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Le monde à l’épreuve de la drogue : Les opiacées de laboratoire ont le vent en poupe

Si le cannabis reste la substance la plus consommée de par le monde, les drogues de synthèses, faciles à fabriquer, gagnent du terrain. Quoi qu’il en soit, le nombre de personnes ayant consommé de la drogue en 2021 est en hausse de 23 % sur 10 ans, tandis que celui des personnes souffrant de troubles liés à sa consommation a grimpé de 45 %.
Le monde à l’épreuve de la drogue

Une « production rapide, facile et peu chère ». Voilà ce qui a profondément transformé un certain nombre de marchés de drogues illicites.  Deux substances sont en particulier pointées du doigt dans le rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crise (ONUDD) : le Fentanyl, d’une part. Cet opiacé de synthèse, 50 fois plus puissant que l’héroïne, provoque des ravages en Amérique du Nord. Le Fentanyl produit illégalement est à l’origine de la majorité des 90. 000 décès par overdose d’opiacés. Mais, ce n’est pas la drogue de synthèse la plus consommée au monde. En tête de liste, on retrouve la méthamphétamine, dont la fabrication pourrait augmenter en Afghanistan, l’un des principaux producteurs de la région, prévient le rapport de l’ONUDC. En 2022, la production en Afghanistan a atteint 6 200 tonnes, soit 80 % de la production mondiale estimée (7 800 tonnes), suivi en volume par la Birmanie (795 tonnes). En raison de son interdiction par le gouvernement taliban, la production de pavot à opium devrait baisser. L’Office onusien estime que cela pourrait entraîner une réorientation vers la fabrication de méthamphétamine. 

Les économies illicites de la drogue peuvent prospérer dans des situations de conflit et de faiblesse de l’état de droit et peut, à son tour, prolonger ou alimenter un conflit, comme en Haïti par exemple ou au Sahel. Pour le ministre nigérien de l’Intérieur, Hamadou Adamou Souley, le trafic de drogue alimente l’insécurité au Sahel et procure d’énormes ressources financières aux groupes armes non étatiques. Autre événement susceptible d’étendre le trafic des drogues de synthèses : la guerre en Ukraine du fait notamment « du savoir-faire existant et du développement important dans la zone ». Le conflit perturbe au contraire les routes du trafic d’héroïne et de cocaïne. 

Le rapport s’alarme par ailleurs des conséquences sur l’environnement de l’économie de la drogue. Dans le bassin amazonien, la culture de coca, avec une « offre toujours record » et des « réseaux de plus en plus agiles », « aggrave les activités criminelles » comme la déforestation illégale et le trafic d’espèces sauvages. L’impact direct de la culture de la coca est « minimal », précise le rapport. Mais, elle peut agir comme « catalyseur » de la déforestation. Cela étant, ces derniers mois, le prix de la feuille de coca en Colombie, premier producteur mondial de cocaïne, a chuté. Mi-mai, les dirigeants de la communauté Olaya Herrera indiquaient que le prix du kilo de pâte de coca est passé d’une moyenne de 695 à 440 dollars. Piste avancée par le président Gustavo Petro pour expliquer la baisse de la demande : le fait que « les Nord-Américains ont changé leur consommation ». 

La consommation de cocaïne est décrite comme « assez répandue » en Afrique de l’Ouest et au Sahel et semble en hausse avec 300 tonnes de cocaïne qui transitent chaque année. 

Selon l’ONUDC, une grande partie des personnes traitées pour des troubles liés à la consommation de drogue en Afrique sont jeunes, 70 % ont moins de 35 ans. La plupart consomment du cannabis ou des opioïdes. Des consommations qui ont des conséquences croissantes, avertissent les Nations unies, tant sur le plan psychosocial, qu’économique et sanitaire, même si les données fiables manquent encore, pour évaluer les tendances de consommation.  « L’Afrique a longtemps été considérée comme une simple zone de transit, contribuant à l’invisibilisation des usagers de drogues », estime l’ONUDC qui dit qu’il faut accentuer la prévention et l’accès aux soins, pour ne laisser personne de côté et pour ne pas favoriser de nouveaux marchés pour les trafiquants. 

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