Oxford Analytica signale qu’en dépit des efforts des deux pays pour éviter une confrontation armée, la course aux armements et les postures agressives observées de part et d’autre des frontières toujours fermées maintiennent les tensions à un niveau élevé.
Un des principaux facteurs de cette tension demeure la question du Sahara occidental. La fin du cessez-le-feu en novembre 2020, comme l’a annoncé le Front séparatiste du Polisario, a rendu la situation plus instable. Le cabinet rappelle également les incidents sécuritaires survenus en 2021 et 2023, qui ont impliqué des victimes civiles et ont failli déclencher un conflit militaire.
Le calme relatif entre les frères-ennemis repose principalement sur une retenue motivée par l’incertitude des conséquences d’une guerre. Conflagration qui, lit-on dans le « papier » d’Oxford Analytica, « pourrait saper leur crédibilité et leur légitimité, tout en alimentant l’instabilité interne ».
Un autre élément qui contribue à maintenir les tensions est le déséquilibre militaire. L’armée algérienne est nettement plus importante que celle du Maroc, avec un effectif de 520 000 militaires actifs contre 200 000 pour le Maroc, et un budget de défense de 18,3 milliards de dollars en 2023, contre 5,2 milliards pour le Maroc. Cependant, le Maroc bénéficie de l’achat régulier d’armes américaines, de sa coopération avec Israël et de ses avancées technologiques dans les domaines des drones et des systèmes de défense aérienne.
Le cabinet relève qu’en cas de conflit, le Maroc pourrait recevoir un soutien d’urgence des États-Unis, d’Israël et de la France, tandis que l’Algérie reste plus dépendante de la Russie.
La dépendance des deux pays envers leurs partenaires européens et les investisseurs étrangers pourrait également contribuer à éviter une guerre, car un conflit nuirait à leurs efforts diplomatiques et économiques.
Bien que l’administration Biden ait joué un rôle clé dans la prévention de l’escalade des tensions au Sahara occidental en engageant diplomatiquement les deux pays pour maintenir un équilibre, l’incertitude plane sur la manière dont l’administration Trump aurait géré la situation.
L’Algérie et le Maroc restent prudents face à l’impact de la position de l’ancien président américain Donald Trump sur la région. Oxford Analytica indique que, bien que le Maroc espère un soutien continu des États-Unis, notamment après que D. Trump a reconnu sa souveraineté sur le Sahara occidental en 2020, l’Algérie s’efforce de renforcer ses liens avec les États-Unis, exprimant sa volonté de coopérer en matière de sécurité.
Deux scénarios possibles sont envisagés pour la politique américaine future en Afrique du Nord : « Washington pourrait se désengager de la région, jugée d’une pertinence limitée pour ses intérêts, comme Trump l’a fait durant la majeure partie de son mandat ; ou elle pourrait soutenir ouvertement le Maroc, comme le suggéraient la déclaration de décembre 2020 et les déclarations passées de Rubio ».
Bien qu’un conflit direct semble peu probable, l’augmentation des dépenses militaires, la rhétorique agressive et la désinformation sur les réseaux sociaux pourraient exacerber les tensions, ajoute le cabinet. Le Polisario pourrait pousser à des actions plus drastiques, ce qui pourrait entraîner une escalade que l’Algérie devrait gérer avec soin pour éviter une guerre ouverte.
Le rapport conclut sur l’éventuel conflit entre le Maroc et l’Algérie et ses conséquences régionales. Toute guerre pourrait entraîner de nouvelles vagues de migration vers l’Europe et perturber le commerce en mer Méditerranée.