#Libération_Palestine

Logo Perspectives med

Tension russo-occidentale : La Lituanie dans le radar de Moscou…

Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, a estimé lors d’un entretien avec Sky News Arabia que l’Ukraine ne retrouverait pas ses frontières d’avant l’opération militaire, selon des propos rapportés par l’agence russe TASS. Une affirmation qui remet en cause les prétentions et de Kiev et de ses alliés occidentaux quant à la victoire sur la Russie. D’ailleurs, force est de rappeler que sur le terrain, le rouleau compresseur déployé par Moscou ne faiblit pas. Pas moins d’une cinquantaine de généraux et officiers ukrainiens ont trouvé la mort dans une récente frappe.

«L’Ukraine que vous et moi avions connue, dans les frontières d’autrefois, n’existe plus et n’existera plus jamais. C’est évident», a soutenu M. Zakharova. Fin février, Moscou a reconnu l’indépendance des Républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk dans le Donbass. Depuis le début de l’opération militaire spéciale, l’armée russe et les milices des Républiques populaires de Lougansk et Donetsk ont pris plusieurs villes importantes de l’est ukrainien, dont Marioupol, et continuent à concentrer leur offensive sur la région du Donbass, plus précisément sur la ville de Sévérodonetsk. Fin mars, Leonid Passetchnik, chef de la République autoproclamée de Lougansk, a annoncé que la région pourrait organiser un référendum sur une éventuelle adhésion à la Russie. Denis Pouchiline, chef de la République populaire de Donetsk (RPD), a de son côté déclaré que la question de l’adhésion à la Russie «deviendrait la priorité numéro un» une fois que le territoire revendiqué sera sous contrôle.

En attendant, les opérations militaires ne faiblissent pas. La Défense russe indique la destruction de plusieurs véhicules blindés et autres chars livrés à l’armée ukrainienne. Quelque 400 soldats ukrainiens ont trouvé la mort dans les assauts menés par l’armée russe dans plusieurs régions ukrainiennes. A Odessa, un missile de précision russe a réussi à détruire un centre de commandement de drones. Moscou a également signalé que l’armée ukrainienne a pilonné une plate-forme de forage des hydrocarbures au large de la Crimée.

L’armée russe a affirmé vendredi 17 juin qu’un peu moins de 7000 «mercenaires étrangers », issus de 64 pays, étaient arrivés en Ukraine depuis le début du conflit et que près de 2000 d’entre eux avaient été tués. « Nos listes, au 17 juin, comprennent des mercenaires et des spécialistes en armements de 64 pays au total. Depuis le début de l’opération militaire spéciale, 6956 sont arrivés en Ukraine, 1956 ont déjà été éliminés, 1779 sont repartis », a annoncé dans un communiqué le ministère russe de la Défense.

Le ministère russe ajoute que la Pologne est le « leader absolu » parmi les pays européens en termes de combattants venus en Ukraine, suivie par la Roumanie et la Grande-Bretagne. Ce communiqué est accompagné d’un tableau du nombre de combattants étrangers classés par nationalités et des pertes enregistrées, selon l’armée russe.

Il assure par exemple que 59 « mercenaires » français, sur 183 venus combattre, ont été tués depuis le début de l’offensive russe. Les pays ayant enregistré selon Moscou le plus de pertes sont la Pologne (378 morts), les États-Unis (214), le Canada (162) et la Géorgie (120).

Depuis le début de l’intervention de Moscou en Ukraine, le 24 février, des milliers de mercenaires étrangers, principalement européens, se sont rendus dans ce pays afin de combattre à côté des forces de Kiev. Les séparatistes pro-russes ont condamné à mort trois d’entre eux, deux Britanniques et un Marocain.

Mais ce qui retient le plus l’attention ces dernières heures a trait à la convocation de l’ambassadeur de la Lituanie à Moscou pour l’informer de la colère russe contre les restrictions à laquelle les Lituaniens soumettent Kaliningrad. Au-delà de la protestation d’usage, Moscou a informé le diplomate lituanien de la ferme volonté de la Russie à sauvegarder ses intérêts suprêmes. Quel qu’en soit le prix !

Paris s’agite

Lors de sa visite à Kiev en compagnie des chefs de gouvernement italien Mario Draghi et allemand Olaf Scholz le 16 juin, le président français Emmanuel Macron a accordé un entretien au 20h de TF1, au cours duquel il a affirmé manitenir les ponts du dialogue avec Moscou jetés. «Il y a simplement beaucoup de gens qui n’ont pas compris ou voulu comprendre que je puisse continuer de discuter avec le président Poutine», s’est justifié l’hôte de l’Elysée après avoir été interrogé sur le sujet. «Je l’ai fait en transparence avec le président [ukrainien] Zelensky, parfois à sa demande. Et je l’ai fait parce que je pense que c’est le rôle de la France», a-t-il ajouté.

Alors qu’on lui demandait s’il envisageait de se rendre à la rencontre du président russe V. Poutine, qu’il avait rencontré quelques jours avant le lancement de l’opération militaire russe en Ukraine, E. Macron n’a pas fermé la porte à l’idée, sans pour autant trop s’avancer. «D’abord se rendre en Russie aujourd’hui supposerait des conditions préalables, c’est-à-dire des gestes du président Poutine. Je ne vais pas [y] aller comme ça», a-t-il affirmé. Il a rappelé qu’il s’entretenait régulièrement avec son homologue russe, notamment sur les questions humanitaires, sur celles des prisonniers ou encore sur la sécurité alimentaire, qui suscite de très grandes inquiétudes pour la stabilité mondiale. «Je pense que si on arrête, nous, de parler à la Russie, au moment où le président russe ne veut pas engager avec le président ukrainien une discussion, nous nous privons d’une option possible», a-t-il encore déclaré, non sans préciser qu’il agirait toujours «en transparence avec le président ukrainien».

Pour avoir affirmé que l’Ukraine ne devait pas céder à la «tentation» de «l’humiliation» envers la Russie, le président français s’était attiré les foudres de Kiev. E. Macron s’est longuement expliqué depuis la capitale ukrainienne à ce sujet, soulignant, le 17 juin selon l’AFP, que ces propos visaient le moment où la guerre serait finie et où il faudrait négocier une nouvelle architecture de sécurité en Europe. Et en attendant, le président français a précisé que la France allait livrer encore six canons Caesar en plus des 12 déjà fournis à l’Ukraine.

L’OTAN se braque

La guerre en Ukraine pourrait durer « des années », a averti le secrétaire général de l’Otan dans une interview publiée dimanche 19 juin par le quotidien allemand Bild, en exhortant les pays occidentaux à inscrire leur soutien à Kiev dans la durée. « Nous devons nous préparer à ce que cela puisse durer des années », a dit Jens Stoltenberg, « nous ne devons pas faiblir dans le soutien à l’Ukraine, même si les coûts sont élevés, pas seulement en ce qui concerne le soutien militaire mais aussi en raison des prix de l’énergie et de l’alimentation qui montent ».

Ces coûts ne sont rien en comparaison de celui payé quotidiennement par les Ukrainiens au front, a jugé le chef de l’Alliance atlantique, cité par l’AFP. En outre, si le président russe devait atteindre ses objectifs en Ukraine, comme lors de l’annexion de la Crimée en 2014, « il nous faudrait alors payer un prix encore plus important », a-t-il estimé.

Il a dans ce contexte exhorté les pays de l’alliance à poursuivre leurs livraisons d’armes à Kiev. « Avec des armes modernes supplémentaires, la probabilité pour l’Ukraine de pouvoir repousser les troupes de (Vladimir) Poutine du Donbass augmenterait », selon lui.

Cette région de l’Est de l’Ukraine est désormais en partie sous le contrôle des soldats russes.

Anatoly Antonov, ambassadeur de Russie à Washington, a déclaré samedi 18 juin que « la fourniture d’armes à l’Ukraine mène à la confrontation entre la Russie et les États-Unis ». Le Pentagone avait la veille publié un rapport sur la quantité et la nature des armements fournis à Kiev.

Dans un article pour Newsweek, A. Antonov a relevé qu’« il est également clair que les Américains sont myopes dans les circonstances actuelles. L’élite locale, obsédée par le désir d’infliger une défaite stratégique à la Russie, fait monter la tension et injecte des armes dans le régime de Kiev. » Et de s’interroger : « Ne réalisent-ils vraiment pas que cette voie vers une confrontation militaire directe entre les deux plus grandes puissances nucléaires est lourde de conséquences imprévisibles ? »

Le diplomate russe a également souligné que les plans américains pour « étouffer la Russie avec des sanctions » sont vains, en précisant qu’« il ne fait aucun doute qu’imposer des restrictions sans réfléchir ne fait qu’aggraver la situation de l’économie américaine. Il est clair que Washington, est en état de frénésie antirusse est prête à se tirer une balle dans le pied et à danser en même temps. Cela semble ridicule ».

L’ambassadeur a souligné que les efforts américains « n’affecteront en rien la détermination de l’armée russe à accomplir les tâches fixées lors de l’opération militaire spéciale pour protéger les habitants du Donbass ». et d’appeler la partie US à cesser de « se berner dans des illusions » concernant la défaite de la Russie, soulignant qu’il n’y a pas d’alternative aux relations pragmatiques entre les deux parties.

Le Pentagone avait publié, la veille vendredi, un rapport sur l’aide militaire américaine fournie à Kiev, notant que depuis le début de l’opération russe son montant s’élève à 5,6 milliards de dollars. Ladite aide comprend plus de 1.400 MANPADS Stinger, plus de 6.500 ATGM Javelin, plus de 20.000 systèmes antichars de différents types, plus de 700 drones Switchblade, 126.155 obusiers millimétriques, 260.000 obus et 108 véhicules de remorquage d’artillerie tactique.

 « Le département américain de la Défense a fourni à Kiev 20 hélicoptères Mi-17, 200 véhicules blindés de transport de troupes M113, plus de 7.000 armes légères, plus de 50 millions de cartouches pour eux et environ 75.000 pièces d’armure et des casques, 121 systèmes aériens sans pilote (Phoenix Ghost) et des missiles de croisière antinavires terrestres (Harpoon) », ajoute le rapport. « L’aide du Pentagone comprenait des équipements de protection chimique, radiologique et biologique, des fournitures médicales, des systèmes de communication sécurisés, des explosifs, des milliers d’appareils de vision nocturne, des services de communication par satellite et un financement pour la formation et la maintenance militaires ukrainiennes », a-t-il précisé.

Recommandé pour vous