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Le Soudan à la croisée des chemins : A.Hamdok mettra-t-il sa démission sur le tapis ?

Au lendemain de manifestations massives contre le coup d'État, la situation politique semble toujours incertaine au Soudan. Voilà un mois que le Premier ministre Abdallah Hamdok est de retour à son poste sans pour autant qu’aucun gouvernement n'ait vu le jour. Le responsable « civil » de l’Exécutif soudanais qui reste dominé par les militaires aurait agité la carte de la démission…

A. Hamdok avait été arrêté le 25 octobre dernier, date du coup d’État mené par le général Abdel Fattah al-Burhan, dont les hommes avaient également détenu la quasi-totalité des représentants civils de la transition soudanaise. Placé en résidence surveillée pendant plusieurs semaines, cet ancien économiste de la Commission africaine des Nations unies, était alors largement plébiscité par la rue qui réclamait sa libération. Une vague de popularité qui s’est finalement fracassée après son retour et la signature le 21 novembre d’un accord controversé avec la junte.
Sous la double pression de la rue et de l’étranger, le général Burhan a ramené A. Hamdok à son poste en lui donnant pour mission de former un gouvernement de technocrates en attendant des élections promises par les militaires en juillet 2023. Cet accord a été perçu comme une trahison par de larges pans du camp pro-démocratie et de nombreux partis politiques et d’organisations de la société civile. Conformément à l’accord qu’il a signé avec la junte, A. Hamdok doit d’abord mener une concertation politique avec différents représentants de partis avant de former un gouvernement.
Mais le Premier ministre est isolé. Seule une équipe restreinte d’universitaires ou d’anciens ministres lui est restée fidèle. Yassir Arman, ancien conseiller qui lui a fait faux bond, assure que le parangon civil du pouvoir soudanais a « fait une grave erreur politique », en estimant qu’A. Hamdok n’a pas le pouvoir de renverser les décisions prises par le général Burhan, notamment les centaines de nominations de proches de l’armée à des postes clés dans les administrations.
Le Premier ministre est revenu sur la scène « sans véritable stratégie », confie l’un de ses proches. A. Hamdok n’a obtenu aucune garantie que les militaires ne répéteront pas leur coup de force. Ces derniers ont affirmé qu’il aurait toute latitude pour former un cabinet de technocrates. Pourtant, certains ministres qui soutiennent le coup d’État semblent indéboulonnables. C’est le cas de Gibril Ibrahim, ministre de l’Économie et signataire des accords de paix de Juba, qui continue de se rendre quotidiennement à son bureau.
La junte avait fustigé les divisions au sein des Forces pour la liberté et le changement. Les généraux martèlent que ces partis politiques sont incapables de mener le pays. Pourtant, en plein état d’urgence, l’opposition tente de se structurer. Un meeting politique avait lieu vendredi dernier 17 décembre dans la capitale. Mais le rassemblement a été dispersé par les forces de l’ordre. Le pays est plongé dans une impasse politique et les libertés fondamentales de réunions et d’expression ne sont pas respectées. Affaibli et contesté, A. Hamdok n’a toujours pas pu constituer sa nouvelle équipe. Or c’est un préalable au dégel des aides occidentales suspendues au lendemain du coup d’État. La menace de voir le Soudan frappé de sanctions financières supplémentaires a sans doute pesé dans la décision prise par l’ancien économiste aux Nations unies, de passer accord avec les militaires en novembre dernier. Calcul qui s’est révélé à somme nulle puisque cela n’a pas suffi à convaincre les partenaires financiers du Soudan de rouvrir les robinets fermés au lendemain du putsch. Paris et, surtout Washington, aiguillonnent les actions des bailleurs de fonds à l’endroit de Khartoum. FMI et Banque mondiale ne semblent pas emballés par une quelconque facilité à accorder à un Soudan instable.

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