Adoptée après une séance publique houleuse, avec davantage de partisans que d’opposants, cette résolution appelle à « dégager la ville de Portland de toutes les entités complices de la crise humanitaire actuelle à Gaza et de l’occupation de la Palestine ». Elle reprend le nom de plusieurs dizaines d’entreprises avec lesquelles la ville cessera de travailler dès la promulgation de la résolution.
Le maire Mark Dion a indiqué qu’il signerait l’acte de promulgation. « Je fais en sorte d’être cohérent avec mes valeurs et de comprendre ce qui est juste et bon. Et je vais voter en faveur de la résolution », a déclaré M. Dion, ex-shérif et membre du conseil avec le droit de vote, suite à la séance publique.
Il a ajouté que, s’il comprenait le « désir de vengeance » d’Israël, il estimait que « notre rôle est de les prendre par le bras et de leur dire : ‘Ca suffit. Ca suffit amplement’. Et de les éloigner. Ce n’est pas loin d’être la plus grande preuve d’amitié : j’ai moi-même des amis au sein de la communauté juive. »
The Jewish Community Alliance of Southern Maine, la fédération juive locale s’est dite « scandalisée et incroyablement déçue » par l’adoption de la résolution. « À l’heure actuelle, nous nous concentrons sur les moyens concrets de nous assurer que la communauté juive de Portland et des environs, dans le Maine, se sente soutenue et en sécurité », a déclaré Ashley Inbar, directrice du développement, à la Jewish Telegraphic Agency. « Nous envisageons tout ce qui est possible pour atteindre ces objectifs. »
L’adoption de ce type de résolution est le signe du pas en avant fait par certaines municipalités face à la guerre à Gaza. Dans les mois qui ont suivi le 7 octobre, plusieurs villes ont adopté des résolutions symboliques appelant à un cessez-le-feu. Aujourd’hui, la décision de Portland et celles, similaires, d’autres villes entendent pénaliser matériellement Israël en raison de sa campagne militaire en le privant de ressources économiques. Ce vote est par ailleurs le signe que les campagnes de boycott, apanage traditionnel des associations étudiantes, gagnent du terrain sur la scène municipale.
La fédération juive, qui avait récemment annoncé l’embauche de son tout premier PDG, avait encouragé ses membres à venir à la réunion pour s’opposer à l’adoption de la résolution. Avant le vote, elle a fait valoir qu’il s’agissait d’un « geste performatif » qui véhicule l’image d’une « responsabilité unilatérale dans ce conflit ». « Nous voulons la paix et la fin de la guerre, mais exiger d’Israël qu’il capitule face au Hamas en lui permettant de reconstruire ses infrastructures terroristes n’est en rien favorable à la paix », a déclaré Inbar lors de la réunion, ajoutant que le conseil municipal était « un organe municipal dépourvu de compétences en matière de droit international ou de politique étrangère » et que « le boycott pourrait avoir des implications économiques négatives pour Portland ».
La résolution a reçu l’appui de la section du Maine de Jewish Voice for Peace, organisation antisioniste, outre la Maine Coalition for Palestine. « Nous sommes indignés et attristés par les atrocités sans fin perpétrées par Israël et soutenons pleinement notre ville qui répond à l’appel au boycott », a déclaré la section Jewish Voice for Peace de l’État dans un communiqué publié sur Instagram.
La résolution mentionne le nombre de Palestiniens tués à Gaza depuis le 7 octobre, ainsi que le nombre de Palestiniens blessés et menacés de famine. « Nous faisons état du fait que des membres de notre communauté sont directement touchés par les violences et notre devoir est d’exprimer nos préoccupations et de prendre les mesures que nous pouvons au niveau local », a déclaré April Fournier, la conseillère qui a parrainé la résolution, lors de la discussion du conseil municipal.
Portland n’est pas la ville la plus peuplée à avoir adopté pareille résolution, contrairement à Richmond ou encore Hayward qui ont adopté des résolutions similaires en début d’année. Mais avec Portland, toute première ville de la côte est à adopter une mesure de boycott d’Israël, c’est la première fois que la principale ville d’un État – et centre de la communauté juive de ce même État – le fait.
Le conseil municipal de Portland avait déjà adopté une résolution favorable à un cessez-le-feu en début d’année. De nombreuses municipalités ont débattu puis adopté des résolutions semblables dans les mois qui ont suivi le 7 octobre, mais les résolutions municipales appelant spécifiquement au boycott d’Israël restent relativement rares.
Le texte de la résolution de Portland comprend une « liste de boycott » de dizaines d’entreprises, allant d’entreprises bien connues comme General Electric, Intel, Boeing, Caterpillar ou Volvo à des organisations basées en Israël comme Israel Bonds ou encore la Banque de Jérusalem ou encore des fabricants d’armes tels que Northrop Grumman.