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Dégradation de la situation en Afghanistan : La Russie sur le qui-vive

Après la conclusion d’exercices militaires avec ses voisins, la Russie a envoyé un arsenal de nouvelles armes vers sa base au Tadjikistan. Une décision justifiée par la montée des périls occasionnés par la dégradation de la situation en Afghanistan.

La base militaire russe de Douchanbé, au Tadjikistan, la plus grande à l’étranger, s’est vue se renforcer avec l’arrivée d’un arsenal d’armes. Ces dernières venaient d’être utilisées lors des exercices militaires menés avec l’Ouzbékistan et le Tadjikistan à la frontière avec l’Afghanistan, où les taliban progressent depuis plusieurs semaines.
«La 201e base militaire a reçu les derniers fusils d’assaut Kalachnikov AK-12, des pistolets Yarygin pour remplacer les pistolets Makarov, des fusils de sniper militaires modernes de gros calibre ASVK-M, des lance-flammes à longue portée et des MANPADS [système portatif de défense aérienne, ndlr] Verba», a annoncé le service de presse du district militaire central russe.
Cette base avait déjà vu l’arrivée de nouveaux véhicules de combat le 21 juillet dernier, lorsque le Tadjikistan avait mis en alerte son armée et lancé un exercice surprise face à l’avancée des taliban chez son voisin du sud.
Moscou continue d’observer attentivement la situation. Fin juillet, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait rappelé qu’il est important que la menace ne s’étende pas aux pays voisins.
Depuis le retrait US d’Afghanistan, les groupes armés des taliban ont réalisé une progression fulgurante dans l’ensemble du pays. Le 22 juillet, ils ont annoncé contrôler 90 de ses frontières,affirmation vite démentie par le gouvernement afghan.
Dimanche 8 août, deux villes dans le nord, dont Kunduz, ville de 300.000 habitants à moins de 100 kilomètres de la frontière tadjike, sont tombées entre les mains des taliban. Ces derniers entament désormais leur progression vers Mazar-i-Sharif, l’un des derniers bastions de la région encore contrôlés par le gouvernement afghan.
Début juillet, l’armée US a annoncé le retrait d’une grande majorité de ses troupes, après 20 ans de présence en Afghanistan.
Au cours de ces deux décennies, les conflits réguliers avec les taliban ont coûté la vie à plus de 2.000 soldats américains, pour un coût opérationnel estimé à 1.000 milliards de dollars. «C’est aux Afghans de décider de l’avenir de leur pays», avait annoncé Joe Biden pour justifier le retrait US. La mission américaine s’y termine officiellement le 31 août.

L’OTAN appelle au calme
Il y a lieu de signaler que l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) a appelé mardi les taliban à cesser leurs attaques en Afghanistan, faisant part de sa préoccupation par la situation sécuritaire « complexe et difficile » dans le pays.
« Nous partageons la profonde préoccupation exprimée par le Conseil de sécurité de l’Onu concernant les niveaux élevés de violence causés par l’offensive militaire des talibans, y compris les attaques contre des civils, et les informations faisant état d’autres violations graves des droits humains », a indiqué l’Alliance atlantique dans une déclaration.
« Les taliban doivent comprendre qu’ils ne seront jamais reconnus par la communauté internationale s’ils rejettent le processus politique et tentent de prendre le pouvoir par la force. Ils doivent cesser leurs attaques et participer de bonne foi aux pourparlers de paix », a souligné l’OTAN.
L’Alliance atlantique a ainsi plaidé pour un « processus de paix inclusif, dirigé par les Afghans et appartenant aux Afghans ».Un tel processus de paix doit aboutir d’urgence à un cessez-le-feu et à un règlement politique mettant fin à la violence, respectant les droits humains des Afghans ainsi que l’État de droit, et garantissant que l’Afghanistan ne serve plus jamais de refuge aux terroristes, a-t-on ajouté.
Les taliban ont pris mardi le contrôle d’une septième capitale provinciale en Afghanistan après être parvenus à chasser les forces de sécurité afghanes de villes frontalières et de routes commerciales, sur fond de retrait du pays des forces américaines et de l’Otan.
En amont du retrait définitif de l’armée US, qui doit s’achever le 31 août après vingt ans de présence en Afghanistan, les taliban ont accentué leurs offensives à travers le pays et se sont emparés lundi d’Aybak, la capitale de la province de Samangan, dans le nord du pays.
Durant le week-end, les insurgés avaient déjà pris possession de trois capitales provinciales: la ville de Zaranj dans la province de Nimroz, dans le sud du pays, la ville de Sar-e-Poul, capitale de la province éponyme, et Taloqan, dans la province de Takhar dans le nord-est du pays.
L’armée afghane a lancé lundi une contre-attaque pour tenter de reprendre Kunduz, dans le nord du pays, une autre prise stratégique réalisée par les taliban, tandis que les civils fuyaient les combats pour tenter de gagner la capitale Kaboul.
Selon plusieurs responsables régionaux, les taliban se sont emparés dimanche de plusieurs bâtiments officiels dans la ville de Kunduz, capitale de la province éponyme, et ils contrôlent l’accès à deux bases militaires situées en périphérie de cette ville de 270.000 habitants, jugée stratégique du fait de sa proximité avec les provinces du nord, riches en minerais.

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