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L’US Army a quitté l’Afghanistan : Baroud d’honneur chez les Taliban

Alors que le Pentagone a déclaré que le dernier avion avec des troupes US avait quitté l’Afghanistan lundi 30 août, l’événement a été salué par des salves de coups de feu dans la capitale afghane, rapporte l’AFP.

Les derniers soldats américains ont quitté l’Afghanistan, a annoncé le Pentagone ce lundi, laissant le pays aux mains des Taliban, leurs ennemis de 20 ans, au terme de la plus longue guerre de l’histoire des États-Unis.
«Le dernier avion C-17 a décollé de l’aéroport de Kaboul le 30 août» à 19h29 GMT, a déclaré le général Kenneth McKenzie lors d’une conférence de presse. «Si les évacuations militaires sont terminées, la mission diplomatique pour s’assurer que davantage de citoyens américains et d’Afghans éligibles voulant partir continue», a ajouté le général américain. Depuis le 14 août, sur une période de 18 jours, les avions des États-Unis et de leurs alliés ont évacué plus de 123.000 civils de l’aéroport international Hamid-Karzai, a également précisé le général McKenzie.
Des journalistes de l’AFP dans la ville ont entendu des tirs depuis différents postes de contrôle des Taliban, ainsi que des congratulations de combattants aux postes de sécurité de la zone verte.
A Moscou, un accueil favorable a été réservé à la proposition du Président français de créer une zone sécurisée dans la capitale afghane pour la poursuite des opérations humanitaires. Cependant, selon le porte-parole du Kremlin, «il est très important de comprendre l’attitude des Taliban à cette idée». «C’est une proposition qui doit être discutée. Il est très important de discuter de toutes les modalités d’une telle zone, du régime. Et surtout, il est très important de comprendre l’attitude des Taliban à l’idée de créer une telle zone», a déclaré Dmitri Peskov.

Lors d’une interview accordée au Journal du Dimanche, Emmanuel Macron a révélé que la France et le Royaume-Uni allaient plaider ce 30 août à l’Onu pour la création à Kaboul d’une « safe zone », aire protégée qui permettra la poursuite des opérations humanitaires.
Il a par ailleurs jugé «prématurée» l’idée de retirer les Taliban de la liste des organisations classées terroristes.
A Kaboul, Suhail Shaheen, porte-parole du bureau politique des Taliban a déclaré le 29 août à Franceinfo que la proposition d’E. macron n’était pas «nécessaire» pour continuer les opérations humanitaires. «Ce n’est pas nécessaire, l’Afghanistan est un pays indépendant. Peut-on créer une telle zone en France ou au Royaume-Uni?», s’est-il interrogé. Et d’ajouter que «chaque Afghan pourra de toute façon, après le 31 août, voyager à l’étranger s’il le souhaite».
«Nous essayons, parce que c’est très important, de rouvrir l’aéroport [de Kaboul] au plus vite», a précisé S. Shaheen. Un premier vol en provenance du Pakistan a été signalé en Afghanistan. A l’heure où des appels pressants sont lancés pour venir au secours de la population afghane en manque de tout.
Vladimir Poutine a déclaré lundi que la Russie était intéressée à ce que la situation soit stable en Afghanistan.
Lors du séjour une délégation des Taliban à Moscou début juillet, son chef, Shahabuddin Delawar, y avait déclaré à l’issue des entretiens que le mouvement ferait tout son possible pour empêcher Daech d’opérer sur le territoire afghan et qu’ils chercheraient également à mettre fin à la production de drogue.
En 2020, Américains et Taliban ont signé un accord de paix, le premier en 18 ans de guerre. Il prévoit que les militaires américains doivent quitter l’Afghanistan, ce qui entraîne aussi le départ des troupes de l’Otan qui utilisent les mêmes infrastructures.
Les Taliban avaient déjà dirigé le pays entre 1996 et 2001, imposant une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Cette fois, ils promettent de respecter les croyances religieuses et les valeurs spirituelles de tous les Afghans, de fournir aux femmes tous les droits dans le cadre de la loi islamique et aux médias la possibilité de travailler librement.
La Russie a appelé lundi à débloquer les réserves monétaires de la Banque centrale afghane gelées aux USA, sous peine de voir les trafics exploser. « Si nos collègues occidentaux s’inquiètent vraiment du sort du peuple afghan, il ne faut pas lui créer de problèmes supplémentaires en gelant les réserves d’or et de devises », a estimé Zamir Kaboulov, émissaire du Kremlin pour l’Afghanistan, au micro de la chaîne Rossiya-24 Selon lui, il est urgent de « dégeler ces avoirs (…) pour soutenir le cours de la monnaie qui s’écroule ». Z. Kaboulov a en outre jugé que, sans ces réserves, le nouveau pouvoir afghan sera tenté de se tourner vers « le trafic d’opiacés illégaux » et « d’écouler sur le marché noir les armes » abandonnées par l’armée afghane et les Etats-Unis.
Les réserves brutes de la Banque centrale afghane s’élevaient à 9,4 milliards de dollars fin avril, selon le Fonds monétaire international (FMI). La majorité de ces fonds sont détenus en dehors de l’Afghanistan.
Washington a indiqué que les Taliban n’auront pas accès aux avoirs détenus aux Etats-Unis, sans préciser le montant concerné.

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