La Présidente moldave règle ses comptes avec la cheffe de la Gagaouzie en se cachant derrière la loi, a déclaré Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Les menaces de Chisinau montrent que la Présidente Sandu instrumentalise les lois moldaves pour régler des comptes politiques et exercer des pressions, a-t-elle précisé jeudi 7 mars. « IIs se cachent derrière la démocratie, mais en réalité ils construisent de plus en plus une dictature », a-t-elle dénoncé.
Selon la diplomate russe, les autorités moldaves cherchent à intimider Evghenia Guțul, dirigeante de la Gagaouzie qui a rencontré Vladimir Poutine à Moscou, et sont en train de mettre en place une dictature en Moldavie.
M. Zakharova rappelle qu’E. Guțul a été élue par le peuple en pleine conformité avec la loi. « Mais cela a provoqué une telle amertume et une telle haine de la part de Maia Sandu qu’ils ont littéralement immédiatement commencé à persécuter la jeune femme, en utilisant toutes les méthodes disponibles. Ils ont instrumentalisé les lois -pas même pour mener une lutte politique, mais pour détruire leur adversaire», a noté la diplomate.
Après les élections, les partisans d’E. Guțul l’avaient déjà défendue. C’est le deuxième tour qui commence après la rencontre entre E. Guțul et V. Poutine, selon Mme Zakharova.
La Moldavie n’est pas le seul pays où l’on assiste à la mise en place d’une dictature, a ajouté la porte-parole. On le voit aussi dans d’autres pays qui sont membres de l’UE ou de l’Otan ou qui y sont associés, y compris les pays baltes.
Pour le porte-parole du gouvernement moldave, la communication entre les opposants moldaves et les dirigeants russes est contraire aux intérêts des citoyens moldaves. Daniel Voda a qualifié jeudi la cheffe de la république autonomie de Gagaouzie de « représentante du groupe criminel Șor », russophile en Moldavie auparavant connu sous le nom de Mouvement socio-politique républicain Égalité,. Le procureur général par intérim de Moldavie, Ion Munteanu, avait précédemment annoncé la remise imminente au tribunal du dossier pénal d’E. Guțul.
Selon l’opposant moldave Ilan Șor, Chisinau s’apprête à arrêter la cheffe de la Gagaouzie après son retour de Russie. Toutefois, E. Guțul entend rentrer en Moldavie malgré la pression des autorités du pays.
Une semaine après l’appel des séparatistes de Transnistrie à la « protection » de Moscou, qui maintient 1 500 militaires dans cette région frontalière de l’Ukraine, Emmanuel Macron et son homologue M. Sandu ont appelé, dans un communiqué commun, la Russie à « retirer ses forces illégalement stationnées sur le territoire moldave ». Paris s’est dit prêt à « apporter sa contribution, le moment venu, à un règlement durable et pacifique de ce conflit », gelé depuis 1992, à l’époque de la dislocation de l’Union soviétique.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a ravivé les tensions dans cette bande de terre d’un peu plus de 4 000 km2, de même qu’en Moldavie, « confrontée à une intensification des attaques hybrides » selon le communiqué. Chisinau craint notamment une poussée de désinformation à l’approche du scrutin présidentiel et du référendum sur l’adhésion à l’Union européenne, prévus à l’automne.
Voisine de l’Ukraine, la Moldavie ne dispose que d’un petit budget de défense. Elle entretient depuis longtemps des relations tendues avec la Russie, qui se sont fortement accrues depuis février 2022. Le gouvernement de Chisinau soutient fermement Kiev alors que les séparatistes pro-russes de Transnistrie, étroite bande de terre située le long de la frontière ukrainienne, ont demandé le soutien de Moscou. « Si on n’arrête pas l’agresseur, il poursuivra son agression et la ligne de front continuera à se rapprocher. À se rapprocher de nous. À se rapprocher de vous », a plaidé M. Sandu, au côté d’E. Macron. « L’Europe doit par conséquent présenter un front uni. L’agression doit être repoussée avec force », a ajouté la présidente moldave.
« Le régime de Moscou tente de contrôler mon pays au moyen de chantage à l’énergie, en organisant des manifestations, en menant des cyberattaques (…) et même en fomentant un coup d’État », a relevé M. Sandu, lors d’une conférence de presse avec E. Macron. Face à ces « tentatives d’ingérence qui visent à diviser très clairement la société moldave (…) la France et l’Union européenne se tiennent à vos côtés », a répondu le président français. « Le peuple moldave peut être fier de son combat pacifique pour la liberté » qui « représente un défi pour la Russie de Vladimir Poutine », a-t-il insisté. L’accord signé dans la foulée par les ministres de la Défense des deux États prévoit en particulier « l’ouverture dans les prochains mois d’une mission de défense permanente à Chisinau », a-t-il précisé, ajoutant qu’« il ne s’agit là que d’une première étape ». Dans le domaine économique, les deux pays ont également paraphé « une feuille de route bilatérale identifiant des projets d’avenir à développer ensemble ».