« Raif m’a appelée, il est libre », a déclaré à l’AFP Ensaf Haidar après avoir annoncé la nouvelle sur Twitter. Cette dernière, devenue citoyenne canadienne, vit au Québec avec ses trois enfants, où elle se bat depuis des années pour la libération de son mari qui a passé dix ans à l’ombre.
L‘information a été confirmée sous couvert d‘anonymat par un responsable de la sécurité saoudienne. Aucun officiel saoudien n‘a cependant commenté publiquement la libération du blogueur. Les médias locaux sont par ailleurs eux aussi toujours silencieux.
L’ancien lauréat du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse avait été condamné fin 2014 à dix ans de prison et à 50 coups de fouet par semaine pendant vingt semaines pour « insulte à l’islam ».
L’homme âgé aujourd’hui de 38 ans était devenu dans le monde un symbole de la liberté d’expression. Sur son site Free Saudi Liberals, créé en 2008, il prônait une certaine modernisation du royaume saoudien, notamment la liberté de choisir sa religion et l’établissement de rapports plus égalitaires entre les hommes et les femmes.
Depuis sa condamnation, une mobilisation internationale avait tenté de pousser Riyad à libérer le blogueur. Une grande campagne d’affichage avait par exemple mis à l’honneur une bande dessinée sur R.Badawi, sur plus de 1 000 écrans dans le métro et les gares de Paris. Au Québec, devenue citoyenne canadienne, la femme du blogueur avait lancé la Fondation Raif Badawi pour soutenir la libération de son mari à Sherbrooke. « Je n’ai pas le choix de continuer ce combat pour Raif, pour nos trois enfants de 14, 13 et 10 ans, confiait son épouse 5 ans après l’emprisonnement de son mari. Je me sens soutenue par les gens au Québec, qui continuent à s’intéresser à mon mari. »
Suite à sa libération, de nombreuses questions restent toutefois en suspens. R. Badawi est en effet toujours soumis à une interdiction de voyage de 10 ans. Il est par ailleurs interdit d’utiliser les réseaux sociaux et fait face à une amende d‘un peu moins de 245 000 euros. Le Québec a ouvert la voie à l’exil de R. Badawi au Canada en le plaçant sur une liste prioritaire d’immigrants potentiels pour raisons humanitaires.
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Après dix ans de prison : Riad relâche le blogueur R. Badawi
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