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Rallonges budgétaires et pauvreté galopante : F. Lekjaa a-t-il décortiqué les données du HCP ?

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En attendant de voir de quoi sera faite la copie du projet de budget que l’Exécutif entend faire valoir pour 2023, exercice des plus difficiles au regard du boulet « sécheresse », Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du budget, a fait une sortie annonçant l'ouverture de crédits supplémentaires d'un montant de 12 milliards de dirhams (MMDH) au cours de l'année 2022 au profit du budget général. Cette mesure, explique-t-il, a été dictée par les répercussions d'un contexte mouvementé, marqué par les tensions inflationnistes. Un montant qui parait bien faible au regard des déclassements qui agitent la société. Pas moins de 3 millions renforcent les rangs de la population démunie.

En dépit de l’élan de solidarité nationale qui a accompagné la politique de l’Etat lors de la difficile période du confinement sanitaire, il faut croire que les milliards distribués n’ont pas pu enrayer la spirale infernale qui touche au plus profond la cohésion sociale dans le pays. Les chiffres dévoilés récemment par le Haut commissariat au plan (HCP) ont de quoi rappeler aux uns et autres le caractère inopérant de la politique de « saupoudrage » menée en vue de venir en aide aux pans de la société jugés économiquement vulnérables. Des chiffres qui donnent le tournis !

Le HCP révèle dans une note publiée, mercredi, qu’environ 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté (1,15 million) ou dans la vulnérabilité (2,05 millions) sous les effets combinés de la crise sanitaire liée à la Covid-19 et de l’inflation. Près de 45% de cette détérioration de la pauvreté et de la vulnérabilité est due à l’effet de la pandémie et 55% à l’effet de la hausse des prix à la consommation, précise l’institution dans cette note consacrée à l’évolution des inégalités sociales.

Le HCP déplore ainsi que près de sept ans de progrès vers l’élimination de la pauvreté et de la vulnérabilité ont été perdues. En 2022, le Maroc se retrouve avec le niveau de la pauvreté et de la vulnérabilité de 2014.

Plus, la même institution avait fait valoir, peu de temps avant, que le niveau de vie des ménages a annuellement régressé de 2,2% entre 2019 et 2021 sous les effets de la crise sanitaire liée au covid-19. Comment corriger ces distorsions socio-économiques ainsi dévoilées et qui plus est restent grosses de périls ?

C’est à l’Exécutif qui se présente sous les oripeaux du libéralisme social d’apporter les réponses. D’où l’intérêt que revêt la présentation attendue du projet de budget pour 2023.

En attendant, le gouvernement tente de convaincre en faisant preuve de réactivité. Comme le confirme l’annonce faite par F. Lekjaa. Ce dernier a précisé, lors d’une réunion tenue par la Commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants, que  les crédits supplémentaires mobilisés sont répartis sur plus de 7 milliards de dirhams (MMDH) pour soutenir certains Etablissements et Entreprises Publics, dont la situation financière a été impactée par la hausse des prix des matières premières sur les marchés internationaux, en contrepartie du maintien des prix de leurs services à leurs niveaux actuels afin de préserver le pouvoir d’achat des citoyens.

Ces crédits portent également sur un montant de 2 MMDH pour faire face à la problématique de la viabilité financière de la Caisse marocaine des retraites, 2 MMDH pour régler les promotions pour environ 85 000 fonctionnaires dans le secteur de l’Education nationale, gelées en 2020 et 1 MMDH pour couvrir les dépenses urgentes, compte tenu de l’incertitude du contexte mondial, a-t-il poursuivi.

Le responsable a rappelé, chemin faisant, la prise de décisions rapides et efficaces pour couvrir les dépenses de compensation, en ouvrant des crédits supplémentaires d’un montant de 16 MMDH, dans le but de maintenir les prix de vente du gaz butane, du sucre, de la farine et du pain à leurs niveaux actuels.

S’agissant du secteur public, F. Lekjaa a indiqué que les mesures comprennent le relèvement du salaire minimum à 3 500 dirhams, le relèvement du quota de promotion dans le grade de 33% à 36%, le règlement des dossiers admis dans le secteur de l’éducation nationale, ainsi que l’amélioration de la situation des cadres de santé. Il est également question du soutien exceptionnel aux professionnels du secteur du transport, la relance du secteur touristique, la lutte contre la pénurie d’eau et le paiement des arriérés de la taxe sur la valeur ajoutée. Et d’ajouter que ces mesures ont permis de contrôler le taux d’inflation à 5,8% au cours des huit premiers mois de 2022.

Quoi qu’il en soit, il est loisible de constater que les données révélées par le HCP ont de quoi doucher les ardeurs de l’Exécutif qui, face aux chiffres liés aux déclassements de la population, est appelé à revoir de fond en comble ses « prestations ». Car si l’on excepte l’enrichissement de quelques « moutons noirs », le Maroc a tendance à s’appauvrir davantage. Un processus qui, il ne faut pas être clerc pour en deviner les conséquences, fragilise la paix sociale et porte un coup fatal à la cohésion nationale.

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