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Lorsque H. Kissinger appelle à composer avec Moscou : G. Soros enfonce et la Russie et la Chine

Au Forum de Davos, la crise russo-occidentale a été au centre des débats. Henry Kissinger, ancien secrétaire d’État américain, a averti l’Occident de sa tentative continue d’assener une défaite aux forces russes en Ukraine, notant que cela aurait de « graves conséquences » pour la stabilité de l’Europe à long terme. Par contre, George Soros, ennemi juré de Moscou et parrain des « Révolutions de couleur », a appelé à mettre à genoux la Russie.

Dans son intervention au Forum de Davos lundi 23 mai, H. Kissinger a évoqué « le statut de la Russie dans l’équilibre européen des pouvoirs », notant que « Moscou faisait partie essentielle de l’Europe depuis 400 ans et a été le garant de l’équilibre des pouvoirs en Europe dans des moments critiques ».

Pour l’ancien chef de la diplomatie US, « l’Ukraine doit céder certaines terres à la Russie », afin de mettre fin à la guerre. Après avoir dit que les pays occidentaux devraient se souvenir de l’importance de la Russie pour l’Europe et de ne pas se laisser emporter « par l’humeur du moment », l’icône de la diplomatie US a sommé l’Occident à contraindre l’Ukraine à accepter de s’asseoir sur la table des négociations avec la Russie, même si les conditions de négociations sont inférieures aux objectifs établis pour sortir de la guerre. Dans la foulée, il a insisté sur le fait que « la situation appropriée pour l’Ukraine est la neutralité, afin de servir comme pont entre la Russie et l’Europe ».

H. Kissinger a en outre exhorté les dirigeants occidentaux à « ne pas pousser la Russie à entrer dans une alliance permanente avec la Chine ».

Quant au milliardaire américano-hongrois G. Soros, il a estimé, lui, que la «civilisation [pouvait] ne pas survivre» à la guerre en Ukraine, appelant l’Occident à «vaincre» le président russe Vladimir Poutine «le plus tôt possible» et à défendre «la société ouverte» face à l’alliance russo-chinoise.
«L’invasion [de l’Ukraine par la Russie] a peut-être été le début de la Troisième guerre mondiale et notre civilisation peut ne pas y survivre», a-t-il déclaré dans son discours, dans lequel il a regretté le recul des «sociétés ouvertes» dans le monde depuis le «tournant» des attentats du 11 septembre 2001.

Agé de 91 ans, le milliardaire a d’ailleurs commencé par exprimer une certaine nostalgie à propos de la fin des années 80, marquée par la désintégration progressive de l’Union soviétique et par ses succès personnels. «J’ai créé une fondation après l’autre […] dans ce qui était alors l’empire soviétique», s’est-il remémoré, en se félicitant «que l’effort s’est avéré plus fructueux» qu’il ne l’escomptait. Il s’agissait d’«une époque passionnante», selon le milliardaire, d’autant plus qu’elle a coïncidé avec «une période de réussite financière personnelle», puisque les dons annuels perçus sont passés de «3 millions de dollars en 1984 à plus de 300 millions de dollars trois ans plus tard». Or une phase de crise a succédé selon lui à cette époque d’expansion du libéralisme et de la «société ouverte», avec les attentats du World Trade Center, suivis de la montée progressive de l’affrontement entre l’Occident d’un côté, la Russie et la Chine de l’autre.

Avec le déclenchement de l’offensive militaire russe en Ukraine le 24 février, le camp occidental doit, selon le milliardaire, resserrer les rangs et mobiliser toutes ses ressources contre Moscou. «La meilleure et seule façon de préserver notre civilisation, c’est de vaincre [Vladimir] Poutine dès que possible», a-t-il insisté.

Revenant sur les sanctions adoptées par les pays occidentaux à l’encontre de la Russie, il a estimé que l’Europe pourrait être dans «une position plus forte» qu’elle ne le pense concernant le gaz russe, malgré les divergences au sein de l’UE sur le dernier paquet de mesures et les fortes réticences de certains des Etats membres, au premier rang desquels la Hongrie.  «Je pense que [Vladimir] Poutine est très malin et en quelque sorte fait chanter l’Europe en menaçant de couper le gaz. Mais en réalité, son dossier est moins solide qu’il ne le prétend», a avancé le milliardaire. Il a argumenté que la Russie avait volontairement créé une situation de pénurie à l’hiver dernier en stockant son gaz plutôt que de l’envoyer en Europe, ce qui a fait grimper les prix. Le président russe aurait ainsi réussi «à terrifier l’Europe», mais se trouverait en même temps «dans une situation tendue», puisqu’il doit «faire quelque chose de ce gaz, et le seul endroit qui peut l’absorber, parce qu’il y a des pipelines, c’est l’Europe», a fait valoir le milliardaire.
Il a précisé avoir présenté cette analyse dans une lettre adressée à Mario Draghi, Premier ministre italien, à laquelle il a dit n’avoir pas encore eu de réponse. G. Soros a aussi mis en cause la politique de l’ex-chancelière allemande Angela Merkel pour expliquer la dépendance selon lui toujours «excessive» de l’Europe aux hydrocarbures russes. «Elle a passé des accords spéciaux avec la Russie pour la fourniture de gaz, et fait de la Chine le plus gros partenaire de l’Allemagne à l’exportation. Cela a fait de l’Allemagne le pays affichant la meilleure performance [économique] en Europe, mais maintenant il y a un lourd prix à payer», a-t-il dit.
Outre V. Poutine, le milliardaire s’en est aussi une nouvelle fois pris au président chinois Xi Jinping, les appelant «les deux dictateurs». «Aujourd’hui, la Chine et la Russie représentent la plus grande menace pour une société ouverte», a-t-il affirmé, évoquant aussi les affrontements économiques entre les grandes entreprises américaines et chinoises dans le domaine des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle. De nouveaux instruments en théorie neutres, selon lui, mais qui facilitent la production d’«instruments de contrôle qui aident les régimes répressifs et mettent en danger les sociétés ouvertes». A cet égard, la crise du Covid-19 a, selon G. Soros contribué à «légitimer» ces outils de surveillance et de contrôle, «parce qu’ils sont vraiment utiles pour lutter contre le virus».

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