Depuis janvier dernier, Israël détruit systématiquement le domicile des Palestiniens accusés d’avoir mené des attaques anti-israéliennes. Le gouvernement défend l’effet dissuasif de cette politique mais ses détracteurs dénoncent une punition collective affectant des familles qui se retrouvent à la rue. Il était presque minuit lorsqu’une soixantaine de jeeps font irruption dans le quartier de Ramallah Tahta, le plus commerçant de la vieille ville, là où se trouvent aussi les cafés et les restaurants. Le bruit des grenades assourdissantes se mêle à celui des pierres jetées sur les véhicules par des jeunes Palestiniens, puis démarre une longue nuit d’affrontements et le quartier se transforme en scène de guerre. Il y a des coups de feu, des feux d’artifices, le son des sirènes des ambulances.
Au moins 35 personnes ont été blessées, 20 à balles réelles dont un journaliste palestinien, visé par l’armée alors qu’il filmait l’opération. Ce type de raid n’est pas courant à Ramallah, ces scènes sont bien plus fréquentes dans des villes comme Naplouse ou Jénine au nord de la Cisjordanie.
L’armée est sur place, assure-t-elle, pour démolir l’appartement d’Islam Froukh, prisonnier palestinien accusé par Israël d’être à l’origine d’un attentat à la bombe dans deux arrêts de bus à Al-Qods, le 23 novembre, tuant deux personnes.
Peu avant 6h du matin jeudi, une détonation retentit : l’armée fait exploser son appartement au premier étage d’un immeuble de quatre. « Une punition collective » pour sa famille, ses parents et ses quatre sœurs qui vivaient ici avec lui, dénoncent les Palestiniens.
« Liste de la honte »
L’Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations unies a appelé Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, à placer Israël sur la liste des responsables de graves violations des droits de l’enfant. Riyad Mansour a lancé cet appel, mardi 6 juin, lors de la Conférence internationale sur la protection des enfants dans les conflits armés, qui s’est tenue à Oslo, capitale norvégienne.
Il a déclaré que l’ajout du nom d’Israël sur la « liste de la honte » de l’ONU, qui comprend les gouvernements et les groupes armés qui commettent de graves violations des droits de l’enfant dans les conflits, aurait un effet dissuasif. L’ambassadeur de Palestine auprès de l’ONU a en outre exhorté les États membres de l’ONU à soutenir cette mesure morale, politique et juridique contre Israël, affirmant qu’il s’agit d’une étape nécessaire et importante vers la protection des droits de l’enfant dans les conflits, rapporte le site iranien francophone PressTV.
En se basant sur cette liste noire, le Conseil de sécurité de l’ONU peut envisager des sanctions contre les parties qui ont commis ces violations et à leur demander de signer et mettre en œuvre un plan d’action des Nations unies pour mettre fin à leurs violations afin d’être retirés de la liste. R. Mansour a prédit que 2023 serait plus meurtrière que l’année précédente en Palestine, citant le meurtre de plus de 20 enfants palestiniens par les forces d’occupation israéliennes en Cisjordanie occupée depuis le début de l’année.
Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a qualifié 2022 d’année la plus meurtrière pour les Palestiniens en Cisjordanie occupée depuis 2006, avec plus de 40 enfants palestiniens tués.
Lundi 5 juin, un petit garçon palestinien Mohammed al-Tamimi, deux ans et demi, est mort à l’hôpital, quatre jours après avoir reçu une balle dans la tête lors d’un raid des soldats israéliens dans le village de Nabi Saleh, près de la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée. Il s’agit du plus jeune Palestinien à avoir été tué par les forces d’occupation en Cisjordanie ces dernières années.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a condamné le meurtre de Mohammad al-Tamimi et la qualifiée de « crime odieux contre l’humanité ». Il a exigé une enquête internationale urgente sur ce crime et d’autres cas d’infanticide en Palestine occupée. « Les responsables politiques et militaires israéliens et les colons doivent être tenus responsables selon toute l’étendue de la loi », a ajouté le ministère palestinien.