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Dette africaine : Le rôle des banques françaises dénoncé par Oxfam

Selon le dernier rapport d'Oxfam, des établissements financiers français auraient participé à la nouvelle crise de la dette touchant les pays africains les plus pauvres qui, malgré la crise sanitaire mondiale, restent acculés par leurs créanciers.

«Taux d’intérêts financiers, désintérêt humain : le rôle des institutions financières françaises privées dans l’endettement des pays en développement», a titré l’ONG Oxfam pour son dernier rapport qui a été publié le 12 octobre, et dans lequel la responsabilité de banques hexagonales est particulièrement mise en cause.
Si le rapport rappelle la mise en place d’une suspension du service de la dette (l’ISSD a été adoptée en urgence par le G20 au printemps 2020 pour aider certains pays à concentrer leurs ressources sur la lutte contre la pandémie), Oxfam déplore en revanche que ce dispositif se limite à «un simple report d’échéances, sans annulation ou restructuration durable de la dette».L’ONG relève que l’ISSD ne concerne que les créanciers publics «sans que les créanciers privés ne soient mis à contribution».
En pleine crise sanitaire mondiale, des pays africains ont dû faire passer les droits fondamentaux de leurs citoyens, parmi lesquels figure l’accès aux soins, après le service de la dette, dénonce Oxfam qui cite dans son rapport plusieurs exemples, comme celui de la Côte d’Ivoire. Selon l’ONG, le pays a dû verser à ses créanciers, entre mai 2020 et décembre 2021,«plus que son budget de la santé» et ce, malgré la crise du Covid-19 et l’adhésion du pays à l’ISSD. Quant au Sénégal, le budget annuel du ministère de la Santé et de l’Action sociale représenterait moins que les seuls intérêts perçus par les détenteurs d’obligations souveraines du pays. En substance, Oxfam affirme que«les dizaines de milliards d’euros, qui enrichissent chaque année les créanciers privés manquent aujourd’hui cruellement aux pays les plus pauvres pour répondre à la crise sanitaire et satisfaire les besoins les plus immédiats de leurs populations».
Les créances bancaires détenues par des établissements français dans les pays éligibles à l’ISSD ont été «multipliées par quatre depuis 2010», pointe l’ONG avant de noter qu’à la veille de la crise sanitaire, ces établissements percevaient chaque année «plus de 200 millions de dollars de remboursements, dont près de 40 millions de dollars d’intérêts».
Oxfam relève par ailleurs que trois grandes banques françaises – BNP Paribas, Société générale et le groupe Banque populaire / Caisse d’épargne (BPCE) – figurent dans les quinze établissements financiers mondiaux ayant pris en charge le plus grand volume d’émissions obligataires dans les pays pauvres éligibles à l’ISSD depuis janvier 2011. «Elles ont placé près de 8 milliards de dollars sur les marchés financiers, pour le compte de huit pays parmi les plus pauvres de la planète», précise l’organisme. Dans la dernière partie de son rapport, l’ONG énonce ses recommandations pour faire face à la situation décrite. Parmi elles, figure l’instauration d’«un mécanisme multilatéral de restructuration des dettes souveraines». En outre, Oxfam appelle la France à «contraindre les créanciers privés hexagonaux à prendre leur part dans les allégements à venir».
Enfin, l’organisme prône la mise en place de législations adéquates, afin de protéger les pays endettés contre les éventuelles procédures judiciaires lancées par les créanciers privés.

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