Des dizaines de milliers d’Israéliens battaient le pavé, samedi, à Tel-Aviv pour exiger le « deal » avec la résistance palestinienne pour la libération des otages. Les médias israéliens qui assurent qu’il s’agit-là de la plus grande manifestation depuis le 7 octobre, date de l’opération menée par le Hamas contre les colonies de l’enveloppe de Gaza, assurent aussi que le nombre des manifestants a atteint plus d’un demi-million qui exigent de Benyamin Netanyahu l’arrêt de la guerre. Une guerre qui a fait, selon le dernier bilan établi en ce 337ᵉ jour de confrontation par le ministère de la Santé de Gaza, pas moins de « 40 939 martyrs et 94 616 blessés ». La même source a ajouté que « l’occupation israélienne a commis 4 massacres contre des familles dans la bande de Gaza, faisant 61 martyrs et 162 blessés transportés vers les hôpitaux au cours des dernières 48 heures ». Dans la soirée de samedi, les chasseurs et l’artillerie israélienne bombardaient toujours les localités au centre et au sud de l’enclave. Particulièrement à Hay Zeytoun qui vit la 7è incursion de l’armée israélienne, outre la ville de Rafah, à la frontière avec l’Egypte. Des écoles ont été bombardées et des ensembles d’immeubles détruits.
La veille, cinq Palestiniens sont devenus martyrs et d’autres blessés par (les forces israéliennes) lors de l’attaque contre la maison de la famille Qandeel dans la ville de Khan Younès, a déclaré une source du complexe médical Nasser. Cinq autres personnes ont été tuées lorsque l’artillerie israélienne a bombardé la maison de la famille Shehada dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de Gaza, selon une autre source médicale. Des témoins oculaires ont également signalé une intensification des bombardements israéliens dans la bande de Gaza, entraînant davantage de victimes palestiniennes. Tôt vendredi, des sources médicales ont rapporté que 18 Palestiniens, dont quatre enfants, ont été tués lors de frappes aériennes menées par des avions de guerre israéliens dans le centre de la bande de Gaza, dont une frappe qui a touché des tentes installées pour les personnes déplacées dans ce que l’armée israélienne qualifie de « zone humanitaire sécurisée ». les mêmes scènes se poursuivaient samedi. Le blocus en cours de l’enclave a entraîné de graves pénuries de nourriture, d’eau potable et de médicaments, laissant une grande partie de la région en ruines. Israël est accusé de génocide pour ses actions à Gaza devant la Cour internationale de Justice.
William Burns, directeur de la CIA, et Richard Moore, chef du service britannique de renseignement extérieur, ont déclaré qu’ils poursuivaient leurs efforts pour parvenir à un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza. C’est ce qui ressort d’une déclaration commune dans laquelle ils ont souligné la poursuite des efforts visant à parvenir à un accord de cessez-le-feu et à un échange de prisonniers. Ils ont souligné l’utilisation de leurs canaux de renseignement pour progresser afin de « réduire les tensions » à Gaza. Ils ont également souligné qu’un accord de cessez-le-feu à Gaza et un échange de prisonniers « pourraient mettre un terme aux souffrances des civils palestiniens et aux lourdes pertes en vies humaines ».
Les deux responsables ont fait savoir que les services de renseignement des deux pays continuent de travailler « sans relâche » pour parvenir à un accord de cessez-le-feu à Gaza et à l’échange de prisonniers. Les négociations de cessez-le-feu à Gaza ont atteint un stade critique, en raison de l’insistance de B. Netanyahu à poursuivre la guerre dans la bande de Gaza et à ne pas se retirer des axes Netzarim et Philadelphie au centre et au sud de la bande de Gaza, alors que le Hamas s’accroche à la fin de la guerre, le retour des déplacés et le retrait définitif israélien de toute la bande de Gaza.
C’est avec le soutien américain qu’Israël mène une guerre dévastatrice contre Gaza, faisant plus de 135 000 morts et blessés, pour la plupart des enfants et des femmes, et plus de 10 000 disparus, dans un contexte de destruction massive et de famine meurtrière. La campagne militaire a déplacé presque toute la population palestinienne de 2,3 millions de personnes et a conduit à des conditions proches de la famine et à la propagation de maladies.
Yair Lapid, chef de l’opposition israélienne a appelé samedi, à un accord avec le Hamas pour ramener les captifs israéliens de Gaza et mettre fin au conflit en cours. « Conclure un accord, mettre fin à la guerre, reconstruire le pays », a écrit le chef du parti Yesh Atid, dans un post sur X.
Le Premier ministre israélien a déclaré que son armée devait garder le contrôle de la zone frontalière sud de Gaza avec l’Egypte, connue sous le nom de corridor de Philadelphie, une position qui menace de faire dérailler les efforts de cessez-le-feu. Selon les critiques, B. Netanyahu bloque l’accord par crainte de l’effondrement de son gouvernement.
Mickey Levy, membre de la Knesset du Yesh Atid, a déclaré samedi à la radio publique israélienne que « jusqu’en mai, le corridor de Philadelphie n’était même pas sur la table ». Ajoutant c’est « la peur de l’effondrement du gouvernement et la peur du ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite Itamar Ben Gvir et du ministre des Finances d’extrême droite Bezalel Smotrich, qui tiennent Netanyahu à la gorge, sont à l’origine de cette situation.» M. Levy a averti que le maintien du contrôle du corridor de Philadelphie pourrait entraîner la mort inutile de nombreux soldats israéliens.
Un sondage publié vendredi soir par la chaîne israélienne Channel 12 a révélé que 60% des Israéliens estiment qu’il est plus important de parvenir à un accord pour le retour des otages de Gaza que de conserver le corridor de Philadelphie.
L’Égypte, médiatrice dans les négociations de cessez-le-feu avec les États-Unis et le Qatar, a également exigé un calendrier pour le retrait d’Israël du corridor.
Sharon Nir, députée israélienne à la Knesset, a estimé que « l’échec israélien ne s’est pas limité au 7 octobre 2023 car le gouvernement a échoué pendant 11 mois ». La représentante du parti Yisrael Our Home a ajouté dans une interview accordée à la chaîne israélienne Kan : « nous vivons un aveuglement stratégique dont nous devons nous réveiller ». Et rappelé les propos du chef du Conseil régional (Maabaot HaHarmon) du nord, Benny Mobhar, concernant toute une région négligée depuis 11 mois, notant que « le nombre de roquettes lancées depuis le Liban vers le nord , en août dernier, a augmenté 4 fois de ce qu’il était en janvier dernier, pire il s’agit d’un échec qui n’affecte pas le gouvernement ».
Dans le même contexte, Zvi Hauser, ancien président de la commission des Affaires étrangères et de la sécurité de la Knesset, a critiqué dans un entretien à la Douzième chaîne israélienne la concentration du Premier ministre sur l’Axe Philadelphie alors qu’ « Israël est encerclé par une ceinture de forces armées. Le problème est dans le nord, et le problème est le Hezbollah, pas l’axe de Philadelphie. Il est facile pour nous de parler de Philadelphie. » Et d’ajouter qu’« il est regrettable qu’Israël soit géré de cette manière, et il est impensable qu’après 75 ans, Israël touche ce fond ».
Z. Hauser a indiqué que « l’interruption des réunions entre Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant il y a huit mois était déraisonnable », soulignant « qu’Israël n’a pas de stratégie », ajoutant que « tout ce que vous voyez, ce sont des discussions tactiques, et Philadelphie est un événement tactique ».
À son tour, Israel Ziv, ex-chef de la division des opérations de l’armée d’occupation, a déclaré « qu’ Israël n’a pas de stratégie » et qu’il est « comme un navire dont le moteur s’est arrêté et dérive au gré du courant sans objectifs précis ».
Dans une interview accordée à la Douzième chaîne, a affirmé qu’« il y a des pressions dans le nord, ils déplacent leurs forces vers le nord », se demandant « ce qui a été fait pour résoudre le problème de la Cisjordanie », soulignant que « si elle explose, le cœur d’Israël est en difficulté, car les incidents d’explosion se répercuteront à Tel Aviv et partout ».