Dans un « Poverty & Equity Brief » publié par l’institution financière, celle-ci a rappelé qu’entre 2007 et 2013, le Maroc a connu une réduction significative de la pauvreté. Le document rappelle que la pauvreté mesurée avec le seuil national est passée de 8,9 % en 2007 à environ 4,8 % en 2013. De même, lorsqu’elle est mesurée à l’aide des nouveaux seuils internationaux (PPA 2017), la baisse est également importante. « Au cours de la dernière décennie, la croissance a été favorable aux pauvres, mais l’écart entre les taux de pauvreté des zones urbaines et rurales reste important. En 2013, la consommation moyenne des ménages urbains était presque deux fois plus élevée que celle des ménages ruraux. Entre 2006 et 2013, la croissance de la consommation des ménages des deux quintiles inférieurs a été de 3,8%, contre une croissance moyenne de 3%. L’évolution des inégalités de consommation a été décevante depuis 2000, le coefficient de Gini stagnant autour de 40 points, ce qui souligne la nécessité d’une croissance plus inclusive », poursuit la même source.
La Banque mondiale cite ensuite l’analyse produite par le Haut-commissariat national du plan (HCP) sur la base d’un panel recueilli à la suite de la nouvelle enquête sur le budget des ménages (2019). Une analyse qui « suggère qu’en 2020, les ménages pauvres ont été touchés de manière disproportionnée par la pandémie de Covid-19, et que les plus vulnérables opèrent dans le secteur urbain informel et occupent des emplois précaires dans les secteurs des services et de l’artisanat ».
Après la forte augmentation de la pauvreté en 2020, les conditions de vie ont commencé à se normaliser progressivement en 2021 en raison d’une amélioration des performances du marché du travail et d’une année agricole exceptionnellement bonne. Mais « la grave sécheresse affectant la production nationale et les revenus des agriculteurs, associée à la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie générée par le conflit en Ukraine, a entraîné une détérioration des conditions de vie et de la sécurité alimentaire en 2022 », note-t-elle.
Le document del’institution explique que les projections neutres sur le plan de la répartition indiquent une stagnation du taux de pauvreté national pour l’année. Cependant, « il est plus probable que le bas de la distribution soit affecté de manière disproportionnée, avec pour conséquence une augmentation de la pauvreté », affirme-t-on.
Intitulée «Evolution des inégalités sociales dans un contexte marqué par les effets de la Covid-19 et de la hausse des prix», l’enquête publiée en octobre par le HCP a indiqué que « l’incidence de la pauvreté absolue a augmenté de 1,7% en 2019 à 3% en 2021 au niveau national, de 3,9% à 6,8% en milieu rural et de 0,5% à 1% en milieu urbain ». Il a aussi reconnu que l’envolée des prix au Maroc a « accentué les inégalités sociales » alors que le royaume se retrouve avec le niveau de la pauvreté et de la vulnérabilité monétaires de 2014.
Le HCP ajoute qu’environ 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté (1,15 millions) ou dans la vulnérabilité (2,05 millions), alors que près de 45% de cette détérioration de la pauvreté et de la vulnérabilité est due à l’effet de la pandémie et 55% à l’effet de la hausse des prix à la consommation.