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Séisme à Tifnit : Des dizaines de victimes à déplorer

Un véritable tremblement de terre a secoué le paisible village de Tifnit, situé à 40 km au sud d’Agadir, sur la route qui mène à Tiznit. Dépendant de la province de Chtouka Aït Baha, ledit village a été pulvérisé sous les coups des bulldozers encadrés, pour l’occasion, par toute une escouade des éléments des forces auxiliaires.
Séisme à Tifnit : Des dizaines de victimes à déplor

A six heures tapantes, des portes ouvertes à la volée et des citoyens encore embrumés par le sommeil ont été sortis de leurs lits pour être jetés à la rue, manu militari ! Les images tournées par MaghrebTimes, chaine YouTube animée par Reda Taoujni, ont de quoi donner le tournis. Le Pacha, sanglé d’autres représentants des autorités locales, a lui-même supervisé l’opération de démolition de ce paisible village qui a défrayé la chronique en prêtant son décorum à la célébrissime série américaine Homeland. De pauvres pêcheurs qui vivent des largesses de l’Atlantique ont été jetés à la rue. Au même titre que des citoyens paisibles, y compris des étrangers, qui ont acquis des logements dans ce hameau paradisiaque.

L’enfer ! Des femmes en pleurs, des hommes désorientés et des jeunes dépités assistaient, désarmés, au massacre des bulldozers et autres pelleteuses. Peut-on imaginer pareil cauchemar en cette fin d’année pour des dizaines et des dizaines de familles extirpées de chez-elles de force et jetées, sans autre forme de procès, à la rue ? Tout cela paraissait inimaginable il y a une dizaine de jours seulement. Sauf que depuis, les agents de l’autorité avaient investi la zone en délivrant des bouts de papier aux habitants dudit village qui les informent du caractère illégal de l’occupation de ce pan du domaine maritime (voir document ci-après). Un délai de cinq jours leur a été fixés pour qu’ils vident les lieux. Pourquoi et vers où ? Questions demeurées sans réponse. Tout au plus entend-on parler, ici et là, que la zone côtière a été prédestinée à de gigantesques projets touristicoimmobiliers. Aucune explication n’a été fournie aux victimes de cette expulsion sauvage qui marquera à jamais la mémoire de la région.

Les exécutants de cet horrible décision, avalisée par le gouverneur de la province, s’estiment au-dessus de tout pour fournir la moindre explication quant aux implications de cette affaire. A charge pour la rue d’abriter les victimes de cette expropriation. Et d’étaler, au grand jour, leur misère. De quoi perdre le nord dans un pays qui fait grand cas de la démocratie participative. Une notion qui semble se délayer à mesure que l’on quitte Rabat, la capitale administrative. Ni le gouverneur de la province n’a daigné recevoir les représentants du village, aujourd’hui rasé, au point de renvoyer dans le subconscient collectif les images de la barbarie israélienne qui a encore court à Gaza. Ni le pacha n’a jugé bon de rassurer les victimes de cette « expropriation », dont la légalité reste douteuse, en leur proposant une solution alternative. On rase les murs, on déracine des familles entières et tant-pis pour les récalcitrants ! Quant aux élus locaux, mieux vaut ne pas en piper mot tant ils ont brillé par leur absence.

Abdelouahed Laftit, ministre de l’Intérieur, devrait répondre de ce scandale sans nom. Au même titre d’ailleurs que les ministres en charge de l’aménagement du territoire et du tourisme. D’autant que tout projet de développement ayant jeté son dévolu sur une portion du territoire national devrait, impérativement, se soumettre aux fourches caudines de bien des critères. En tête desquels se trouve, bien entendu, l’intérêt de la population du cru. Or dans le cas d’espèce, le seul langage qui a prévalu est celui dévolu aux pelleteuses et à la rudesse de l’intervention des forces de l’ordre. Où en est-on du respect des droits de l’homme ?

Triste fin d’année que celle qui a eu court à Tifnit. Un village qui fut. Avec ses maisonnettes troglodytes collées les unes aux autres. La crainte serait que le parc naturel du Souss-Massa ne soit aussi défiguré que ne l’a été ce paisible hameau qui a vu grandir, depuis trois générations, des ayant-droit livrés à eux-mêmes. Sans loi, ni toit pour les couvrir ! Si c’est de la sorte que le capital se fraye sa place dans le pays, sans foi ni loi, il ne faudrait surtout pas s’étonner de voir la colère, aujourd’hui diffuse, grandir comme les lames de l’Atlantique. Au risque de, qu’à Dieu ne plaise, souffler tout sur leur passage.

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