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Diabolisation d’I. Khan au Pakistan : Le jeu trouble de Washington

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Washington regarde le Pakistan comme le lait sur le feu, à cause de sa proximité géographique avec l’Afghanistan et la Russie. Le pays est en ébullition après l’arrestation de l’ancien Premier ministre Imran Khan. Arrestation jugée illégale par la Cour suprême…
Le jeu trouble de Washington

Alors que le Pakistan est secoué par des vagues de manifestations après l’arrestation d’Imran Khan, ex-Premier ministre, le pays reste une pièce vitale dans le puzzle américain au Proche-Orient, explique Vladimir Sotnikov, chercheur à l’École des hautes études en sciences économiques de Moscou.

Washington souhaiterait conserver son influence sur cette contrée qui partage une frontière avec l’Afghanistan. Le Pentagone craint notamment un rapprochement politique et militaire entre les autorités pakistanaises et les talibans, souligne le spécialiste au micro de Sputnik.

« Les Américains aimeraient garder le Pakistan dans leur orbite. Le Pakistan est important en tant qu’État qui borde directement l’Afghanistan. Washington est très préoccupé par les liens qui existent entre l’armée pakistanaise ou d’autres cercles politiques avec le mouvement taliban afghan », déclare-t-il.

Le Pakistan a aussi un rôle à jouer dans la stratégie US contre la Russie, rappelle V. Sotnikov. Washington aimerait ainsi voir le pays couper les ponts avec Moscou. Le scénario parfait pour la Maison-Blanche aboutirait à l’émergence d’un nouveau bloc en Asie, sur le modèle de l’AUKUS ou du Quad, qui ceinturerait la Russie et bouclerait le Pakistan dans la sphère d’influence américaine. « Les Américains pourraient utiliser le Pakistan dans un futur proche pour réaliser l’encerclement de la Russie, de manière à ce qu’Islamabad cesse ou limite sa coopération avec Moscou. Idéalement, les Américains parviendraient à créer une sorte de nouveau bloc militaro-politique en Asie », explique ainsi V. Sotnikov.

Dans cette configuration, I. Khan qui avait dénoncé sa diabolisation par des milieux au service des intérêts américains, était un caillou dans la chaussure américaine. Ancien joueur de cricket, l’ex-Premier ministre ne dépendait initialement d’aucun parti et a souvent défié les cercles politiques traditionnels. Il a cherché à secouer l’hégémonie américaine pour trouver une troisième voie, en se rapprochant notamment de Moscou et en maintenant les bonnes relations historiques avec Pékin, rappelle V. Sotnikov. « Imran Khan, est arrivé comme une sorte de révolutionnaire. Il pensait que c’était l’heure pour le Pakistan de choisir une troisième voie […] Il voulait s’éloigner de la dépendance vis-à-vis des Américains et souhaitait développer les relations avec la Russie », explique-t-il ainsi.

Figure atypique, I. Khan bénéficiait d’un soutien populaire important et les manifestations qui ont fait suite à son interpellation ne sont guère étonnantes, souligne encore le spécialiste en relations internationales.

L’ancien Premier ministre a été arrêté mardi 9 mai alors qu’il comparaissait devant un tribunal d’Islamabad. Il a été placé en détention provisoire pour huit jours et doit notamment répondre d’accusations de corruption. Son arrestation a jeté dans la rue des milliers de manifestants. Des heurts ont eu lieu avec les forces de l’ordre, coûtant la vie à six personnes.

I. Khan avait été destitué de ses fonctions en avril 2022, après une motion de censure de l’Assemblée nationale, dans un contexte de crise constitutionnelle. Un complot de plus à mettre à l’actif de l’Oncle Sam ?

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