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Liberté de navigation dans la mer Rouge : L’ONU met en garde Sanaa…

L’unanimité n’a pas été atteinte mais, cette fois, aucun veto n’est venu rejeter une résolution liée au conflit Moyen-Oriental : le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé, mercredi 10 janvier, l’arrêt « immédiat » des attaques menées par Sanaa contre des navires en mer Rouge.
Liberté de navigation dans la mer Rouge : L’ONU met en garde Sanaa…

La résolution, préparée par les Etats-Unis et le Japon, a été adoptée par onze voix pour et quatre abstentions (Russie, Chine, Algérie, Mozambique). Elle « condamne dans les termes les plus forts les attaques, deux douzaines au moins, contre les navires marchands et commerciaux depuis le 19 novembre 2023 ». A cette date, les rebelles yéménites se sont emparés du Galaxy Leader, prenant en otage ses 25 membres d’équipage. La résolution « exige que les houthistes mettent un terme immédiat à de telles attaques, qui entravent le commerce international et sapent les droits et les libertés de navigation, ainsi que la paix et la sécurité de la région ». Le Conseil, insistant sur le respect du droit international, « prend note » du droit des Etats membres à défendre les navires contre les attaques.

Depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, entre Israël et le Hamas, les houthis au pouvoir à Sanaa, qui contrôlent une grande partie du Yémen, multiplient les attaques en mer Rouge afin d’y freiner le trafic maritime desservant Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.

Premier allié d’Israël, les Etats-Unis ont mis en place en décembre 2023 une coalition internationale pour protéger le trafic maritime de telles attaques, dans cette zone stratégique où transite 12 % du commerce mondial. Une coalition dénoncée par la Russie : « Nous ne pouvons pas ne pas être inquiets de la situation actuelle en mer Rouge (…) mais nous sommes inquiets que les Etats-Unis et leurs alliés préfèrent comme souvent choisir une solution unilatérale par la force », a ainsi dit Vassili Nebenzia, ambassadeur russe à l’ONU.

La résolution des Nations unies relève aussi les violations à « large échelle » de l’embargo sur les armes visant les houthistes. Elle rappelle à tous les Etats membres de l’ONU de « respecter leurs obligations » à cet égard et « condamne la fourniture d’armes » aux rebelles yéménites, proches de l’Iran.

Selon le dernier rapport des experts mandatés par le Conseil pour surveiller l’embargo sur les armes, daté de novembre 2023, les houthis « renforcent considérablement leurs capacités militaires terrestres et navales, y compris sous-marines, ainsi que leur arsenal de missiles et de drones, en violation de l’embargo ».

Le projet de résolution appelle enfin à « s’attaquer aux racines » de la situation, « y compris les conflits contribuant aux tensions régionales ». La Russie, dont les trois amendements au projet de résolution ont été rejetés, voulait ajouter spécifiquement parmi ces facteurs « le conflit dans la bande de Gaza ». Mais faire ce lien avec Gaza « aurait encouragé les houthistes et créé un dangereux précédent pour le Conseil en légitimant ces violations du droit international », a commenté Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice américaine, s’en prenant au soutien « financier et matériel » de l’Iran aux rebelles yéménites. « Nous ne devons pas négliger la source du problème (…). Nous savons que l’Iran est fortement impliqué dans la planification des opérations contre les navires commerciaux en mer Rouge », a-t-elle assuré, appelant Téhéran à faire « un choix ».

« Nous sommes toujours très inquiets concernant la situation en mer Rouge, non seulement à propos de la situation elle-même, des risques pour le commerce mondial, l’environnement et les gens, mais aussi des risques d’escalade d’un conflit plus large au Moyen-Orient », a déclaré de son côté Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

En réaction, Abdel Malek al-Houthi promet des opérations encore « plus importantes » que celle revendiquée mercredi par son mouvement en cas d’attaque des États-Unis. « Toute attaque américaine ne restera pas sans réponse. Et (la réponse) ne sera pas de l’ordre de l’opération menée récemment avec plus de 24 drones et plusieurs missiles, mais plus importante que cela », a déclaré le responsable dans un discours diffusé par la télévision Al-Massirah. Les forces américaines et britanniques disent avoir abattu mardi soir 18 drones et trois missiles, dans une attaque décrite comme d’une ampleur sans précédent dans la zone.

Le Royaume-Uni et les États-Unis pourraient annoncer une frappe imminente contre les Houthis, selon la presse britannique. Alors que les forces navales françaises « accompagnent » tout au long de leur traversée de la mer Rouge les navires « sous pavillon français ou d’intérêt français », a déclaré jeudi le contre-amiral Emmanuel Slaars, commandant pour la zone. Le contre-amiral a précisé également lors d’un point avec des journalistes que la France travaillait étroitement avec la mission Prosperity Guardian dirigée par les Américains dans la région, via des échanges d’informations et des patrouilles coordonnées, mais le commandement des forces françaises reste entièrement sous le contrôle de Paris, a-t-il dit. L’officier, qui commande également la mission européenne EMASoH de surveillance maritime dans le détroit d’Ormouz, a estimé qu’il y avait toujours besoin d’accroître les capacités militaires dans la région mais que la France n’entendait pas en déployer davantage pour le moment. Selon E. Slaars, les opérations militaires internationales produisent des résultats et 80% des porte-conteneurs continuent de passer par le détroit de Bab-el-Mandeb.

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