« Pendant des décennies, les États-Unis ont constamment commis l’erreur stratégique de trop compter sur l’intervention militaire, tout en ignorant systématiquement la diplomatie, sapant les diplomates et les fournisseurs d’aide en faveur de la création d’une armée trop forte et bureaucratique », indique le rapport. Selon le site, « le résultat est une série de blessures auto-infligées, comme au Vietnam, en Irak et en Afghanistan ».
« Nos institutions diplomatiques et notre assistance civile sont brisées et bafouées », ajoute le rapport tout en rapportant que « pire, une grande partie de leur inefficacité est auto-infligée, car le Département d’État a systématiquement rejeté les propositions de réforme et de renforcement, et les a considérées comme des corps étrangers. »
Gordon Adams, professeur de relations internationales, a souligné que « les problèmes au Département d’État sont beaucoup plus profonds que ce qui est discuté dans ce rapport », soulignant que « fondamentalement, le Département d’État ne respecte pas la planification et ne sait pas comment le faire, car la planification stratégique et la gestion des ressources humaines et financières ne sont pas ce qu’on enseigne aux employés du service extérieur ». Il a ajouté que « le ministère de la Défense est une organisation de planification, contrairement au ministère des Affaires étrangères, le Pentagone s’efforcera d’élargir davantage son rôle et sa responsabilité ». Et « les changements spécifiques suggérés par le rapport sur l’Afghanistan ne rendront pas le processus d’évacuation ultérieur mieux organisé ou plus efficace ».
Le rapport a indiqué « qu’en l’absence d’alternative civile forte, la première option américaine restera l’utilisation de la force, et personne, en particulier ce récent groupe d’examen, qui a rédigé le rapport sur l’Afghanistan, ne se posera pas la question de savoir pourquoi nous continuons à entrainer l’armée américaine et ses civils dans de tels bourbiers ».
Le mois dernier, le département d’État US a publié son rapport tant attendu sur le retrait américain d’Afghanistan, qui résume les résultats des décisions qui ont conduit au retrait et critique à la fois les administrations des anciens présidents américains, Donald Trump, et l’actuel, Joe Biden. La version non classifiée du rapport rendue publique plus d’un an après la fin de l’examen des 90 jours d’évacuation, a qualifié le retrait US d’Afghanistan de « mortel et chaotique », notant qu’il « a été fait de cette façon après près de deux décennies de présence militaire ». Sur le terrain, « l’évacuation américaine a été exécutée par les diplomates qui, dans certains cas, n’étaient en Afghanistan que pour quelques jours ou quelques semaines ».
Il convient de noter que « le rapport du département d’État a estimé que les décisions de Trump et Biden de mettre fin à la mission militaire américaine en Afghanistan ont eu de graves conséquences sur la capacité et la sécurité du gouvernement afghan, et que pendant les deux administrations, il n’y avait pas suffisamment d’études à un niveau élevé pour estimer les pires scénarios qui pourraient se produire. »
Fuite de documents
En parallèle, force est de souligner que pendant une dizaine d’années, des millions de documents confidentiels américains ont été envoyés par erreur au Mali. En cause, une faute de frappe dans la saisie de l’adresse mail, censée finir par «. mil » et non par «. ml », comme l’a rapporté The Financial Times relayé par L’Indépendant lundi 17 juillet 2023.
Dans une lettre adressée début juillet au département de la Défense américain, l’entrepreneur néerlandais en charge de la gestion des adresses mail du Mali a expliqué avoir collecté 117 000 mails depuis le seul mois de janvier dernier. Les mails qu’il a pu consulter contenaient des documents sensibles destinés aux militaires américains : dossiers fiscaux, informations diplomatiques ou stratégiques, contrats, rapports d’inspection navale, itinéraires de mission, etc.
L’entrepreneur a rédigé ce courrier afin d’alerter les autorités US sur la menace que peuvent engendrer ces erreurs de destinataire. Et ce d’autant que le Mali a récemment renforcé ses liens avec la Russie, au détriment des relations qu’elle entretenait jusqu’alors avec les États-Unis et l’Union européenne.
Tim Gorman, porte-parole du Pentagone, a indiqué au Financial Times que le ministère de la Défense était « conscient de ce problème » et prenait « au sérieux toutes les divulgations non autorisées d’informations contrôlées par la sécurité nationale ».
Interrogé à ce sujet, Mike Rogers, ex-directeur de l’Agence de sécurité nationale, a également pris la parole pour indiquer que « ce n’est pas inhabituel que des gens fassent des erreurs, mais la question est celle de l’échelle, de la durée et de la sensibilité de ces informations ».