La droite israélienne exige des mesures immédiates. Peu avant son départ pour une visite à Chypre, Benyamin Netanyahu a voulu calmer les esprits au sein de sa coalition. Moins de 24 heures après ces émeutes, le Premier ministre israélien a réuni, dimanche 3 septembre dans la matinée, une équipe ministérielle chargée d’examiner la situation. « Hier, une ligne rouge a été franchie. Une émeute, une effusion de sang ! Nous voulons des mesures musclées contre les fauteurs de trouble, y compris l’expulsion immédiate de ceux qui ont pris part aux actes de violence », a déclaré B. Netanyahu.
Parmi les mesures immédiates adoptées : l’expulsion de migrants dont le statut est indéterminé, notamment ceux qui n’ont pas fait de demandes d’asile politique, une détention préventive facilitée, un examen plus sévère des permis de travail… Les ministres devraient présenter un plan complet pour la gestion des migrants en situation illégale.
Une affaire qui vient à point nommé pour B. Netanyahu et les partisans de la réforme judiciaire qui accusent la Cour suprême d’être à l’origine de la situation. L’opposition rappelle qu’un plan sur ce dossier, présenté par le gouvernement israélien en 2018 en coopération avec les Nations unies, avait été retiré à la dernière minute par le Premier ministre à l’époque ; un certain B. Netanyahu.
Le 3 janvier 2018, le gouvernement dirigé par B. Netanyahu, adopte un plan selon lequel les 38.000 personnes vivant illégalement en Israël se verraient proposer près de 3 000 euros pour rentrer ou partir vers un pays tiers. Il s’agissait pour l’essentiel d’Erythréens et de Soudanais, entrés sur le territoire israélien via le Sinaï. Des organisations de la société civile, la gauche et des intellectuels, s’étaient mobilisés contre ce plan.
En février 2018, uun tribunal israélien statue que les 20 000 migrants érythréens entrés illégalement en Israël, y compris ceux qui voulaient échapper au service militaire obligatoire dans leur pays, pouvaient bénéficier d’un statut de réfugié politique.
En mars, la Cour suprême suspend provisoirement le plan gouvernemental prévoyant l’expulsion prochaine de milliers de migrants africains entrés illégalement dans le pays. Les juges demandent notamment plus de détails sur les accords passés avec les pays tiers, des accords qui n’ont pas été rendus publics par Israël. Un des magistrats a fait remarquer que le Rwanda et l’Ouganda avaient notamment démenti être signataires de tels accords avec Israël.
Le gouvernement israélien suspend alors ce premier plan et réfléchit à une autre stratégie, avec le concours du HCR. Mais le 2 avril, quelques heures après avoir annoncé la signature de l’accord qui devait permettre le départ de quelque 16 mille migrants africains vers des pays occidentaux et un nouveau statut pour ceux qui restent en Israël, B. Netanyahu se rétracte en raison de l’opposition d’une partie de sa coalition et parce que les pays d’accueil, Allemagne et Italie, disent ne pas avoir donné leur accord.
Fin avril, après des mois de controverse, B. Netanyahu reconnaît devant la Cour suprême qu’il n’est pas en mesure de mettre en œuvre un plan d’expulsion des migrants érythréens. Les procédures d’expulsion sont stoppées et des titres de séjours provisoires délivrés.