M. Simsek, nommé ministre des Finances, fait son retour au gouvernement. Ce banquier qui s’est forgée une carrière internationale a déjà été aux affaires de 2007 à 2018, comme ministre des Finances (2009-2015) ou vice-Premier ministre chargé de l’Économie (jusqu’en 2018), en veillant sur les finances turques.
Dans un contexte de chute de la livre, d’inflation record (jusqu’à 85% à l’automne dernier) et de crise de confiance chez les investisseurs, R.T. Erdogan a choisi de sortir de sa manche cette carte-là. Sauf que M. Simsek qui prône l’orthodoxie monétaire aura fort à faire… d’autant que la principale raison de l’inflation qui taraude le pays est le fruit de l’insistance du président à baisser les taux de la Banque centrale, contrairement à l’avis de nombre d’économistes.
M. Simsek pourra-t-il revenir à des méthodes plus orthodoxes dans un système où le président est le seul décideur ? Pourra-t-il amener plus de rigueur alors que R.T. Erdoğan est déjà obnubilé par les élections locales prévues en mars prochain ? Face à autant d’interrogations, beaucoup doutent de la portée des réformes.Quand bien même l’arrivée de cet ancien économiste de la banque américaine Merrill Lynch devrait rassurer les marchés financiers.
D’autres noms sortent du lot dans ce nouveau cabinet. Hakan Fidan, qui dirigeait depuis 13 ans les services des renseignements turcs MIT, prend la tête des Affaires étrangères à la place de Mevlut Cavusoglu. « C’est le gardien de mes secrets, le gardien des secrets de l’État », confiait ainsi en 2012 le président, en décrivant H. Fidan comme un « fonctionnaire très bien formé ».
Selon une source diplomatique occidentale, H. Fidan est « son homme de confiance depuis des années » et aussi celui qui mène les tractations avec le monde arabe, l’Égypte, les Émirats arabes unis, la Libye et aussi la Syrie avec laquelle le chef de l’Etat tente de renouer via Moscou et Téhéran.
Puis, au ministère de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, jusqu’ici préfet d’Istanbul, remplace Süleyman Soylu. Ce dernier, comme presque tous les membres du précédent cabinet, a rejoint les bancs de l’Assemblée.
Enfin, à la Défense, le chef d’état-major des Armées Yasar Güler succède à Hulusi Akar, lui-même ancien chef d’état-major qui occupait ce poste depuis juillet 2018. H. Akar était considéré comme l’artisan de la résistance au putsch raté de juillet 2016.