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Inflation et renchérissement des cours du pétrole : J. Biden pompe dans les réserves stratégiques US

Confronté à une inflation record minant sa popularité, le Président américain va puiser comme jamais dans les immenses réserves de pétrole de son pays pour tenter de juguler la flambée des prix à la pompe.

Joe Biden a ordonné de puiser 1 million de barils par jour dans les réserves stratégiques de pétrole pendant six mois, une initiative « sans précédent » dans l’histoire US, a annoncé la Maison Blanche le jeudi 31 mars. La perspective de ce déversement record d’or noir américain faisait déjà baisser les cours jeudi à Londres comme à New York, d’environ 5 %.

Cette initiative doit, selon un communiqué de l’exécutif américain, servir à « faire la transition jusqu’à ce que la production (américaine) augmente en fin d’année ». L’administration américaine utilisera les revenus tirés de la vente de ces réserves pour reconstituer les stocks « dans les années à venir ». Les réserves stratégiques US de pétrole ont été créées en 1975 pour contrecarrer les chocs pétroliers. Enfouies dans d’immenses cavernes de sel allant jusqu’à 800 m de profondeur le long de la côte du golfe du Mexique, elles peuvent emmagasiner jusqu’à 714 millions de barils d’or noir mais comptent actuellement 568 millions de barils.

La Maison Blanche, à laquelle l’opposition républicaine reproche de plomber l’activité pétrolière aux États-Unis, promet de « faire tout ce (qu’elle) peut » pour encourager l’extraction sur le territoire américain. J. Biden demande par exemple désormais au Congrès d’imposer des amendes aux entreprises qui disposent des permis et des terrains nécessaires, mais qui ne les exploitent pas.

Toujours dans l’idée de renforcer l’indépendance énergétique US, le président va invoquer le « Defense Production Act », texte hérité de la Guerre Froide qui lui permet de prendre des décisions économiques par décret, pour encourager le développement des énergies vertes.

Le président démocrate de 79 ans tente depuis l’intervention russe en Ukraine de faire porter le blâme de la flambée de l’inflation au président russe alors même que la hausse des prix avait commencé avant. Mais cette rhétorique ne semble pas convaincre les Américains, alors qu’approchent des élections législatives à l’automne qui menacent de réduire J. Biden à l’impuissance pour le reste de son mandat. Sa cote de confiance dépasse à peine les 40 %, selon divers sondages, un niveau très bas.

L’administration américaine puise déjà de façon continue dans ses réserves stratégiques depuis l’automne, lorsque la hausse des prix du pétrole s’est installée: elle avait annoncé en novembre vouloir débloquer 50 millions de barils, puis de nouveau 30 millions début mars.

Selon le dernier indicateur d’inflation en date, l’indice PCE publié jeudi par le département du Commerce, les prix à la consommation ont continué leur escalade en mars aux États-Unis en progressant de 6,4 % sur un an et 0,6 % sur un mois.

À l’approche des élections législatives de mi-mandat, la Maison Blanche a fait de la lutte contre cet emballement des prix, jamais vu depuis les années 1980, l’une de ses priorités. Puiser encore plus dans les réserves stratégiques peut aider mais « le marché est actuellement inondé des nouvelles faisant bouger les prix à la hausse ou à la baisse », rappelle l’expert John Kilduff.

L’initiative de l’administration Biden aurait d’autant plus d’impact si « d’autres pays montent aussi au créneau », souligne le spécialiste en regrettant que les membres de l’Opep + « ne bougent pas pour l’instant le petit doigt ».

Les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par Ryad, et leurs dix alliés conduits par Moscou (Opep +), ont de fait convenu jeudi d’une nouvelle ouverture de leurs vannes d’or noir mais très modeste : de l’ordre de 432 000 barils par jour pour le mois de mai. La communauté internationale avait pourtant multiplié les appels pour qu’ils pompent plus allègrement et ainsi calment la volatilité des prix.

Le pétrole a en effet tutoyé le 7 mars ses records historiques de prix atteints lors de la crise financière de 2008, dépassant les 130 dollars le baril avant de redescendre entre 100 et 110 dollars actuellement. Le prix de l’essence à la pompe aux États-Unis a dépassé son pic de 2008, bien au-dessus de 4 dollars le gallon (3,78 litres).

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