Les raids et pilonnages israéliens restent incessants dans la bande de Gaza. Au moins 7 martyrs palestiniens ont été signalés après deux bombardements intervenues contre les camps de Boureij et Nouseirat. En sus, des colons israéliens abattent un Palestinien âgé après l’avoir kidnappé pendant des heures.
En dépit de la supériorité de la machine de guerre israélienne, la résistance palestinienne ne désarme pas. La preuve, les Brigades Al-Qods, bras armé du Jihad islamique, a bombardé Ashkelon et les colonies de l’enveloppe de Gaza avec une salve de drones. Mais c’est l’opération du pont Al-Karama, point de passage entre la Cisjordanie et la Jordanie qui permet d’alimenter Israël en divers produits à cause du blocus réussi par la résistance yéménite et irakienne dans la mer Rouge mais aussi en Méditerranée, qui retient l’attention. Trois policiers israéliens ont été abattus, dimanche matin, suite à une opération à l’arme à feu L’auteur de cette opération, venu de la Jordanie, est tombé en martyre. Selon les premières informations rapportées par les médias israéliens, « l’attaque s’est produite vers 9h55 au terminal de fret du pont Allenby. Un chauffeur de camion, soupçonné d’être l’auteur de cette opération, aurait dissimulé une arme de poing dans son véhicule. À son arrivée au poste de contrôle, il serait descendu de son camion et aurait ouvert le feu à bout portant sur les personnes présentes ». Trois Israéliens d’une cinquantaine d’années ont été grièvement blessés lors de la fusillade. Malgré l’intervention rapide des équipes du Magen David Adom (MDA) et des forces médicales de l’armée d’occupation israélienne, ils ont succombé à leurs blessures sur place. Un hélicoptère a été déployé et des barrages routiers mis en place dans la vallée du Jourdain. Aussitôt après cette opération, les forces d’occupation ont agressé les ouvriers et conducteurs des camions présents sur place.
David Elhayani, chef du conseil régional de la vallée du Jourdain, a commenté l’opération en indiquant qu’« il s’agit d’un événement difficile avec un résultat tragique. Nous savons qu’il s’agissait d’un chauffeur de camion jordanien qui est descendu de son véhicule, a sorti un pistolet, a vidé un premier chargeur et en a chargé un second. » Cette opération, en soutien à Gaza, survient une semaine après une autre attaque près du checkpoint de Tarkumiya, au nord d’Al-Khalil Hébron, où trois policiers israéliens avaient été abattus.
En réaction le Hamas a salué « cette opération héroïque menée par un des héros la Jordanie ». Il a affirmé dans un communiqué que « cette attaque constitue une réponse naturelle à l’Holocauste perpétré par l’ennemi nazi-sioniste contre notre peuple à Gaza et en Cisjordanie occupée ainsi qu’à ses projets de déplacement et de judaïsation de la mosquée Al-Aqsa ». Et d’ajouter que « cette opération confirme le rejet par les peuples arabes de l’occupation, de ses crimes et de ses ambitions en Palestine et en Jordanie. Elle révèle également le ferme soutien à notre peuple et à sa vaillante résistance qui défend Al-Qods et la mosquée d’Al-Aqsa ».
« Gaza, qui défend la nation contre les sionistes et mène une dure bataille depuis presque un an, appelle la nation et tous les peuples libres du monde à se révolter contre l’occupation en soutien à Gaza, Al-Qods et la Cisjordanie », a en outre souligné le Hamas.
Soupçons autour de l’armée sioniste
Il y a lieu de signaler que l’opinion israélienne nourrit, elle aussi des doutes sur les véritables intentions de l’actuel gouvernement dans le dossier des otages. Après la récupération des dépouilles de 6 captifs israéliens tués dans la bande de Gaza et l’obstination de B. Netanyahu de rejeter un accord d’échange pour les vivants le doute s’installe sur le recours de l’armée israélienne au « protocole Hannibal » qui lui permet d’empêcher la capture des soldats israéliens même au prix de leur vie. L’armée israélienne nie l’avoir utilisé le 7 octobre en traquant les combattants palestiniens pour les empêcher de prendre des captifs israéliens, mais l’indifférence du cabinet et de l’armée d’occupation par rapport au sort des captifs israéliens détenus dans la bande de Gaza consterne et soulève bien des doutes sur ce qu’il s’est passé.
Sur les quelque 251 qui ont été capturés, le gouvernement israélien n’a accepté de conclure d’accord que sur la libération de 116 d’entre eux. 11 ont été libérés plus tard dans des opérations, 30 dépouilles ont été récupérées alors qu’il devrait rester encore vivant entre 50 et 100 d’entre eux.
Une enquête journalistique réalisée la semaine passée par une radio australienne du secteur public reprend ces soupçons que l’armée israélienne a eu recours au « protocole Hannibal » ce jour-là, causant la mort d’un certain nombre d’Israéliens. Radio Australie ou l’Australien Broadcasting Corporation (ABC), rapporte le témoignage d’un colon israélien qui habite dans l’enveloppe de Gaza. Omri Shevroni raconte avoir échappé au pilonnage d’un char israélien sur une maison dans le kibboutz Be’eri. « Nous savons qu’au moins un otage a été tué par un obus et il y en avait d’autres. Nous ne savons pas jusqu’à présent qui les a tués », a-t-il raconté. Exprimant sa désapprobation de la décision de l’armée d’utiliser des munitions lourdes dans le pilonnage des maisons dans les colonies.
Le New York Times avait lui aussi évoqué le cas de cette colonie dans son enquête, en dévoilant que 12 Israéliens qui étaient séquestrés par des combattants palestiniens ont été tués dans le pilonnage d’une maison dans cette colonie. Est pointé du doigt le commandant militaire de la division 99 Barak Hiram. En décembre 2023, Shelly Yachimovitch, ex-chef du parti travailliste israélien, avait elle aussi accusé le général Hiram d’avoir donné l’ordre du tir de char ce qui a causé la mort de 12 Israéliens dont des enfants, estimant qu’ils ont été tués avec préméditation. Sur X, elle a aussi écrit qu’une violente campagne est menée pour torpiller toute investigation ou discussion sur ce qu’elle a décrit comme étant « un incident d’enfer ».
Or, il semble que la documentation fait sérieusement défaut concernant ce jour considéré comme « l’évènement le plus important depuis la guerre d’octobre 1973 ». Un article du Yediot Ahronoth s’est étonné que les indices et les témoignages n’ont pas été sauvegardés et ne font pas l’objet d’une enquête unifiée. « Comment Israël n’a-t-il pas estimé que la documentation des évènements du samedi noir n’est pas une priorité nationale qui justifie la consécration d’un budget de plusieurs centaines de millions de dollars et la formation d’une cellule d’urgence spéciale ? », s’est interrogé le journal selon lequel ces éléments auraient pu soutenir la cause israélienne devant les instances internationales. Le Yediot n’envisage pas d’éventuelles autres raisons de cette négligence qui pourrait être bel et bien préméditée afin de cacher l’activation de ce protocole. Il faut croire qu’un aveu officiel israélien d’avoir appliqué ce protocole serait invraisemblable d’autant qu’il aurait servi cette fois-ci à sacrifier des civils et non seulement des soldats israéliens. « Ce serait une grande catastrophe lorsqu’on enquêtera et qu’on parviendra à la conclusion que l’armée s’est basée sur le protocole Hannibal pour décider de tuer un certain nombre d’otages en vue d’éliminer des terroristes. Gare à nous de cette heure-ci », avait tonné pour Channel 13, scandalisé, Jay Tsur, ex général de réserve qui commandait dans le passé des forces terrestres israéliennes.
Depuis juillet 2024, le Haaretz, journal israélien de gauche, ne cesse d’accuser l’armée d’occupation d’avoir activé ce protocole a révélé un nouveau volet de cette affaire, en assurant que l’armée avait interdit le retour de toutes les voitures vers la bande de Gaza pendant cette attaque, sans égard pour la vie des colons israéliens qui avaient été capturés. Le journal énumère aussi trois endroits où ce protocole a été utilisé : le passage d’Eretz (Beit Hanoune), dans la base Ra‘im et le site Nahal Oz.
Sur la base de documents qu’il a obtenus, le Haaretz a assuré que ce sont la division de Gaza, le commandement du sud et l’état-major de l’armée qui ont donné l’ordre de mettre en œuvre le protocole de Hannibal, dès les premières heures de l’attaque du Hamas, sur plusieurs points de la frontière avec la bande de Gaza, sans savoir le nombre des israéliens capturés ni celui des combattants palestiniens. Il n’y a pas non plus de bilan définitif du nombre des soldats ou des civils israéliens tués ou blessés, rapporte le quotidien selon lequel l’armée reconnait la mort d’un militaire à proximité de la barrière frontalière dans des tirs israéliens sur cette région. Le journal constate aussi que l’armée israélienne a entrepris de bombarder Gaza après l’attaque, tout en sachant qu’elle allait mettre en danger la vie des captifs israéliens estimés alors à plusieurs dizaines. Ce qui prouve le recours à ce protocole.
Le Hamas a commenté l’enquête de la radio australienne. « C’est une confirmation de plus qui s’ajoutent aux rapports précédents et qui ont assuré que l’armée d’occupation a tué des dizaines de colons dans le cadre de sa méthode criminelle », a-t-il écrit dans un communiqué publié dimanche.
« Le récit sioniste mensonger sur les évènements du 7 octobre avait pour but de diaboliser la résistance et notre peuple palestinien pour justifier la guerre génocidaire contre la bande de Gaza », indique le mouvement palestinien selon lequel l’enquête d’ABC « confirme que le criminel de guerre Netanyahu et son armée nazie n’en ont cure de leurs citoyens qui ont été atteints par les balles de leur armée. Et il continue de le faire en torpillant toutes les chances pour parvenir à un accord de cessez-le-feu et d’échanges des détenus ».