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Guerre fratricide au Soudan : L’Egypte mobilise les pays limitrophes

Les présidents érythréen, tchadien, libyen, sud-soudanais, centrafricain ainsi que le Premier ministre éthiopien ont fait le déplacement au Caire jeudi. Ce sommet des sept pays africains frontaliers avec le Soudan a pour objectif d'aboutir à une position commune sur la crise au Soudan.
L’Egypte mobilise les pays limitrophes

Un mécanisme ministériel pour chercher à parvenir à une trêve a été créé par le sommet du Caire. Il tiendra sa première réunion au Tchad et sera chargé d’entrer en contact direct avec les parties du conflit soudanais.

Le communiqué appelle à un cessez-le-feu permanent et demande l’ouverture d’un dialogue politique national. Il souligne la nécessité d’empêcher un effondrement de l’État soudanais et demande le respect de la souveraineté soudanaise. Il rejette une intervention étrangère dans un conflit interne.

Le sommet exprime, par ailleurs, la préoccupation des participants face à la détérioration de la situation humanitaire et à la crise des réfugiés qui dépasse les moyens des pays voisins menacés de déstabilisation. Le communiqué réclame une livraison accélérée de l’aide économique et humanitaire promise par la communauté internationale pour venir en aide au Soudan et aux pays voisins.

Ces pays ont tous, à des degrés différents, subit les répercussions de la guerre au niveau : sécuritaire, économique et social. En premier lieu, des milliers de réfugiés affluent dans les zones frontalières. En tout, ils seraient 700 000 Soudanais à avoir rejoint les pays limitrophes.

En organisant ce sommet, l’Égypte cherchait aussi à reprendre l’initiative sur la scène régionale et africaine. Le pays ambitionne clairement de rejouer un rôle central dans la région perdue depuis plusieurs décennies. Ainsi, Le Caire espère réussir là où la médiation saoudo-américaine et le sommet de l’Igad ont échoué ces dernières semaines.

Ce sommet du Caire intervient à un moment très délicat. La guerre soudanaise entame son quatrième mois, entre dans une nouvelle phase très violente et prend un tournant très dangereux. Les deux camps de la lutte sont en train d’armer des centaines de civils. L’ONU a mis en garde contre une « guerre civile globale ».

Le conflit qui fait rage depuis près de trois mois a forcé plus de trois millions de personnes à fuir leur foyer, a indiqué l’ONU mercredi. Le nombre de personnes ayant fui à l’étranger les combats au Soudan avoisine les 724 000 tandis que celui des déplacés dans le pays dépasse les 2,4 millions, selon le portail de données en ligne de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence de l’ONU. « Nous avons dépassé le chiffre de trois millions de personnes déplacées en raison du conflit au Soudan », a déclaré à l’AFP Safa Msehli, porte-parole de l’OIM. « C’est plus qu’un simple chiffre. Il s’agit de personnes qui ont été déracinées, qui ont fui pour sauver leur vie, de familles qui ont été séparées et d’enfants qui ne pourront plus aller à l’école », a-t-elle ajouté.

L’Egypte et le Tchad sont les pays qui ont reçu le plus grand nombre de personnes fuyant les violences au Soudan. Le nombre réel de personnes ayant fui le pays est très certainement plus élevé que le chiffre donné par l’OIM, car le nombre d’arrivées en Egypte – près de 256 000 – remonte au 18 juin.

Le conflit oppose depuis le 15 avril l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo. Autrefois alliés, les deux généraux se disputent désormais le pouvoir et semblent déterminés à l’obtenir par les armes.

La guerre a plongé le pays – parmi les plus pauvres du monde – dans le chaos. Mais alors que les besoins humanitaires de la population et des personnes fuyant les violences augmentent, les agences humanitaires se plaignent du manque de générosité de la communauté internationale.

Mardi encore, Pierre Honnorat, responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) au Tchad, a expliqué à Genève, par visioconférence, que l’appel de fonds était nettement sous-financé par rapport aux besoins. « Les gens traversent la frontière en courant, blessés, effrayés, avec leurs enfants dans les bras et avec uniquement les vêtements qu’ils portent sur eux. Ils ont besoin de sécurité et d’aide humanitaire », a-t-il dit.

Par ailleurs, la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une nouvelle enquête pour crimes de guerre au Soudan, a annoncé jeudi son procureur, soulignant que l’escalade de violence dans le pays suscite une « grande préoccupation ». Dans un rapport au Conseil de sécurité de l’ONU, le bureau du procureur Karim Khan confirme avoir « ouvert une enquête sur les incidents survenus dans le contexte des hostilités actuelles ».

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