Le président américain est arrivé lundi à New York pour sa première Assemblée générale des Nations unies qui devait être l’occasion de mettre en avant le «retour» de l’Amérique comme partenaire fiable auprès de ses alliés malmenés pendant quatre années de mandat de Donald Trump. Un rendez-vous très attendu, d’autant plus après la version essentiellement virtuelle de l’an dernier.
Mais son message est brouillé depuis son annonce, le 15 septembre, d’un pacte de sécurité conclu avec l’Australie et le Royaume-Uni pour contrer Pékin, surnommé AUKUS. Ce nouveau partenariat a mis le feu aux poudres transatlantiques, car il s’est fait dans le dos des Français, qui ont perdu un énorme contrat de sous-marins commandés par Canberra.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a dénoncé, comme il le fait depuis plusieurs jours mais cette fois sur le sol américain, une décision « brutale », un « défaut de concertation », et une « rupture de confiance entre alliés ». Cela s’apparente aux « réflexes d’une époque que nous espérions révolue », a-t-il martelé, dans une nouvelle allusion claire à l’ère Trump.
La France, qui a rappelé ses ambassadeurs à Washington et Canberra dans un geste sans précédent, ne décolère pas et le fait savoir. Et elle a pu se réjouir à New York d’un soutien des dirigeants de l’UE, plutôt silencieux jusque-là.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a jugé «inacceptable» la manière dont la France a été « traitée », dans un entretien sur la chaîne américaine CNN.
Le président du Conseil européen Charles Michel a aussi dénoncé un «manque de loyauté» des États-Unis et plaidé pour un renforcement de la « capacité d’action » de l’UE sur la scène internationale.
Il s’agit d’un « coup de tonnerre » au niveau mondial, a estimé pour sa part la cheffe de la diplomatie belge Sophie Wilmès, en appelant l’Europe à être « plus vocale » dans la relation transatlantique.
Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept devaient examiner lundi soir dans la métropole américaine les conséquences du nouveau partenariat stratégique américano-britannico-australien dans la région indo-pacifique.
Les Européens avaient déjà prévu de parler du retrait chaotique d’Afghanistan imposé par Joe Biden, qui a aussi suscité plusieurs grincements de dents sur le Vieux Continent.
Semblant vouloir déminer le terrain à l’orée d’une semaine d’entretiens tous azimuts à New York, la Maison Blanche a annoncé lundi la réouverture de ses frontières aux voyageurs vaccinés contre le Covid-19 — une demande récurrente des alliés européens.
Si la décision a été prise sur des bases sanitaires, la solution trouvée est aussi le fruit de la diplomatie, a glissé un haut responsable américain, laissant entendre que le timing n’était pas sans lien avec la crise transatlantique.
Londres et Washington avaient déjà tenté pendant le week-end d’amadouer leur allié français. « Notre amour de la France est inébranlable » coup d’un soir, a déclaré le Britannique Boris Johnson dans l’avion qui l’emmenait à New York.
Face aux demandes de « clarification » de Paris et de Bruxelles, le président Biden est « impatient » de parler «de la voie à suivre » au téléphone avec son homologue français Emmanuel Macron, qui a lui renoncé à se rendre à New York, a déclaré un haut responsable américain, confirmant que le dirigeant démocrate avait demandé un tel entretien. « Nous comprenons la position française » même si « nous ne la partageons pas », a-t-il ajouté.
Ce coup de fil très attendu aura lieu « dans les jours qui viennent », a seulement dit Jean-Yves Le Drian, glissant qu’il n’avait pas, pour sa part, « prévu de rendez-vous » avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
De fait, l’agenda US apparaît comme un résumé des priorités diplomatiques de la Maison Blanche. J. Biden n’a prévu de rencontrer mardi, en marge de la réunion onusienne, que le Premier ministre australien Scott Morrison, avant de recevoir le chef du gouvernement britannique Boris Johnson à son retour à la Maison Blanche. Antony Blinken s’est lui entretenu lundi avec sa nouvelle homologue britannique Liz Truss.
Mardi, lors du premier discours de son mandat à la prestigieuse tribune de l’ONU, le 46e président des États-Unis veut mettre l’accent sur la lutte contre le Covid-19 et le réchauffement climatique, ou sur la confrontation avec la Chine, même si, selon ses conseillers, il ne « croit pas à la notion d’une nouvelle Guerre froide ».
Le président chinois Xi Jinping interviendra après lui, mais lors d’un discours vidéo pré-enregistré.
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