E. Musk antisémite ? « Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité », a assuré le principal intéressé dans un message posté sur X (ex-Twitter) le 19 novembre. « Je ne souhaite que le meilleur pour l’humanité, ainsi qu’un avenir prospère et heureux pour tous », a-t-il ajouté, regrettant que « des centaines de faux articles de médias ont assuré que j’étais antisémite ».
Tout a commencé le 15 novembre par une réponse d’E. Musk au message d’un utilisateur de sa plateforme. « Tu as dit l’exacte vérité » avait-il répondu à un individu qui assurait que « les communautés juives prônent la même haine dialectique contre les Blancs qu’ils prétendent vouloir que les gens arrêtent d’utiliser contre eux ». Un avis lui-même publié en commentaire d’un spot vidéo contre l’antisémitisme, mettant en scène un père de famille sermonnant son fils pour avoir déclaré sur les réseaux sociaux qu’« Hitler avait raison ».
Dans un autre message le 16 novembre, E. Musk s’en prenait à la Ligue anti-diffamation ADL, ONG que le patron de X a accusé début septembre d’avoir « tenté de tuer [la plateforme X] en l’accusant faussement, elle et moi, d’être antisémites », et ce afin de faire fuir les annonceurs.
Dans un rapport paru fin juillet, l’ADL avait dressé un bilan de performance des différents grands réseaux sociaux en matière de lutte contre les contenus haineux et le harcèlement en ligne, notant avec sévérité l’ex-Twitter.
« L’ADL attaque injustement une majorité de l’Occident, malgré le fait que la majorité de l’Occident soutienne les personnes juives et Israël », pestait ainsi E. Musk le 16 novembre. « C’est parce qu’ils ne peuvent pas, selon leurs propres principes, critiquer les groupes de minorités qui représentent la menace principale [envers les personnes juives] », poursuit-il avant de conclure que « ce n’est pas bien et il faut arrêter ».
La Maison Blanche a condamné les propos d’E. Musk, estimant qu’il avait fait une « promotion abjecte de la haine antisémite et raciste ». L’exécutif US estime que les propos de Musk répétaient une théorie du complot populaire parmi les nationalistes blancs américains, selon laquelle les Juifs ont un plan secret pour favoriser l’immigration clandestine dans les pays occidentaux afin d’y saper la majorité blanche. « Il est inacceptable de répéter le mensonge odieux à l’origine de l’acte d’antisémitisme le plus mortel de l’histoire des États-Unis », a déclaré le 17 novembre dans un communiqué Andrew Bates, porte-parole de la présidence, en référence à l’attentat dans une synagogue de Pittsburgh en 2018, qui avait fait 11 morts. « Et encore moins un mois après le jour le plus meurtrier pour le peuple juif depuis l’Holocauste », a-t-il poursuivi, en référence cette fois à l’attaque du Hamas le 7 octobre en Israël. Le même jour, Johannes Bahrke, porte-parole de la Commission européenne annonçait que cette dernière avait demandé à ses services de suspendre leurs campagnes publicitaires sur X en raison de la « hausse alarmante de la désinformation et des discours de haine ». « Nous avons constaté une hausse alarmante de la désinformation et des discours de haine sur plusieurs réseaux sociaux ces dernières semaines, et cela concerne bien entendu X », a-t-elle ajouté.
Des annonces qui surviennent également après une publication, le 16 novembre, de Media Matters for America (MMfA). Mettant en avant des captures d’écran, cette ONG politiquement marquée à gauche a voulu démontrer que des publicités de géants du Net pouvaient apparaître à côté de messages d’extrême-droite. « Des publicités d’entreprises sont également apparues sur des comptes pro-Hitler, négationnistes, nationalistes blancs, pro-violence et néonazis », affirme notamment MMfA, citant plusieurs grands noms de la Tech. Le jour même, IBM annonçait suspendre ses publicités sur la plateforme. L’entreprise a déclaré à l’AFP appliquer « une tolérance zéro pour les discours de haine et les discriminations, et nous avons suspendu immédiatement toutes nos publicités sur X pendant qu’on enquête sur cette situation totalement inacceptable ». D’autres géants du Net, tels que Disney, Apple ou encore Warner Bros Discovery et Lions Gate Entertainment ont également annoncé ces derniers jours l’arrêt de leurs publicités sur le réseau social. « Bon nombre des plus grands annonceurs sont les plus grands oppresseurs de votre droit à la liberté d’expression », avait posté E. Musk le 18 novembre, dans une promotion de la formule payante de X dans laquelle il n’y a notamment pas de publicité.