J. Biden a promis de poursuivre ses efforts et d’œuvrer pour les oubliés de la croissance. Le président américain a aussi tendu la main à ses adversaires républicains : un geste qui peut sembler assez vain, vu le profil radical de certains de ses opposants. « Durant des décennies, la classe moyenne a été écrasée, a-t-il déploré. Les emplois bien rémunérés partaient à l’étranger, les usines fermaient.» « Je me suis présenté pour vraiment changer les choses, pour être certain que l’économie fonctionne pour tous afin que chacun puisse être fier de ce qu’il fait», a-t-il déclaré.
À la peine dans les sondages, J. Biden a joué la carte du pragmatisme, faisant état de ses grands projets de loi censés ramener ces emplois en Amérique, améliorer la vie des seniors, supprimer les frais bancaires abusifs…
J. Biden n’a pas manqué d’ironiser sur les républicains, partisans d’une orthodoxie budgétaire, qui ont plus d’une fois hué son discours. « Laissez-moi vous dire, j’aime convertir les gens» à mes idées, s’est-il amusé. Il s’agissait de sa première allocution devant le Congrès depuis que la majorité a basculé dans le camp des républicains à la chambre des représentants.
Face aux parlementaires, le démocrate a aussi réclamé de pouvoir « finir le travail », en concrétisant les promesses qui l’ont porté à la Maison Blanche : guérir « l’âme » de l’Amérique et « unifier le pays ». Quitte à faire des promesses irréalisables avec une majorité républicaine à la Chambre : l’interdiction des fusils d’assaut « pour de bon », une « taxe minimale » sur les milliardaires….
Car sur cette grande allocution annuelle de politique générale, par laquelle tout président américain remplit son obligation constitutionnelle d’informer le Congrès, plane déjà la perspective de la présidentielle de 2024.
La liste des invités de la Maison Blanche en donne un aperçu. Étaient présents dans l’hémicycle les parents de Tyre Nochols, afro-américain tué par des policiers à Memphis; un couple de lesbiennes; et une Texane qui a failli mourir des suites d’une fausse couche, les médecins ayant refusé de la traiter de peur de violer une loi limitant l’avortement.
Rare manifestation d’unité dans une Amérique extrêmement divisée, l’entrée de J. Biden dans l’hémicycle a été, à quelques exceptions près, saluée par une ovation debout.
Tout au long de son allocution, le dirigeant a tenté d’aborder des sujets susceptibles de mobiliser les Américains, qui selon les sondages ne veulent pas d’un second match entre lui et Donald Trump en 2024.
En campagne, le milliardaire républicain se présente en homme providentiel, seul capable de sauver l’Amérique d’un « déclin » généralisé. Et commentait mardi en direct le discours de son rival sur son réseau social, Truth Social. « Il a l’air très énervé, crie dans le micro, alors qu’il tente d’être conciliant » a-t-il moqué. L’ancien président veut capitaliser sur la réelle déprime de la première puissance mondiale.
Mardi, J. Biden a au contraire voulu se donner le rôle d’optimiste en chef. Il a aussi vanté son rôle d’architecte de la riposte occidentale face à la Russie, invitant les parlementaires à ovationner l’ambassadrice ukrainienne, présente dans la salle. Et de promettre le soutien à l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra ».
Mais le président américain était surtout attendu sur la Chine et son ballon abattu après avoir survolé le territoire américain pendant plusieurs jours. L’Amérique « agira » si Pékin « menace sa souveraineté », a-t-il alerté. En guise de pied de nez, l’élue trumpiste Marjorie Taylor Greene promenait un grand ballon blanc dans les couloirs du Congrès quelques heures avant l’allocution.