqué le droit de développer des relations commerciales «normales» avec tous les pays, y compris la Russie. Les relations entre la Chine et la Russie se sont renforcées depuis 2022, Moscou ayant réorienté ses débouchés vers l’Est. Pékin appelle à des négociations en Ukraine et n’a jamais condamné son voisin, en dépit des pressions occidentales.
A signaler que les pays de l’Otan se sont dits jeudi 2 mai 2024 « vivement préoccupés par les activités malveillantes » de la Russie « menées récemment sur le territoire de l’Alliance », qui « constituent une menace pour leur sécurité ». Dans un communiqué, les Alliés dénoncent les « activités étatiques hostiles ayant touché la Tchéquie, l’Estonie, l’Allemagne, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et le Royaume-Uni ». « Il s’agit d’actes de sabotage, d’actes de violence, d’activités cyber, de perturbations électroniques, de campagnes de désinformation et d’autres activités hybrides », précisent-ils.

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