Le Polisario espère d’Alberto Núñez Feijóo, leader du Parti populaire, « des actes » traduisant son rejet du soutien apporté par Pedro Sánchez au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. « Notre condition est que cette décision soit annulée », a exigé Abdellah Arabi, délégué général du Front en Espagne, dans une interview accordée à l’agence Europa Press.
L’Algérie attend aussi du président du PP des « actes ». « Des sources proches du régime algérien réclament de Feijóo des faits qui annulent le changement de position sur le différend sur le Sahara », avait révélé El Independiente. Un ex-ministre algérien de l’Industrie a mis en garde le PP contre un alignement sur la position de P. Sánchez, annonçant que les sanctions économiques, imposées depuis une année par son pays contre les exportateurs espagnols, ne seront pas levées.
Jusqu’à présent, le chef du PP refuse de montrer son jeu en éludant les questions portant sur une éventuelle annulation de la décision de P. Sánchez d’appuyer l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara. « Il n’y a personne d’autre que Sánchez et Albares qui puissent dire ce que nous avons fait. Je ne sais pas ce que mon pays a fait », a déclaré A. N. Feijóo cette semaine à Cadena Ser.
Le 7 avril 2022 avant de s’envoler à destination de Rabat pour y rencontrer le roi Mohammed VI, P. Sánchez s’est pourtant réuni avec A.N. Feijóo, durant une trentaine de minutes. C’était, d’ailleurs, le seul chef de parti que le leader socialiste a tenu à rencontrer ce jour-là.
Déception supplémentaire :
A signaler aussi que la contrition des séparatistes a tendance à se renforcer dans les rangs espagnols. La preuve ? La première sortie d’Agustín Santos Maraver, ambassadeur placé deuxième sur la liste de Sumar à Madrid, conduite par la ministre Yolanda Diaz, irrite déjà le Polisario et ses partisans en Espagne. Dans une interview accordée à EFE, le diplomate refuse de qualifier le Maroc de « dictature », comme avait fait Y. Diaz. Le Maroc est « un régime de co-souveraineté » entre le roi et le peuple. Le voisin du sud « est un partenaire stratégique, avec lequel nous devons développer un espace de co-prospérité », a-t-il précisé. Une idée déjà développée auparavant par Arancha Gonzalez Laya, ex-ministre des Affaires étrangères, notamment à Sebta et Melilla.
Le diplomate assure qu’un gouvernement de gauche doit « accompagner les espaces de modernisation et d’expansion de l’espace démocratique au Maroc ». Au grand dam du Polisario, l’ambassadeur a limité les violations des droits humains commises par le Maroc à des « cas individuels» . A. S. Maraver a également affirmé que l’organisation d’un referendum au Sahara occidental, comme exige le Polisario, « est irréaliste », arguant que le recensement des électeurs effectué par l’Espagne en 1974 « n’est plus adapté à la réalité démographique actuelle ».
Avant cette sortie, les partisans du Polisario avaient accusé le diplomate d’être un « lobbyiste marocain ». L’ambassadeur est un ancien militant du PSOE qui a travaillé avec les Premiers ministres socialistes Felipe Gonzalez, José Luis Rodriguez Zapatero et Pedro Sanchez. Il a surtout été le chef de cabinet de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos (2004 – 2010), sous l’exécutif présidé par R. Zapatero. Plus, une organisation de la jeunesse sahraouie installée exige l’expulsion immédiate du diplomate des listes de Sumar. En revanche, le Polisario a opté pour la prudence. « Le Front Polisario attendra de voir quelle position adoptera Sumar sur le Sahara avant de juger la candidature de l’ambassadeur », ont indiqué, sous couvert d’anonymat, des représentants du mouvement séparatiste à Madrid.