Les membres des délégations russe et américaine ont mené des négociations à Riyad pendant plus de 12 heures, sans compter trois pauses. Les discussions se sont déroulées à huis clos. La Russie était représentée lors de cette rencontre par Grigori Karassine, président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération [le Sénat russe] et par Sergueï Besseda, conseiller du directeur du Service fédéral de sécurité alors que la délégation US était dirigée par Andrew Peek, directeur principal du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, et Michael Anton, directeur de la planification politique.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, avait déclaré que les groupes d’experts russes et américains ne prévoyaient pas de signer de documents à l’issue de ces consultations à Riyad. Pour sa part, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, avait appelé à ne pas attendre de percée significative lors de ces négociations.
Après l’investiture de Donald Trump les contacts entre la Russie et les États-unis ont commencé à se rétablir. Vladimir Poutine et D. Trump ont eu deux appels téléphoniques. Le dernier a eu lieu le 18 mars et a duré plus de 2 heures, soit le plus long entretien téléphonique entre deux présidents russe et américain. Pendant cette conversation, les deux présidents se sont mis d’accord pour commencer à avancer vers la paix par un cessez-le-feu visant les infrastructures énergétiques et les autres installations stratégiques. Les deux présidents ont choisi le Moyen-Orient comme lieu des discussions. Le 13 mars, le président russe a rencontré Steve Witkoff, envoyé spécial du président américain. En février, les délégations russe et américaine se sont réunies à Istanbul le 27 février et à Riyad le 18 février. À Riyad, la délégation russe était menée par Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères. Du côté américain, les discussions étaient conduites par Marco Rubio, Mike Waltz et Steve Witkoff.
V. Tchijov, a déclaré à l’antenne de la chaîne de télévision Rossia 24 que la déclaration commune sur les résultats des consultations russo-américaines à Riyad n’avait pas été adoptée en raison de la position de la partie ukrainienne. « Ils ont siégé pendant 12 heures et semblaient s’être mis d’accord sur une déclaration commune, qui n’a cependant pas été adoptée en raison de la position de l’Ukraine, ce qui est également très caractéristique et symptomatique », a-t-il ajouté. Selon ce négociateur russe, la réunion de Riyad s’inscrit dans la continuité des contacts russo-américains, dont le point de départ a été une conversation téléphonique entre les présidents russe et américain.
Selon Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, les deux parties ont discuté de la sécurité de la navigation en mer Noire. Les résultats des négociations ne seront pas publiés, les contacts étant de nature technique, a signalé de son côté D. Peskov.
Colère noire à Kiev
Oleksandr Merejko, chef de la Commission de la politique étrangère de la Verkhovna Rada (Parlement ukrainien), a demandé que la participation aux pourparlers sur la résolution de la crise ukrainienne de S. Witkoff, l’envoyé spécial du président américain, soit suspendue, en raison de ses déclarations dans une interview avec Tucker Carlson sur la situation en Ukraine, a rapporté l’agence de presse ukrainienne Strana. Il a qualifié de « choquants » et de « honteux » les propos de l’envoyé spécial de Trump selon lesquels les autorités ukrainiennes avaient accepté d’organiser des élections dans le pays et que le principal enjeu du conflit ukrainien restait le statut international de la péninsule de Crimée, ainsi que des territoires rattachés à la Russie suite aux référendums de 2022 dans les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, et les régions de Zaporojié et de Kherson. « Je ne comprends pas de quoi il s’agit : d’ignorance, de naïveté, d’absence de professionnalisme ? Il s’agit du représentant du président, il devrait avoir une connaissance approfondie de la question et connaître certaines choses de base, c’est-à-dire des choses évidentes. Mais il n’est pas au courant. Il rediffuse la propagande russe », a-t-il lancé.
La tension entre les États-Unis et l’Ukraine continue de croître. Dans une interview accordée au magazine Time, Volodymyr Zelensky a accusé Washington d’entretenir des liens étroits avec le Kremlin, affirmant que la partie russe influençait prétendument les États-Unis par le biais de la désinformation. « Je crois que la Russie a réussi à influencer certains membres de l’équipe de la Maison Blanche à travers l’information. Leur message aux Américains était que les Ukrainiens ne cherchaient pas à mettre fin à la guerre et qu’il fallait entreprendre quelque chose pour les y contraindre », a-t-il déclaré. En outre, il a également commenté l’altercation avec D. Trump dans le Bureau ovale en février, lorsqu’il a été expulsé de la Maison Blanche. Il a tenté de justifier son comportement en déclarant qu’il avait « défendu la dignité » de son pays.
Alors que Kiev lance des déclarations acerbes à l’égard de Washington, les États-Unis tentent de récupérer l’argent investi en Ukraine par l’administration Biden, et notamment de conclure l’accord sur les métaux de terres rares ukrainiens. Outre le fait que, selon D. Trump, les États-Unis et l’Ukraine soient proches d’un accord sur les minerais, des discussions sont en cours sur la possible acquisition de centrales électriques ukrainiennes par des entreprises américaines.