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Tension autour de l’Esplanade des Mosquées à Al-Qods : Rien ne va plus entre Amman et Tel-Aviv

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Les relations entre le royaume hachémite et Israël ne cessent de se dégrader. En cause, les affrontements sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem depuis maintenant une semaine. Le roi Abdallah II de Jordanie, chargé de la protection des lieux saints en Palestine, a fermement condamné l’attitude israélienne. Depuis, les tensions s’accumulent et le royaume alerte les autres pays arabes.

Yaïr Lapid, ministre israélien des Affaires étrangères, a déclaré que l’esplanade des Mosquées restera réservé aux musulmans pour les prières et ouvert à la visite pour les autres religions alors que de nouvelles violences y ont éclaté. Israël «ne changera pas» le statu quo sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, selon lequel les musulmans peuvent prier sur ce lieu saint mais pas les fidèles des autres religions, a déclaré le 24 avril le chef de la diplomatie israélienne.

Le gouvernement jordanien organisait jeudi une réunion d’urgence avec le comité interministériel arabe pour élaborer une réponse commune à la crise. Le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, l’Égypte ou encore le Qatar y étaient présents.

L’année dernière déjà, la Jordanie s’était déjà trouvée dans cette position mais la réponse du gouvernement du roi Abdallah II cette semaine diffère par rapport à celle de l’an passé : cette fois-ci, la Jordanie semble adopter une position plus ferme. En témoigne la déclaration du Premier ministre jordanien cette semaine devant le Parlement. Ce dernier a salué l’action des lanceurs de pierres palestiniens contre « les colons sionistes qui souillent la mosquée Al-Aqsa ». Dans la foulée, 76 membres du Parlement ont demandé l’expulsion de l’ambassadeur israélien d’Amman et la suspension de toute relation avec l’entité sioniste.

Tout cela a provoqué la colère des autorités israéliennes qui pourtant ne réagissent pas toujours aux propos du gouvernement jordanien. Naftali Bennett, Premier ministre de l’entité sioniste, a même assuré qu’une « ligne avait été franchie ».

En utilisant des mots forts, le royaume envoie un signe à l’opinion publique. Car plus de la moitié de la population jordanienne est d’origine palestinienne et donc sensible aux combats des Palestiniens de l’autre côté du Jourdain. Vendredi, des milliers de manifestants étaient dans les rues d’Amman en soutien aux territoires palestiniens. En mars, le roi Abdallah a effectué une rapide visite à Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne à Ramallah.

Le gouvernement essaie donc de satisfaire sa population mais aussi de se rattraper auprès d’elle. Car les Jordaniens gardent un souvenir amer de l’accord d’échange eau contre électricité solaire passé en novembre dernier entre le royaume et l’entité sioniste. La signature de cet accord négocié en secret avait déclenché de grandes manifestations dans plusieurs villes du pays. Des protestations qui n’avaient pas fait bouger les autorités jordaniennes.

Le royaume hachémite peut-il cependant aller plus loin que ce qui est fait actuellement ? Difficilement car l’étape suivante serait théoriquement de renvoyer l’ambassadeur d’Israël à Amman, mais les conséquences d’une telle décision pourraient affaiblir le pays. Car la Jordanie reçoit des milliards de dollars d’aide internationale. Ce serait aussi réduire à néant les efforts d’Abdallah II pour améliorer ses relations avec le gouvernement de N. Bennett. L’activité diplomatique entre les deux pays est à son plus haut niveau après des années de glaciation sous l’ère Netanyahu. Au mois de mars par exemple, le président, le ministre de la Défense et des Affaires étrangères israéliens sont tous les trois venus rencontrer le roi de Jordanie. Le royaume hachémite pourrait donc perdre tout le bénéfice de ce rapprochement, en particulier de futures relations économiques avec l’entité sioniste, dont aurait bien besoin le pays.

Le gouvernement d’Abdallah II est donc sur une ligne de crête avec d’un côté la population rejette en bloc toute discussion avec Israël, et de l’autre, une multiplication des accords entre la Jordanie et l’entité sioniste. Il devra alors trancher dans les prochains jours entre ces deux positions.

Après des attaques meurtrières en Israël, dont deux perpétrées par des Palestiniens, puis des opérations musclées de l’armée israélienne en Cisjordanie occupée, des violences ont éclaté à la mi-avril sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, faisant craindre une nouvelle escalade de la violence entre Israël et des mouvements armés palestiniens.

Le 22 avril, plus d’une cinquantaine de Palestiniens ont été blessés dans des heurts sur place avec la police israélienne, qui a indiqué être intervenue après que des jeunes émeutiers ont lancé des pierres depuis l’esplanade vers le Mur des Lamentations en contrebas. Les forces israéliennes «ont permis de sauver des vies», selon Y. Lapid

L’esplanade des Mosquées est située dans la portion orientale, palestinienne, de Jérusalem, occupée depuis 1967 par l’Etat hébreu. Ce lieu saint musulman est administré par la Jordanie, mais son accès est contrôlé par Israël. Le déploiement des forces policières israéliennes sur l’esplanade des Mosquées, et à l’occasion dans la mosquée locale Al-Aqsa, est «justifié» compte tenu des circonstances, a déclaré Y. Lapid. «La police est intervenue car il y avait des centaines d’émeutiers dépêchés par le Hamas et le Jihad islamique», a ajouté le responsable sioniste. «Je crois [que ce déploiement] était justifié car il a permis d’éviter un désastre […] en fait il a permis de sauver des vies», a affirmé Y. Lapid alors que les autorités israéliennes craignent de nouvelles tensions à Al-Qods.

 

 

 

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