Le haut gradé yéménite a mentionné que ces opérations s’inscrivent dans la solidarité avec les Palestiniens de Gaza. Y. Sarii a également rapporté que les forces armées yéménites ont lancé une attaque contre le porte-avions américain Harry S. Truman et des bâtiments de guerre qui l’accompagnaient en mer Rouge, utilisant des missiles balistiques, des missiles de croisière et des drones.
Il a précisé que c’était la deuxième attaque contre des navires de guerre américains en 24 heures en représailles aux frappes US visant le Yémen.
Au nom des forces armées, Y. Sarii a appelé tous les Yéménites libres à remplir leurs devoirs religieux, moraux et humanitaires envers le peuple palestinien opprimé, et réaffirmé la ferme détermination de l’armée de poursuivre, grâce à Allah, le blocus de la navigation maritime israélienne et de viser les profondeurs de l’entité occupante jusqu’à ce que l’arrêt de l’agression et la levée du siège contre Gaza.
Les médias yéménites ont fait état lundi d’un raid aérien américain sur l’hôpital d’oncologie Al-Rasool Al-Azam, dans la province de Saada. D’après une source de sécurité yéménite citée par l’agence de presse SABA, l’attaque américaine a été menée moins d’une semaine après 13 autres frappes aériennes sur l’hôpital, en violation flagrante du droit international et humanitaire.
Le Fonds pour la lutte contre le cancer du Yémen a fortement condamné cette attaque qu’il a qualifiée de crime de guerre, mettant au grand jour la dégradation morale et humanitaire de ses auteurs. Le Fonds a exigé une action immédiate de la part de l’ONU, de l’Organisation mondiale de la santé et de la Croix-Rouge pour prendre des mesures urgentes afin de mettre un terme au ciblage systématique des infrastructures médicales au Yémen.
Mercredi dernier, le commandement central des États-Unis (CENTCOM) a confirmé la poursuite des opérations militaires contre le Yémen. Une vague de frappes aériennes US a causé, le 15 mars, la mort de 53 Yéménites.
Ces frappes meurtrières, les premières après l’arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump, interviennent après que les forces de Sanaa ont pris l’engagement de reprendre leurs opérations contre les navires israéliens, en solidarité avec les Palestiniens soumis aux bombardements génocidaires israéliens.
Dans le cadre d’une nouvelle escalade, Washington a récemment fait savoir qu’il envisageait de déployer un deuxième porte-avions, l’USS Carl Vinson, dans la région.
Fuites US
L’administration US a permis par erreur à un journaliste d’accéder au plan de frappes américaines contre le Yémen et à leur déroulé en temps réel le 15 mars, une invraisemblable faille de sécurité qui secoue la classe politique américaine, même si le camp républicain tente de minimiser l’affaire.
« Je ne sais rien de tout cela », a affirmé Donald Trump, interrogé lundi sur ces révélations qui secouent Washington. Un peu plus tard, Karoline Leavitt, porte-parole, a assuré que le président américain « continuait d’avoir la plus grande confiance dans son équipe de sécurité nationale, y compris son conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz ».
« C’est l’une des fuites de renseignement militaire les plus stupéfiantes que j’ai lues depuis très, très longtemps », a dénoncé Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat américain, appelant à une « enquête complète ».
« C’est manifestement illégal et incroyablement dangereux. Notre sécurité nationale est entre les mains de parfaits amateurs », a dénoncé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. « Dites-moi que c’est une blague », a réagi Hillary Clinton, qui en 2016 avait été attaquée par le camp Trump pour avoir envoyé des courriers électroniques officiels via une messagerie privée non sécurisée quand elle était secrétaire d’Etat.
Jeffrey Goldberg, rédacteur en chef du magazine The Atlantic, a révélé lundi avoir reçu via la messagerie Signal le plan d’attaque des raids menés le 15 mars par les forces américaines contre le Yémen, deux heures avant que les frappes ne commencent.
La Maison Blanche a confirmé. « Il semble pour l’instant que la chaîne de messages dont fait état l’article soit authentique, et nous cherchons à savoir comment un numéro a été ajouté par erreur », a dit Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. « Vous parlez d’un soi-disant journaliste sournois et très discrédité qui a fait profession de colporter des canulars à maintes reprises », a déclaré à des journalistes Pete Hegseth, ministre de la Défense. « Personne n’a envoyé de plans de guerre et c’est tout ce que j’ai à dire à ce sujet », a-t-il ajouté.
« La responsabilité est essentielle à la culture militaire. Imaginez ce que pensent les militaires lorsqu’ils voient l’homme qui tient leur vie entre ses mains mentir, se dérober et fuir ses responsabilités », a réagi Jim Himes, membre démocrate de la Commission sur le renseignement de la Chambre des représentants.
L’embarras est notable côté Républicain, mais le camp fait bloc et tente de minimiser l’affaire. « Quelqu’un a déconné », a résumé le Sénateur Tim Sheehy devant des journalistes. « On m’a dit qu’une enquête était en cours pour déterminer » comment cela a pu arriver. « Je ne suis pas sûr que cela nécessite une attention particulière », a commenté Mike Johnson, chef des Républicains à la Chambre des représentants, d’après le New York Times.
Interrogé par le magazine The Hill sur le fait de savoir s’il fallait sanctionner M. Waltz, qui serait à l’origine de la fuite d’après The Atlantic, il a répondu « non, bien sûr que non ».
Jeffrey Goldberg explique que tout a commencé avec une prise de contact le 11 mars émanant de M. Waltz, via l’application Signal.
Dans les jours qui suivent, il est invité à rejoindre un groupe de discussion où 18 responsables de très haut niveau discutent du projet d’attaque, dont, selon lui, Marco Rubio, chef de la diplomatie, John Ratcliffe, patron de la CIA, et JD Vance, vice-président. Ce dernier estime, selon des propos reproduits dans The Atlantic, que conduire les frappes serait une « erreur », car l’opération, en renforçant la sécurité du transport de marchandises en mer Rouge, bénéficierait surtout aux Européens. « Si tu penses qu’il faut le faire, allons-y. C’est juste que je déteste venir au secours des Européens encore une fois », écrit JD Vance à l’intention du ministre de la Défense, selon le magazine. Lequel répond: « Je suis complètement d’accord, je déteste le comportement de profiteurs des Européens. C’est PATHETIQUE », mais il justifie néanmoins l’attaque pour « rouvrir les liaisons » maritimes.
« Je doute que quiconque soit tenu responsable des événements décrits par The Atlantic, à moins que Donald Trump lui-même ne soit mis sous pression. Je n’ai aucune confiance dans le fait que le ministère de la Justice poursuivra quiconque impliqué », a réagi John Bolton, ex-conseiller à la sécurité de D. Trump devenu un virulent critique du président américain. « Je n’ai pas les mots (…), ce n’est pas pour rien que nous avons des outils gouvernementaux de communication sécurisés, ils ne sont peut-être pas parfaits mais il n’y a rien de mieux on n’utilise pas des outils non officiels pour des affaires officielles, et encore plus quand c’est sensible ou classifié », a-t-il dit à CNN.