Depuis jeudi soir, des combats opposent des groupuscules islamistes à des combattants du Fatah, principale organisation palestinienne, dans ce camp collé à la ville de Saïda. Treize personnes avaient déjà péri lors d’affrontements similaires pendant plusieurs jours fin juillet-début août.
Après une nuit relativement calme, les combats ont repris samedi, selon un correspondant de l’AFP à Saïda qui a entendu des bruits d’armes automatiques et de roquettes. Ils ont causé la mort de « deux personnes du Fatah » et d’un islamiste, alors qu’un « civil a péri après avoir reçu une balle perdue » à l’extérieur du camp, a rapporté l’agence de presse officielle libanaise NNA, faisant par ailleurs état de dizaines de blessés.
Un hôpital public situé à côté du camp a transféré tous ses patients vers d’autres établissements en raison du risque, a annoncé Ahmad al-Samadi, son directeur, à l’AFP.
« Ce qui arrive ne sert pas du tout la cause palestinienne et constitue une grave offense à l’Etat libanais » et la ville de Saïda, a déclaré N. Mikati à M. Abbas lors d’un appel téléphonique, selon un communiqué du bureau du Premier ministre libanais. N. Mikati a souligné « la priorité de mettre fin aux opérations militaires » et la nécessité de « coopérer avec les forces de sécurité libanaises pour résoudre les tensions », selon le communiqué posté sur X.
L’armée libanaise, qui en vertu d’un accord ne se déploie pas dans les camps palestiniens où la sécurité est assurée par des factions palestiniennes, a appelé « toutes les parties impliquées dans le camp à arrêter les combats ». Elle a ajouté prendre « les mesures nécessaires (…) pour mettre fin aux affrontements qui mettent en danger la vie d’innocents ».
Des dizaines de familles ont fui le camp depuis jeudi soir, emportant des sacs remplis de produits de première nécessité comme du pain, de l’eau ou des médicaments, selon un correspondant de l’AFP. Ce dernier a vu des travailleurs humanitaires installer des tentes devant le stade municipal de Saïda pour héberger d’autres personnes déplacées par les combats.
« La municipalité coopère avec la Croix-Rouge pour installer 16 tentes dans un premier temps », a déclaré à l’AFP Mustafa Hijazi, un responsable de la cellule de crise à la municipalité. « Il faudrait en installer plus pour pouvoir héberger environ 250 personnes », a-t-il ajouté.
Les combats se sont concentrés sur un complexe scolaire appartenant à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a indiqué à l’AFP une source au sein de la direction du camp qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat. L’ONU avait appelé vendredi les groupes armés à évacuer « immédiatement » les écoles appartenant à l’Unrwa.
Aïn el-Heloué est le plus grand des 12 camps palestiniens au Liban qui ont été établis après l’arrivée de réfugiés ayant été contraints à l’exode pendant la première guerre israélo-arabe, déclenchée après la création d’Israël en 1948. Quelque 54 000 réfugiés s’y entassent, dont des islamistes radicaux et personnes recherchées par la justice pour échapper aux autorités libanaises.
Les violences qui avaient secoué le camp fin juillet, pendant cinq jours, étaient les plus graves depuis des années. Elles avaient éclaté à la suite de la mort d’un membre d’un groupuscule islamiste, et cinq membres du Fatah dont un responsable militaire avaient par la suite été tués dans une embuscade. Le Fatah, organisation historique palestinienne, reste la formation la plus puissante à Aïn el-Heloué mais son influence est contestée par les organisations terroristes palestiniennes du Hamas et du Jihad islamique.