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Le pouvoir vacille en Afghanistan : Les Taliban multiplient les reconquêtes…

En dépit des bombardements de soutien réalisés par des B.52 américains, l'offensive des Taliban progresse en Afghanistan, avec la prise le 8 août de la ville stratégique de Kunduz au nord du pays et de deux autres capitales provinciales. Les forces de sécurité afghanes semblent débordées par l'offensive talibane.

Les Taliban ont renforcé le 8 août leur contrôle sur le nord de l’Afghanistan, en investissant au prix de combats acharnés, trois capitales provinciales supplémentaires, dont la grande ville de Kunduz. Leur large offensive n’a pu être endiguée par l’armée qui semble débordées et prompte à céder le terrain.
A quelques heures d’intervalle, les insurgés ont, après de violents combats, pris possession de Kunduz, qu’ils encerclaient depuis quelques semaines. Ils ont ensuite pris Sar-e-Pul, puis Taloqan en fin de journée, les capitales des provinces situées au sud et à l’est de Kunduz. Ils contrôlent maintenant cinq des 34 capitales provinciales afghanes, comme le rappelle l’AFP.
Un responsable sécuritaire a confirmé la fuite des forces afghanes et responsables locaux vers un district voisin.
Zabihullah Mujahid, porte-parole taliban, a confirmé la prise de Taloqan assurant que «la sécurité y a été restaurée», ainsi que celle de Kunduz et Sar-e-pul, tombées dans la matinée. «Les Taliban ont pris le contrôle de tous les bâtiments-clés de la ville», a affirmé un correspondant de l’AFP à Kunduz. La ville d’environ 300 000 habitants, déjà tombée deux fois ces dernières années aux mains des insurgés, en 2015 et 2016, est un carrefour stratégique du nord de l’Afghanistan, entre Kaboul et le Tadjikistan. La prise de Kunduz constitue le principal succès militaire des Taliban depuis le début de leur offensive en mai, lancée à la faveur du retrait des forces internationales, qui doit être complètement achevé d’ici le 31 août. Après s’être emparés de vastes territoires ruraux, ils concentrent leurs efforts depuis le début août sur les centres urbains, encerclant plusieurs capitales provinciales.
Fin juin, les Taliban avaient conquis le poste-frontière de Shir Khan Bandar à Kunduz, frontalier du Tadjikistan, axe névralgique pour les relations économiques avec l’Asie centrale. Le ministère de la Défense avait affirmé que les troupes gouvernementales avaient tenté de reprendre des zones clés de Kunduz.
«La capture de Kunduz est vraiment importante car elle va libérer un grand nombre de combattants talibans qui pourront ensuite être mobilisés en d’autres endroits du Nord», a souligné pour l’AFP Ibraheem Thurial Bahiss, consultant de l’International Crisis Group (ICG).
Après Kunduz, Sar-e-Pul est aussi tombée aux mains des Taliban. Ceux-ci s’étaient déjà emparés le 7 août de Sheberghan, plus au nord, fief du célèbre chef de guerre Abdul Rashid Dostom. Parwina Azimi, une activiste des droits humains, a affirmé à l’AFP par téléphone que les responsables administratifs et le reste des forces armées s’étaient retirés vers des baraquements à environ trois kilomètres de Sar-e-Pul. Mirwais Stanikzai, porte-parole du ministère de l’Intérieur, a quant à lui indiqué que des renforts, dont des forces spéciales, avaient été envoyés à Sar-e-Pul et Sheberghan. «Les villes que les Taliban veulent prendre seront bientôt leurs cimetières», a-t-il ajouté.
L’incapacité du pouvoir à tenir le nord du pays pourrait s’avérer cruciale pour les chances de survie du gouvernement. Le nord de l’Afghanistan a toujours été considéré comme une place forte contre les Taliban, où la résistance à leur encontre avait été la plus forte lors de leur accession au pouvoir dans les années 1990. Les Taliban ont dirigé le pays entre 1996 et 2001, en imposant leur version ultra-rigoriste de la loi islamique, avant d’être chassés par une coalition internationale menée par les États-Unis. Le 6 août, les insurgés s’étaient aussi emparés de la ville de Zaranj, capitale de la province de Nimroz (sud), à la frontière avec l’Iran. Kandahar (sud) et Hérat (ouest), deuxième et troisième villes du pays, sont aussi soumises à leurs assauts depuis plusieurs jours, tout comme Lashkar Gah (sud), capitale de la province du Helmand, un des bastions des insurgés.
Il faut croire que la rapidité de l’avancée talibane a pris de court les observateurs mais aussi les forces de sécurité afghanes, malgré l’aide de l’armée de l’air US. Les Etats-Unis ont intensifié leurs frappes aériennes, a reconnu le commandant Nicole Ferrara, porte-parole du Commandement central de l’armée américaine, qui a déclaré samedi à l’AFP : «Les forces américaines ont procédé ces derniers jours à plusieurs frappes aériennes pour défendre nos partenaires afghans.»
Le Times avait précédemment déclaré que des bombardiers stratégiques subsoniques Boeing B-52 Stratofortress menaient des frappes contre les taliban près des villes afghanes de Lashkar Gah, dans la province d’Helmand, de Kandahar et de Hérat.
Selon le journal, qui se réfère à des sources au Pentagone, les bombardiers B-52 ont décollé de la base d’Al-Udeid, au Qatar. Le journal britannique rappelle que les B-52 n’ont pas été mis à contribution depuis près d’un an. Plusieurs avions d’attaque au sol et d’appui aérien Lockheed AC-130H Spectre participent aussi à ces opérations, d’après le média.
En 2020, les États-Unis et les taliban ont signé le premier accord de paix à Doha après plus de 18 ans de guerre. Ce document prévoit le départ des troupes étrangères d’Afghanistan en 14 mois et le début d’un dialogue interafghan après l’échange de prisonniers. Selon le ministère afghan des Affaires étrangères, les taliban ont plusieurs fois violé l’accord de Doha.

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