« Au sens légal, Bakhmout a été capturée. L’ennemi est concentré dans les zones ouest », a déclaré Evguéni Prigojine, chef de Wagner, sur Telegram. Une vidéo accompagnant son message le montre brandissant un drapeau russe avec une inscription en l’honneur de Vladlen Tatarskiï, blogueur militaire russe fervent défenseur de la guerre en Ukraine. Ce dernier a été tué dimanche par l’explosion d’une bombe dans un attentat dans le centre historique de Saint-Pétersbourg qui a également fait 25 blessés.
« Les commandants des unités qui ont pris la mairie et tout le centre iront hisser ce drapeau », a déclaré E. Prigojine. « Voici l’entreprise militaire privée Wagner, voici les gars qui ont pris Bakhmout. D’un point de vue juridique, elle est à nous », clame-t-il.
Quelques heures plus tôt, l’état-major ukrainien a pourtant affirmé le contraire. « L’ennemi n’a pas arrêté son assaut sur Bakhmout. Cependant, les défenseurs ukrainiens tiennent courageusement la ville en repoussant de nombreuses attaques ennemies », a indiqué dimanche soir l’état-major ukrainien sur sa page Facebook.
Ville de quelque 70.000 habitants avant la guerre, Bakhmout est le théâtre de combats particulièrement violents depuis des mois. Du fait de la longueur de la bataille et des lourdes pertes subies par les deux camps, la ville est devenue le symbole de la lutte entre Russes et Ukrainiens pour le contrôle de la région industrielle du Donbass.
Les troupes russes ont progressé ces derniers mois au nord et au sud de la ville, coupant plusieurs routes d’approvisionnement ukrainiennes et s’emparant de sa partie orientale. Le 20 mars, E. Prigojine avait affirmé que Wagner contrôlait 70% de Bakhmout.
L’Ukraine estime que la bataille pour Bakhmout est essentielle pour contenir les forces russes sur l’ensemble du front oriental, même si les analystes jugent l’importance stratégique de la ville limitée. Dans son adresse de dimanche soir, Volodymyr Zelensky, président ukrainien, a reconnu que la situation à Bakhmout était difficile pour ses troupes. « Je suis reconnaissant envers nos guerriers qui se battent près d’Avdiivka, de Maryinka et de Bakhmout. Surtout Bakhmout ! C’est particulièrement chaud là-bas aujourd’hui ! », a-t-il déclaré.
La situation dans la région « est toujours très tendue », a souligné pour sa part dimanche Ganna Maliar, vice-ministre ukrainienne de la Défense, avant l’annonce du chef de Wagner. « L’ennemi essaie d’engager non seulement les combattants de Wagner mais aussi des unités de parachutistes professionnels. Des pertes en hommes excessivement élevées n’arrêtent pas l’ennemi », a-t-elle ajouté.