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Nouvelle vague répressive en Egypte : Le leader du Courant libre embastillé

Hisham Kassem, journaliste et éditeur a été condamné samedi à six mois de prison ferme pour injures contre un ancien ministre et un officier de police. H. Kassem est le secrétaire général du Courant Libre qui s’oppose au pouvoir du président Abdel Fattah al Sissi.
Nouvelle vague répressive en Egypte : Le leader du Courant libre embastillé

Un tribunal correctionnel égyptien a condamné samedi H. Kassem, chef de l’opposition libérale, à six mois de prison ferme. Une sentence l’empêchant de fait de participer à la campagne pour la présidentielle prévue au printemps. La veille déjà, Ahmed al-Tantawi qui est l’unique candidat déjà en campagne, révélait que son téléphone était sur écoute depuis septembre 2021, après que le laboratoire Citizen Lab de l’Université de Toronto y a établi la présence d’un logiciel espion.

H. Kassem a été condamné à « trois mois ferme et 20 000 livres égyptiennes (environ 600 euros) d’amende » pour « diffamation » envers un ancien ministre et « trois mois ferme pour outrage à agents » dans le cadre de la première affaire, rapporte sur X (ex-Twitter) Gameela Ismaïl, l’une des cadres du Courant libre, coalition d’opposition dirigée par H. Kassem. La séance d’appel à la condamnation a été fixée au 7 octobre prochain.

Placé en détention provisoire le 23 août pour avoir refusé de payer la caution fixée par le parquet, l’activiste avait été accusé d’injure sur les réseaux sociaux par un ancien ministre du Travail, qui l’avait lui-même accusé d’être à la solde de l’étranger. Pour rappel, H. Kassem avait cofondé en 2004 le grand journal indépendant al-Masry al-Youm et s’opposait ouvertement au pouvoir du président A. al Sissi.

Comme plusieurs personnalités libérales, il avait dénoncé « le peu de crédibilité » des élections présidentielles qui doivent se dérouler avant le mois de mars. La date de présentation des candidatures n’a pas encore été fixée par la commission électorale, mais des affiches soutenant le président Sissi ont déjà commencé à être placardés dans les rues

La condamnation a provoqué de nombreuses protestations sur les réseaux sociaux de la part du camp libéral et de défenseurs des droits de l’homme. Amnesty International a dénoncé une « campagne ininterrompue des autorités égyptiennes pour faire taire les critiques pacifiques et punir les opposants ». L’Égypte se trouve à 135ème place sur 140 au classement mondial de l’État de droit du World Justice Project et compte des milliers de prisonniers politiques.

Le Raïs au pouvoir depuis qu’il a destitué l’islamiste Mohamed Morsi en 2013, entend se présenter aux élections présidentielles à venir, même s’il ne l’a pas encore officiellement annoncé. Le régime a lancé un grand « dialogue national », censé donner de la voix à une opposition muselée et réduite comme une peau de chagrin par les arrestations durant une décennie. Il a aussi relancé son comité des grâces présidentielles. Plusieurs figures de l’opposition sont sorties de prison ces derniers mois. Mais, notent les ONG, si le comité des grâces présidentielles a libéré un millier de détenus d’opinion, « trois fois plus ont été arrêtés » dans le même temps. Pour G. Ismaïl, « Hicham Kassem dérangeait le régime depuis longtemps car il dénonçait notamment le rôle de l’armée dans l’économie » égyptienne, en chute libre depuis des mois.

Et ce ne serait pas le seul à déranger, puisque « au moins 35 membres de sa campagne ont été arrêtés en moins de trois semaines dans 13 provinces différentes », a rapporté vendredi l’ONG Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR). Le Courant libre dit se réserver le droit à une « escalade » et ses cadres évoquent la possibilité de geler leurs activités et de boycotter la présidentielle ou le dialogue national.

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