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Présides occupés de Sebta et Melilla : La diplomatie marocaine retrouve, enfin, le nord !

Rabat aurait tenté de remettre au pas un eurocrate qui s’est arrogé le droit de remettre en question les revendications historiques du Royaume concernant ses Présides du Nord toujours sous occupation espagnole. C’est ce que révèle la presse espagnole. Il faut croire que la communication n’est pas le fort de la diplomatie marocaine, reléguée au rang de « domaine réservé ». D’autant plus que lorsque le chef du gouvernement espagnol n’a pas hésité à froisser le sentiment national en affirmant depuis la capitale du Royaume l’hispanité des villes et des îlots qui s’y rattachent, aucune réaction officielle n’a été relevée. Pis, on a même tenté de faire taire la voix du président de la deuxième chambre qui a fait une sortie sur la question.
La diplomatie marocaine retrouve, enfin, le nord !

C’est le quotidien espagnol El Pais qui révèle le pot aux roses. Le Maroc a vivement protesté contre des « déclarations hostiles » faites par Margaritis Schinas, vice-président de la Commission européenne chargé de la Migration, assure le journal en faisant valoir une lettre du ministère des Affaires étrangères adressée, le 17 mai, à la Commission européenne.

Le Maroc aura donc officiellement protesté contre les propos de l’eurocrate grec tenus une semaine plus tôt à Bruxelles lors de sa participation à un forum européen sur la sécurité et la défense. M. Schinas a accusé le Maroc de recourir aux « menaces hybrides », précise de son côté El Faro de Melilla, en utilisant les immigrés comme « une arme ».

Des sources diplomatiques européennes ont confié à El Pais leurs « mécontentement » vis-à-vis de l’attitude marocaine. « Ce n’est pas le comportement de respect et de subtilité qu’on attend d’un pays qui reçoit beaucoup d’aide » des Vingt-sept, rapporte le quotidien espagnol.

La missive du ministère des Affaires étrangères a rappelé que le Grec est l’auteur de « plusieurs déclarations hostiles au Maroc ». Au lendemain de l’afflux de milliers de Marocains vers Sebta, enregistré les 17 et 18 mai 2021, M. Schinas avait assuré dans une interview accordée à une radio publique espagnole, que la ville de Sebta « c’est l’Europe, cette frontière est européenne et ce qui se passe là-bas n’est pas seulement le problème de Madrid, c’est le problème de tous » les Européens. Et d’ajouter que « personne ne peut intimider ou faire chanter l’Union européenne ».

Le quotidien madrilène souligne également que le Maroc s’est référé, dans sa lettre de protestation, à Sebta et Melilla comme étant « marocaines » alors que M. Schinas les a considérées comme « frontière de l’Union européenne ». Les sources d’El Pais estiment que la référence marocaine est en contradiction avec la Déclaration conjointe, publiée le 2 février à l’issue de la conclusion à Rabat de la 12e Réunion de haut niveau Maroc-Espagne. En effet, le texte a surtout mis l’accent sur « le respect mutuel et la mise en œuvre des engagements et des accords signés par les deux parties, dans lesquels les questions d’intérêt commun sont abordées dans un esprit de confiance, loin des actions unilatérales ou des faits accomplis ».

Pedro Sanchez avait insisté, dans une allocution à l’occasion de ce sommet, sur le climat de concorde bilatérale. « Nous avons assumé un engagement de respect mutuel, par lequel dans notre discours et dans notre pratique politique, nous allons éviter tout ce qui offense l’autre partie, notamment tout ce qui affecte nos sphères de souveraineté respectives », avait-il assuré.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le royaume réaffirme, dans des documents officiels, la marocanité des Présides du Nord et des îlots qui s’y rattachent. En septembre 2022, le ministère de l’Intérieur a porté cette revendication dans la lettre adressée aux Nations unies, en assurant que « le Maroc n’a pas de frontières terrestres avec l’Espagne ». Une précision faite alors par les autorités marocaines en réponse à une demande du Haut-commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme, portant sur les circonstances de la mort tragique, le 26 juin, de dizaines de migrants alors qu’ils tentaient d’accéder à Melilla.

Coopération douanière :

El Faro de Melilla a assuré par ailleurs que le Maroc et l’Espagne ont effectué, vendredi soir avec succès, le premier passage de marchandises à travers la douane de Sebta. Soit dix jours après la protestation adressée par le Royaume à l’eurocrate grec.

Un camion appartenant à une société privée a ainsi franchi la frontière de la ville occupée vers 20h avec un chargement de 15 tonnes de sable, précise la même source.

La Délégation du gouvernement de Sebta a qualifié l’opération d’« étape historique » dans les relations entre le Maroc et l’Espagne, incluant « la pleine normalisation de la circulation des personnes et des marchandises […], y compris les dispositifs appropriés de douane et de contrôle des personnes au niveau de la terre et de la mer ».

Ce passage intervient alors que l’Espagne a rendez-vous, dimanche 28 mai, avec des élections communales et régionales. El Mundo, proche de la droite, a avancé que le Maroc aurait avorté l’expérience pilote réalisée à la douane à Sebta.

Rabat et Madrid ont effectué deux essais aux douanes de Sebta et Melilla, le 27 janvier et le 24 février. Pour rappel, la Déclaration conjointe publiée au terme de la 12e Réunion de haut niveau maroco-espagnole a réitéré l’engagement des deux parties à continuer d’« avancer de façon ordonnée vers la pleine normalisation de la circulation des personnes et des marchandises » et « poursuivront [les] tests sur le calendrier accordé pour dépasser les contraintes éventuelles ».

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