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Dérive génocidaire d’Israël à Gaza : Hauts gradés et politiques israéliens se perdent en conjectures

Le nouveau bilan dressé par le ministère de la Santé du Hamas évoque désormais 21 507 morts depuis le début de la guerre, le 7 octobre, et 55 915 blessés. Il faut dire que l’armée sioniste avait multiplié les frappes dans la nuit de jeudi à vendredi dans la bande de Gaza, notamment dans le sud, à Rafah et Khan Younès. En parallèle, la résistance palestinienne continue de harceler les forces d’occupation, retardant ses tentatives d’incursion, tout en lui infligeant des pertes en hommes et en matériel. Même la partie nord de Gaza qui, selon l’armée sioniste, aurait été conquise, continue à donner du fil à retordre à la soldatesque israélienne, ses troupes d’élite comprises.
Dérive génocidaire d’Israël à Gaza : Hauts gradés et politiques israéliens se perdent en conjectures

Alors que l’armée israélienne poursuit ses frappes indiscriminées dans le sud de la bande de Gaza vendredi 29 décembre, l’Unrwa annonce que l’un de ses convois a été ciblé par le corps expéditionnaire sioniste. L’agence de l’ONU précise qu’aucun membre de l’équipe n’a été blessé, mais rappelle que « les travailleurs humanitaires ne devraient jamais être une cible ». Jeudi 28 décembre, des tirs israéliens ont touché un camion d’aide humanitaire dans le nord de Gaza, ne faisant aucun blessé. Envoyé par l’UNRWA, l’office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, le véhicule rentrait vers sa base, installée par l’ONU dans le sud de la bande, quand il a essuyé les tirs.

« Il s’agissait d’un convoi qui, comme d’habitude, portait des drapeaux des Nations unies. Les membres de notre équipe, qui faisaient partie du convoi, portaient des casques et des gilets aux couleurs de l’ONU », explique Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA.« Ils avaient pourtant coordonné tous leurs mouvements avec les autorités israéliennes. Le nombre de personnes, le nombre de véhicules… Ils avaient donné tous les détails avant même de partir et ensuite pendant le déplacement, ils ont continué à informer les autorités israéliennes », déplore-t-elle. La rapporteuse des Nations Unies pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens a assuré que ce qu’Israël fait subir aux Palestiniens constitue la brutalité du siècle

A signaler aussi que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a démenti vendredi tout rôle dans la restitution par Israël à Gaza des corps de 80 Palestiniens tués lors de la guerre. Des sources au gouvernement du Hamas avaient indiqué que le transfert des corps, restitués mardi, avait été effectué par l’entremise de la Croix-Rouge. « Nous sommes au courant des informations indiquant que le CICR était impliqué dans le récent transfert de corps d’Israël à Gaza. Nous n’avons été impliqués à aucun moment dans cette opération », a indiqué Sarah Davies, porte-parole du CICR à Al-Qods occupé, dans une déclaration transmise à l’AFP. La partie palestinienne avait dénoncé le trafic d’organes auquel l’armée israélienne aurait sacrifié sur les dépouilles ainsi restituées.

A signaler que Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’est déclaré vendredi « très préoccupé » par la menace croissante de maladies infectieuses dans la bande de Gaza. « Alors que les populations continuent d’être massivement déplacées dans le sud de la bande de Gaza, que certaines familles sont obligées de déménager plusieurs fois et que beaucoup se réfugient dans des établissements de santé surpeuplés, mes collègues de l’OMS et moi-même restons très préoccupés par la menace croissante de maladies infectieuses », a déclaré sur X, le patron de l’OMS.

A La Haye, l’Afrique du Sud a accusé Israël, devant la Cour internationale de justice (CIJ), de se livrer à des « actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza », a annoncé vendredi la juridiction, organe judiciaire principal des Nations unies. Dans sa requête, l’Afrique du Sud affirme, au 84e jour de la guerre, que les « actes et omissions d’Israël revêtent un caractère génocidaire, car ils s’accompagnent de l’intention spécifique requise (…) de détruire les Palestiniens de Gaza en tant que partie du groupe national, racial et ethnique plus large des Palestiniens », a indiqué dans un communiqué la CIJ. Ajoutant que « par son comportement – par l’intermédiaire de ses organes et agents et d’autres personnes et entités agissant sur ses instructions ou sous sa direction, son contrôle ou son influence – à l’égard des Palestiniens de Gaza, Israël manque aux obligations qui lui incombent au titre de la convention contre le génocide. » Israël a rejeté « avec dégoût » les accusations d’« actes de génocide » portées contre Tel-Aviv par Pretoria, a indiqué le ministère israélien des Affaires étrangères israélien.

Sur le sol gazaoui, la résistance gagne en intensité contre l’occupant sioniste. Les Brigades Al-Qassam ont assuré avoir fait exploser un champ de mines contre une force d’infanterie sioniste et des véhicules militaires au nord du camp de Boureij, faisant plusieurs tués et blessés.

Les médias israéliens ont indiqué que des sirènes avaient retenti dans les colonies du sud de l’enveloppe de Gaza, signal d’une attaque aux roquettes.: L’armée d’occupation a annoncé la mort d’un officier ayant le grade de capitaine de la 14e division lors de combats terrestres avec la résistance dans la bande de Gaza, a rapporté  le correspondant d’Al-Manar.

La veille, le porte-parole des Brigades al-Qassam –branche militaire du Hamas, avait affirmé dans un enregistrement que « la bataille d’Al-Aqsa a mis l’entité sioniste sur la voie de l’extinction. » Abou Ubaida a ajouté que la résistance palestinienne a « porté aux sionistes le coup du siècle le 7 octobre » tout en soulignant que « la priorité est de mettre fin à l’agression contre notre peuple et de mettre fin à la guerre d’extermination contre lui ».

Et de rappeler que « plus de 825 véhicules militaires ont été pris pour cible depuis le début de l’agression contre Gaza en utilisant tous les moyens disponibles ». Autre fait d’arme notable, «  les Brigades Al-Qassam ont ciblé trois hélicoptères ennemis au cours des deux derniers jours, et de nombreuses scènes ont été publiées montrant nos moudjahidines ciblant des soldats et des véhicules ennemis, et ce n’est que la pointe de l’iceberg » .

Abou Ubaida a réitéré son affirmation selon laquelle « nous nous battons depuis des décennies, jusqu’au déluge d’Al-Aqsa, pour le bien de notre peuple, de notre terre, de nos lieux saints et de nos terres les plus reculées, au milieu d’une humiliation officielle méprisable ». et de conclure que « ce qui a été planté le 7 octobre restera incrusté dans la conscience de notre peuple comme une image de la défaite de cet ennemi criminel, et notre peuple en ressortira la tête haute et fier de sa victoire ».

Les Israéliens dans le doute

Le journal israélien Haaretz a publié un article d’opinion de Yitzhak Brick, ancien général de l’armée israélienne dans lequel il affirme que « l’armée israélienne et certains analystes présentent une fausse image de l’assassinat de milliers de combattants du Hamas cachés dans les tunnels ». Le général de réserve a précisé « qu’il était parvenu à cette conclusion, sur la base d’informations recueillies auprès des soldats et des officiers combattant dans la bande de Gaza ».

« La plupart des batailles ne se déroulent pas frontalement, comme le prétendent le porte-parole militaire ou les analystes, et la plupart des morts et des blessés ont été touchés à la suite des tactiques militaires du Hamas, dont les combattants sortent des ouvertures des tunnels pour affronter les soldats et les blindés israéliens, puis retournent dans les tunnels », a-t-il ajouté.

L’article indique que « l’armée israélienne ne dispose pas de solutions rapides pour faire face à ce problème ». Selon le général, « de nombreux officiers combattant à Gaza lui ont avoué qu’il serait très difficile, voire impossible, d’empêcher le Hamas de se reconstruire, même après toutes les destructions que l’armée israélienne a infligées à ses bases ».

D’après lui, « les hauts responsables de l’establishment sécuritaire et militaire veulent présenter la guerre comme une victoire majeure avant que le paysage ne devienne clair ». Et de noter « qu’Israël coopère avec d’importantes chaînes de télévision pour obtenir une image de victoire », tout en soulignant que « cette guerre pourrait être la guerre la plus documentée au monde par des enregistrements vidéo ».

Le général a écrit « qu’il aurait été préférable que les objectifs militaires soient plus modestes, car la destruction du réseau de tunnels souterrains du Hamas pourrait prendre des années et coûterait de nombreux morts à l’État israélien, car les tunnels du Hamas sont reliés à la péninsule du Sinaï sous la ville de Rafah ».

L’auteur souligne que l’armée sera obligée de quitter les zones urbaines surpeuplées et de recourir à un mécanisme de « chirurgie militaire » à travers des incursions terrestres et de frappes aériennes précisément dirigées par les services de renseignement.

À la fin de son article, l’expert militaire s’interroge sur la capacité des politiques et des hauts responsables de sécurité à envisager « des solutions originales » pour se créer une meilleure image que celle des  « plus grands perdants ».

Ehud Olmert, ex Premier ministre, a affirmé pour sa part que « la défaite du Hamas est encore loin », notant qu’ « Israël doit s’attendre à des jours difficiles ».

Dans un article paru dans le Haaretz, Y. Olmert a souligné que « les chances de parvenir à l’élimination complète du Hamas étaient inexistantes à partir du moment où le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé que tel était l’objectif principal de la guerre ». Et d’ajouter que « même à cette époque, il était clair pour tous ceux qui réfléchissaient à la question que la destruction complète du Hamas n’était qu’un souhait qui n’était pas applicable militairement, même dans des conditions autres que celles de la bande de Gaza ». ceci est d’autant plus vrai que « les informations dont nous disposions avant le 7 octobre étaient suffisantes pour réaliser qu’un réseau sophistiqué de tunnels s’était répandu dans toute la bande de Gaza ».

E. Olmert a noté que « ce que nous avons vécu de ces tunnels d’attaque lors de la guerre de Gaza en 2014 était suffisant pour savoir que le réseau de tunnels empêcherait une opération militaire rapide et décisive qui pourrait éliminer le Hamas, même dans des circonstances plus appropriées », ajoutant « qu’il n’est pas facile de vaincre le Hamas ».

L’ancien chef de gouvernement a estimé que « Netanyahu savait, bien entendu, depuis le début que sa rhétorique était sans fondement et qu’elle finirait par s’effondrer face à la réalité militaire et humanitaire, ce qui forcerait Israël à atteindre le point final de la campagne actuelle ». Et d’assurer que « ce moment est désormais venu. La défaite du Hamas est encore loin. Nous n’avons même pas atteint le point où nous contrôlons le calendrier de la guerre qui a commencé le 7 octobre. »

En foi de quoi, Y. Olmert a conclu sur une note pessimiste. « Nous devons nous attendre à des jours difficiles à venir, avec un nombre croissant de décès de soldats et des scènes douloureuses de dévastation et de destruction à Gaza, qui jettent une lourde ombre sur Israël et sapent le soutien et la patience dont nous font preuve même de nos pays les plus amis », a-t-il spécifié.

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