Devant le juge, le binational a plaidé non coupable, après la phase des interrogatoires de la police, durant lesquels il a gardé le silence. Le prévenu qui encourt de lourdes peines se dit prêt à donner des déclarations au juge, mais « à huis clos ».
De Volkskrant, journal néerlandais, rapporte que l’ex-agent se dit « ne pas se sentir en sécurité » lors de ses échanges avec la police criminelle nationale, en partie à cause des inquiétudes concernant sa capacité à respecter ses obligations de confidentialité. Devant le tribunal, il a déclaré avoir documenté l’enchaînement depuis son arrestation, ajoutant disposer d’un « scénario alternatif » pour expliquer les accusations qui pèsent contre lui. Le mis en cause a également exprimé son intention de présenter ces éléments au tribunal, à un stade ultérieur. Par ailleurs, il a affirmé n’avoir « jamais trahi » ni la confiance du NCTV, ni celle de ses collègues ou de l’Etat néerlandais.
Dans son réquisitoire, l’avocat de l’agent incriminé a requis que soient entendus Erik Akerboom, chef du service général de renseignement et de sécurité néerlandais (AIVD), Peter Reesink, directeur du service militaire de renseignement et de sécurité néerlandais (MIVD) et l’actuel Premier ministre Dick Schoof, ancien coordinateur du NCTV. Le juge se prononcera sur cette demande en temps voulu, indique de Volkskrant.
Résident à Rotterdam, El M. a été arrêté en octobre 2023 à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, alors qu’il se rendait au Maroc. Selon les enquêteurs, il transportait dans ses bagages des documents d’Etat classifiés. Le parquet néerlandais soupçonne qu’il ne s’agirait pas du premier déplacement du mis en cause vers le Maroc, avec de tels documents. Pour la justice néerlandaise, l’ancien agent aurait agi pour son pays d’origine, dont les renseignements auraient financé des séjours hôteliers et des vols.
Selon le ministère public, A. El M. aurait détenu «120 documents confidentiels sur plusieurs clés USB, dont 65 contenant des secrets d’Etat ». L’un de ces fichiers aurait contenu une analyse de l’AIVD sur les activités des services de renseignements marocains aux Pays-Bas. Le mis en cause restera en détention provisoire.